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connoissance de toutes les choses nécessaires au labour. Il seroit même à propos qu'il eût mené autrefois la charrue, il connoîtroit mieux les tems convenables aux différens ouvrages de la campagne. Quoi qu'il en soit, il doit donner son application à l’agriculture, & aux choses qui regardent le ménage & l’œconomie car, s'il les ignore, il faut de nécessité qu'il s'en rapporte à la bonne foi d'un fermier qui souvent s'étudiera à le tromper & à dégrader ses terres ou sa ferme. Comme il y a des ouvrages plus nécessaires les uns que les autres, c'est n'entendre qu'imparfaitement le ménage des champs que de ne pas profiter des tems de pluie, de neige ou de frimats pour faire mettre en bon état généralement tous les instrumens qui sont à l’usage soit du labour, soit du jardin, & avoir une bonne provision d'outils, toujours prêts à être mis en usage, afin que quand les jours sont beaux, on ne consomme point son tems inutilement à ces occupations.

Le mauvais tems est encore celui qu'on doit choisir pour faire curer les étables, tondre les haies après que la pluie est passée, arracher les épines qui nuisent dans les prés, &c.

OIGNON ; ce terme se dit des racines bulbeuses de quelques fleurs, comme les tubéreuses, les lys, les tulipes. Leur conservation exige qu'on les lève de terre tous les trois ans ; on les étale ensuite sur une table pour les ressuyer, avant que de les mettre dans un panier qui reste suspendu au plancher tout l’hiver.

ŒIL DORMANT ; (greffe à) c'est la greffe la plus usitée qu'on fait en juillet, août & septembre, laquelle ne pousse qu'au mois de mars suivant. Cette greffe, aussi appellée en écusson, est nommée à œil dormant, parce qu'elle semble, dit Schabol, dormir durant l’hiver.

ŒILLETONS ou Petits yeux. Les œilletons font en effet de petits yeux qui passent de la souche d'une plante, qui en sont les rejettons, & qui peu-à-peu grossissent & s'allongent. Ces espèces de boutons naissent au pied des plantes, percent la terre, & forment de petites souches autour du maître-pied.

Ces œilletons peuvent être replantés. Les bons œilletons doivent avoir quelques filets de racines il faut que les œilletons d'artichaux aient au moins un bon pouce de grosseur.

ŒILLETONNER ; c'est ôter ces espèces de boutons qui naissent aux pieds des plantes. On œilletonne les artichaux, les œillets & autres plantes, parce que si l'on leur laissoit tous ces


œilletons au maître-pied, il ne pourroit les nourrir tous, & ils avorteroient.

OLÉAGINEUX ; qui tient de la nature de l'huile, ou dont on peut tirer de l’huile. Les noix, les olives, les amandes sont des fruits oléagineux. Les pins, les sapins, dont on tire de la résine & de la térébenthine, sont des bois oléagineux.

ONGLET ; c'est le bois mort restant de la coupe d'une branche, laquelle n'a pas été faite assez près de l'œil ou de la branche. L'onglet empêche que la sève ne puisse recouvrir la plaie de la coupe faite à la branche. On ne doit pas laisser de ces sortes d' onglets, sous prétexte de les abattre l’année suivante ; outre que c'est faire deux plaies pour une, c'est reculer d'autant le recouvrement de la plaie.

ONGUENT SAINT-FIACRE ; c'est l'emplâtre fait avec la bouze de vache, ou le terreau gras, ou la terre grasse, ou même la terre du lieu ; cet onguent, employé par les jardiniers pour les plaies des arbres, a été ainsi nommé parce qu'ils prenoient S. Fiacre pour leur patron.

On assujettit cet emplâtre, quand il est un peu grand, avec du vieux linge & de la ficelle.

OPÉRATION ; terme de jardinage. C'est l’action méthodique de la main du jardinier sur les parties d'un arbre, pour lui conserver ou lui rétablir la santé.

ORANGER. Il faut suivre, pour la culture de cet arbre précieux, la doctrine de Roger Schabol, que nous allons rapporter ici d'après ses Elémens du jardinage.

« Les orangers demandent une terre qui leur soit propre ; voici sa composition : moitié terre de taupinière des bas prés, un huitième de crottin de cheval ; un huitième de fumier de vache bien consommé ; un huitième de poudrette ou terreau de matière fécale ; & enfin, un dernier huitième de crottin de mouton, qui aura été précédemment consommé avec du gazon, sinon le crottin de mouton sera mêlé avec de la terre franche.

« Il faut que toutes ces matières reposent au moins un an ensemble, afin que les sucs se mêlent : on les broie bien toutes, ce qu'on recommence avant de s'en servir ; & pour rendre cette terre plus meuble, on la passe par une claie dont les jours soient petits, & on froisse les petites mottes & les grumaux, pour faire passer le tout, ou pour n'omettre aucun de ces ingrédiens ; mais


Art aratoire.

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