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JACHERE ; ce terme désigne l'état d'une terre labourable qu'on laisse reposer, pour être ensuite labourée & ensemencée de nouveau. On nomme jachère la terre même qui se repose.

Il y a des terres qu'on laisse en jachère de deux années une, d'autres de trois en trois ans. Ce repos rend les unes & les autres plus en état de faire végéter les plantes & les semences au moyen des labours répétés ; & autres façons qui préparent les terres pendant cette année.

Le premier labour qu'on donne aux jachères consiste à retourner le chaume d'avoine & à en former un guéret ; c'est pourquoi on nomme cette opération guéreter, ou lever le guéret.

Pour bien faire ce labour, il faut attendre que les terres qui ne sont pas argilleuses, soient pénétrées d'eau, sans quoi la charrue n'entreroit pas assez avant. Les fortes terres doivent même être assez imbibées pour que la charrue les retourne par gros morceaux.

Quand on dit qu’il faut labourer profondément, c'est eu égard à la nature & à la circonstance des saisons.

1°. On ne laboure pas très-profondément les terres bien légères, mais on leur donne jusqu'à cinq labours.

2°. Dans les terres très-fortes, on ne donne souvent que trois labours.

3°. Il y a des terres dont on diminueroit la fertilité par des labours trop profonds, au lieu que ces labours en améliorent d'autres. Les fermiers, attentifs à la culture de leurs terres, font passer successivement deux charrues dans une même raie tous les quatre ou cinq ans, afin de remuer la terre à une plus grande profondeur.

4°. Les travaux sont quelquefois interrompus par les grandes sécheresses, & encore plus par les pluies trop abondantes. En effet, dans les temps de grande pluie la charrue qui corroyeroit les terres fortes & argilleuses ne produit pas cet effet sur les terres sablonneuses ou sur les pierreuses ; & dans un temps de sécheresse on n'enleveroit que de grosses mottes dans certaines terres, pendant que d'autres se labourent très finement.

Les fermiers qui sont bien montés en chevaux donnent quelquefois un labour de plus à leurs terres dans les années où l’herbe pousse avec vigueur ; ce surcroît de travail est bien compensé par les avantages d'une récolte plus abondante.

JALON ; bâton bien droit, long de cinq à six pieds, pointu par en bas, & garni par le haut d'une carte pour prendre des alignemens d'allées, de plantations d'arbres, &c.

On appelle jalon d'emprunt une mesure portative da la même hauteur que les jalons qui supportent le niveau, & qu'on présente à tous ceux qui sont alignés pour les faire buter ou décharger.

JALONNER ; c'est placer des jalons de distance en distance sur des lignes droites, soit pour planter des arbres, soit pour faire des tranchées.

JARDIN ; c'est un terrain fermé de haies ou de fossés, ou de murs, planté, soit pour notre utilité, soit pour nos plaisirs, dans lequel on cultive des arbres, arbrisseaux & arbustes, ainsi que des fleurs, des légumes, ou ce qu'on appelle des simples, ou plantes médicinales. Suivant sa destination, on dit que c'est un jardin fruitier oú verger, potager ou légumier, fleuriste ou botaniste.

Le besoin, l’utilité, ont donné naissance aux premiers jardins, la curiosité, le plaisir, la vanité ont produit les seconds. Les premiers sont le potager, le jardin fruitier, ou verger, & le jardin botanique.

Les seconds jardins, ou jardins d'agrément sont les jardins de fleurs ; les parterres en compartimens, en découpures ou destins ; les bosquets où se trouvent, des allées, des cascades, des jets d'eau, des canaux, des labyrinthes, des boulingrins, & tout ce que la magnificence, la vanité, l’ostentation, aidées souvent par l’abus des arts ont inventé & fait excuter dans cette partie.

La France possède à cet égard les plus beaux & les plus vastes jardins de l'Europe, suivant le rapport des voyageurs.

Le jardin potager est celui où l’on cultive toutes sortes de légumes & de plantes propres à la nourriture de l’homme, & à l’assaisonnement de ses mêts. Le potager simple s'appelle marais aux environs de Paris, parce que dans le principe,