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JEUNE DES ARBRES ; c'est une invention nouvelle, dit Schabol, pour empêcher qu'un arbre ne s'emporte tout d'un côté, tandis que l'autre côté ne profite point, & au contraire dépérit. On y remédie en ôtant toute la nourriture & la bonne terre au côté trop en embonpoint, mettant à la place de la bonne terre, de la terre maigre, ou du sable de ravine, pendant qu'on fume bien & qu'on engraisse bien le côté maigre ; de plus, on courbe un peu forcément toutes les branches du côté trop gras, & on laisse en liberté entière le côté maigre. Voilà ce qu'on appelle faire jeûner les arbres, & leur faire pratiquer l’abstinence & la diète ; c'est ainsi encore que, sans tourmenter les arbres qui ne se mettent pas à fruit, sans leur couper les racines, & les mutiler en cent façons différentes, on parvient à leur faire porter fruits.

INCISION dans le jardinage ; c'est l’ouverture faite à la peau d'un arbre. Il est une infinité d'occasions dans le jardinage de faire des incisions aux arbres soit pour des chancres, des tumeurs, des contusions, des plaies diverses qu'il faut raviver ; soit des entailles à pratiquer pour faire évaporer la sève, quand un arbre ne pousse point de la tige à proportion de la greffe & de la tête ; &c. mais jamais d' incision sans l’emplâtre d' onguent S. Fiacre. (Schabol.)

On dit incision latérale, longitudinale, transversale, courte, ou longue, totale, ou d'une partie, grande ou petite, profonde ou superficielle, & de largeur seulement, le tout suivant les cas particuliers où les incisions ont été pratiquées.

INCUBATION ; action de couver. On nomme fours d' incubation ceux auxquels on procure, par le moyen du feu, une chaleur égale à celle que les poules donnent aux œufs qu'elles couvent.

INDIGENE ; on donne ce nom aux plantes naturelles au pays dont on parle. Les plantes d'un autre pays sont appellées exotiques.

INFIRMERIE. Les jardiniers donnent ce nom à un endroit séparé & à l’ombre, où l’on tient, pendant quelque tems, les plantes & les arbres nouvellement ernpottés & encaissés. On y place pareillement les arbres malades & ceux qui ont souffert quelque opération.

INFLUENCE ; c'est l’action de l’air & du soleil sur la terre & sur les êtres organisés qu'elle renferme ou qui la couvrent. La terre est le théâtre où s'opèrent tous les grands mystères de la végétation par le concours des influences d'en haut ; elle est la matrice qui reçoit dans son sein toutes


ces mêmes influences pour les transmettre ensuite dans les végétaux, à chacun suivant sa façon d'être.

Il y a deux sortes d'influences ; des bénignes, telles que les rosées fécondes, les pluies humectantes ; &c. des malignes, savoir : des vents roux, des brouillards vermineux apportant les œufs de quantité d'insectes, & des graines de mauvaises herbes dont l’air est le colporteur & le distributeur.

INGRAT ; (terrain) c'est un terrain qui, malgré une bonne culture, ne donne que de mauvaises productions.

INHÉRENT ; on exprime par ce mot, dans le jardinage, une qualité accidentelle qui est jointe à un sujet & qui lui est sur-ajoutée.

Ainsi le blanc ou le meunier est une espèce de lèpre qui étant inhérente au pêcher, rend tout blancs d'une forte de duvet la peau, les feuilles & les fruits. La jaunisse est pareillement inhérente aux arbres infirmes ; ces maladies sont inhérentes, au lieu que les mousses & les semences d'insectes sont simplement adhérentes aux arbres.

INNÉ. On nomme chaleur innée, celle renfermée dans les entrailles de la terre & qui est le principe de la végétation.

Cette chaleur innée concourt avec celle du soleil pour agir dans les plantes.

INOCULATION ; sorte de greffe inusitée & qui réussit très-rarement. Elle se fait en appliquant l’écusson de manière que son œil soit exactement sur la place où il y en avait un avant l’incision.

INSECTES, & autres ennemis des végétaux. Ces ennemis sont, les pucerons, les fourmillières, sur-tout celles de dessous terre, qui sont de fourmis jaunes, les punaises des deux espèces, les tigres appellées agathes dans quelques provinces, les perce-oreilles ou fourchettes, les limaçons-escargots (ou à coquilles), les limaces, les vers de toute espèce, sur-tout, les vers blancs de hannetons, & ceux de diverses familles de scarabées, qui ressemblent à la chenille, les sauterelles à couteau, les lisettes ou coupe-bourgeons ; parmi les mouches, les guêpes, & celles qu'en quelques endroits on appelle moines & mulots ou souris de champ, les loirs, les taupes, les courtillières (ailleurs, tays ou taupes-grillons.)

Le puceron est un insecte petit, plat, transparent, & même de couleur verdâtre, avec des ailes plus longues que le reste du corps ; quand