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ROBE ; c'est l'enveloppe de certains fruits. Les noisettes, les avelines, le gland, &c, ont à l'extérieur une espèce de surtout qui les renferme & les couvre comme une robe.

ROMPRE ; ce terme se dit des arbres qui ont des branches si chargées de fruits, qu'elles sont prêtes de se casser ou de rompre, si on ne les soutient point par des tuteurs ou fourches fichées en terre.

ROUILLE ; c'est une maladie des arbres & des plantes qui leur cause des tâches livides de la couleur de la rouille du fer. Les arrosemens faits avec des eaux trop dures & trop crues de puits fort profonds, & qui sont trop froides ou qui ont passé par des bancs de pierre tendre ; les humidités froides & les pluies démesurées, enfin le contraste du chaud & du froid, sont autant de causes de la rouille.

Les parties d'une plante attaquées de la rouille ne croissent plus.

La rouille attaque plus ordinairement les fruits à pépins & beaucoup de plantes potagères ; elle se manifeste sur les pousses & les feuilles. Cette maladie n'attaque point la tige & le corps de la plante.

Cette maladie a souvent les mêmes principes que la jaunisse : on doit donc y appliquer les mêmes remèdes.(Voyez Jaunisse).

Souvent aussi la rouille vient du dégât des insectes, & sur-tout des limaces qui broutent les bourgeons tendres pendant la nuit. Il faut dans ce tems leur rendre visite & les détruire, ou, dès le matin à la rosée, les chercher sur leurs traces argentines.

ROULEAU. Le rouleau est un instrument d'une grande utilité en agriculture ; mais, dans la plupart des cantons, il est trop léger pour qu'on en retire tous les bons effets qu'il peut produire. Le rouleau se fait de pierre, de fonte, de fer & de bois : chacune de ces espèces a ses avantages : on conseille ceux de bois, mais construits de la manière suivante : Prenez un corps d'arbre long de six pieds dix pouces ou sept pieds ; plus il aura de grosseur, meilleur il sera ; il faut qu'il soit aussi arrondi qu'il se peut. Entourez ce rouleau de trois rangs de jentes, l'un au milieu & les deux autres aux extrémités. Couvrez ces jentes avec des planches de bois, qui aient la même longueur que le rouleau, & assez étroits pour faire une surface comme la font les douves de tonneau. Attachez-les toutes ensemble avec des anneaux ou cercles de fer. Le hêtre est le meilleur bois pour cet usage, à cause de sa dureté. Le rouleau ainsi monté doit avoir trois


pieds dix pouces de diamètre. Il aura une double limonière pour deux chevaux de front qui suffisent dans les terrains plats ; mais, s'ils sont montueux, il en faut quatre. Le rouleau avec ses limonières pèsera environ deux mille. La grandeur de son diamètre le rend facile à mouvoir malgré son poids.

Les effets du rouleau employé comme il faut, sont importans ; d'abord, il rend plus serrée, plus compacte la terre qui est lâche & sans liaison : ce qui favorise la levée & l'accroissement des plantes, en faisant toucher & presser les racines par la terre. La terre comprimée conserve plus d'humidité ; le soleil ni l'air sec n'y pénétrant pas si facilement, il n'y a point à craindre que la terre soit endurcie ou rendue trop compacte. Dans une saison sèche, l'usage ou l'omission du rouleau peut faire, pour les terres légères, la différence d'une bonne récolte ou d'une mauvaise récolte.

En troisième lieu, passer le rouleau sur les terres qui viennent d'être semées en foin, favorise sa levée ; & il y a lieu de croire que de passer le rouleau sur les fromens, augmenteroit la quantité de la paille.

On fait usage d'un plus petit rouleau, pour écraser les mottes dans les terres où on a dessein de semer de l'orge. Quand on ne peut pas les faire rompre avec des maillets, parce que cela est trop coûteux, ou qu'on manque de monde, si on veut employer le rouleau pour donner cette façon, on traîne d'abord la herse, qui rompt en partie les mottes ; & après avoir laissé la terre sécher un ou deux jours, on passe le rouleau, qui réduit en poussière le reste des mottes. Ces façons ne tiennent cependant pas lieu de celles qui se donnent avec le gros rouleau, dont l'effet est de rendre le terrain plus compact & de le préserver d'éprouver aussi profondément la sécheresse de l'été. Un rouleau de pierre long de quatre pieds, qui a quinze pouces de diamètre, & est tiré par un seul cheval, est suffisant pour rompre les mottes des terres qui ne sont pas très glaiseuses. Mais, pour ces dernières terres, il en faut un fait d'une autre manière, quoique sur les mêmes dimensions que celui de pierre ; il faut y attacher, dans sa longueur, de cinq en cinq pouces, des rondelles de fer, épaisses de six pouces, qui rompront les mottes les plus dures. Ces rondelles seront applaties du côté du bois, & en couteau du côté extérieur qui porte sur terre : ce qui divisera les mottes les plus dures, & les émiettera. Cette façon sera très-avantageuse pour les terres glaiseuses.

À ce qui a été dit ci-dessus de l'usage du rouleau, on doit ajouter ici qu'il est important de le passer au mois d'avril sur les terres lâches