Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AME AND 3


les allées ; leur terre se trouve toute être portée pour substituée à celle qui est usée ; ce qui évite beaucoup de dépense pour le transport.

ALONGE. On nomme ainsi le brin de jonc ou d'osier avec lequel on attache les branches ou les bourgeons trop courts, tant au palissage d'hiver qu'à celui d'été. Presque tous les jardiniers qui, dans l'hiver, palissent avec l'osier, l'attachent par le petit bout à la branche, & par le gros bout au treillage. La branche ainsi attachée grossit, l'osier coupe la peau, entre dans l'écorce & s'y incorpore au point qu'on ne peut plus l'en tirer. Il faut donc, au contraire, choisir le gros bout de l'osier pour lier la branche & le petit bout pour l'arrêter au treillage. Pareillement les jardiniers, dans le palissage d'été, font un nœud coulant au bout du bourgeon qui n'est pas encore assez-long pour atteindre au treillage : mais la peau tendre de ce bourgeon est bientôt entamée par le jonc, qui ferre avec d'autant plus de force que la ligature est plus tendue.

Au contraire, en mettant le jonc double par le gros bout, on est sûr qu'il n'entamera point l'écorce du bourgeon, sur-tout si on place la ligature non pas à l'extrémité du rameau, mais en -deçà, dans l'endroit le plus fort.

ALONGER ; c'est donner aux arbres, en les taillant, toute l'étendue qu'ils doivent avoir, selon leur grosseur & leur vigueur.

AMANDIER. Cet arbre est le sujet le plus propre à recevoir les greffes des pêchers & autres fruits à noyau. On multiplie les amandiers d'amandes semées, & l'on greffe ensuite les espèces rares sur les plus communes. En automne, lorsque les amandes font mûres, on les met partie dans du sable, où elles germent pendant l'hiver ; on les plante ensuite au printems, sans leur rompre la radicule, suivant un assez mauvais usage, afin qu'elles produisent un pivot. L'amandier croît très-promptement, & souvent il est bon à greffer l’année même que sa semence a été mise en terre.

AMENDER ; c'est engraisser les terres par des fumiers & des engrais, afin d'y occasionner une végétation convenable, & de la perfectionner. On amende, ou l’on fait l’amendement avec toutes les choses qui peuvent engraisser ou féconder les terres. Tels sont le fumier, le terreau, la marne, les cendres, les terres nouvelles, & toutes les parties des animaux qui contiennent quantité de parties volatiles propres à la végétation, lorsqu'elles ont été décomposées par la putréfaction. Les amendemens donnent aux plantes un surcroît


de vigueur, & les rendent beaucoup plus vivaces ; ce qui s'annonce par leur verdeur & par la plus grande quantité de leurs fruits, ou de leurs grains.

AMEUBLIR la terre ; c'est la rendre douce, maniable ; c'est la diviser & la mettre en quelque sorte en miettes, en la labourant, la remuant souvent, en brisant les mortes, ôtant les pierres, & ne laissant ni fentes, ni croûtes. Plus les molécules de terre sont divisées, en sorte que le sol ressemble presque à de la poussière, plus les végétaux sont à portée d'étendre leurs racines or de se fortifier en toutes manières. Les neiges, les pluies d'hiver & la gelée contribuent beaucoup à ameublir une terre qui a été mise en mottes par les labours d'automne. Les rayons du soleil & la grande chaleur atténuent aussi en d'autres faisons les terres qui ne sont pas trop humides et argilleuses. Il est important d'ameublir profondément la terre.

AMPHITHÉÂTRE. Dans les jardins, on nomme ainsi un terrain élevé, dont l'étendue est distinguée par des espèces de degrés qui sont ordinairement couverts de gazon.

AMPUTATION ; c'est, dans le jardinage comme en chirurgie, le retranchement fait au corps de l'arbre avec le fer.

AMUSER la sève ; expression heureuse des jardiniers de Montreuil, pour signifier qu'il faut, dans certains cas, laisser à un arbre fruitier plus de bois & de bourgeons que de coutume. Par exemple, lorsqu'un arbre a un côté plus fort que l'autre, & qu'il ports des gourmands ; alors, pour amuser la sève, on taille plus long le côté vigoureux & plus court le côté maigre, & on alonge beaucoup les gourmands, afin de laisser consumer par-là le trop de sève. On est tenté de critiquer ces pousses superflues, quand on ne sait point qu'elles ont été épargnées à dessein & qu'on doit les retrancher par la suite, lorsque l'arbre sera devenu en quelque sorte plus sage.

ANALOGUE ; ce terme exprime, en jardinage, ce qui peut s'allier, s'unir, s'identifier même avec une autre substance. Ce rapport est sensible entre les sucs de la terre & les parties des plantes. On dit qu'il y a de l'analogie entre une greffe de poirier & une branche de coignassier, mais qu'il n'y a pas d'analogie entre une branche de pêcher ou d'amandier, & une branche de poirier ou de pommier.

ANDROGYNE, hermaphrodite ; ou qui participe des deux sexes. On appelle plante androgyne celle qui réunit les deux sexes sur le même


A 2