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de l'eau dont la terre est pénétrée, les gelées divisent puissamment la terre & lui donnent une excellente façon ; elles en cuisent pour ainsi dire les mottes ; c'est pourquoi, s'il survient de l'humidité ensuite, ces mottes fusent, en quelque façon, comme de la chaux, & se réduisent en poussière. (Extrait du Dict. Econ.)

GELISSURE ou Gelivure ; nom qu'on donne, à des fentes ou gerçures des arbres, occasionnées dans le bois par la grande gelée.

GENOU ; nom qu'on donne aux nœuds des tiges des plantes légumineuses : ces nœuds placés d'espaces en espaces servent à les fortifier.

GENOUILLÈRE ; terme nouvellement introduit dans le jardinage, pour signifier l’opération de courber le pivot des plantes, en lui faisant prendre la figure du genou quand il est plié. Au moyen d'une telle attitude, dit Schabol, ce pivot, au lieu de plonger en terre, devient racine horizontale. C'étoit une pratique universellement observée dans le jardinage de toujours couper le pivot, à quoi que ce soit qu'on plante. Le prétexte de cette pratique meurtrière, surtout pour les arbres, étoit le peu de fonds de certains terrains où l'on veut planter ; mais l’invention de la genouillère outre qu'elle sauve aux plantes une opération cruelle, facilite toute plantation dans les terrains les plus ingrats, & elle est infaillible.

GERBÉE ; paille longue, battue sur une espèce de ballot, qu'en plusieurs endroits on nomme un poinçon.

Cette paille ainsi battue sert aux jardiniers pour lier les légumes ; aux vignerons pour accoler les vignes.

GERÇURE ; fente ou crevasse qui se fait dans l’écorce des arbres, comme celle que le froid occasionne souvent sur notre peau.

GERMINATION ; c'est le développement des parties constitutives d'une plante par l'entremise des sucs de la terre, & toutes les autres causes concurrentes de la végétation.

Il y a dans la germination une double action, l'une de la part de la terre, l'autre de la part de la graine. A ce double concours, il faut que l'air intervienne, sans le secours duquel nulle germination ; il faut aussi préparer la terre avant que de semer, & ensuite lui donner toutes les façons requises jusqu'à ce que la graine arrive à sa perfection.

GIVRE ; brouillard qui se gèle sur les branches des arbres, en sorte qu'elles semblent être chargées de neige.

Le givre n'étant qu'une glace superficielle, il fait moins de tort que le verglas ; mais il charge quelquef les branches, au point de les faire rompre.

GLACIS. Dans le jardinage, c'est un terrain disposé en pente, qui est plus alongé du bas & plus reculé oisdu haut.

Le glacis est ordinairement revêtu de gazon ; sa pente est beaucoup plus douce que le talus, sa proportion étant au-dessous de la diagonale d'un quarré.

Il y a des glacis dégauchis qui sont talus dans leur commencement, & glacis assez bas en leur extrémité, pour raccorder les differens niveaux de pentes de deux allées parallèles.

GLAISE. C'est une terre matte, épaisse, gluante & condensée. Ses parties rapprochées les unes des autres ne permettent point l'entrée ni la sortie à l'air & à l'eau, ou que très-difficilement ; par conséquent, elle n’est aucunement propre à la végétation par elle-même ; elle est d'ailleurs froide, dépourvue de soc, & retenant les humidités ; elle fait pourrir les racines. Elle se pétrifie au soleil & au hâle. Elle donne d'ailleurs un mauvais goût à toutes les productions de la terre. (Voyez Argille pour les moyens de bonifier la glaise. Voyez aussi l'art. Sable.)

GOBETTER. C'est, dans le jardinage, couvrir une couche de quelques pouces de terreau qu'on bat ensuire avec le dos d'une pelle.

GOMME, GORME, ou GOURME. Termes synonymes dans le jardinage qui signifient le suc naturel des plantes, qui se fige lorsqu'il est hors de ses conduits. De cette gomme viennent les gerçures, les crevasses, les chancres, & autres fuites qui ruinent un arbre & le font périr. Mais la gomme n'est point nuisible aux arbres quand on l’ôte à mesure & qu'on ne lui donne pas le tems de caver. Il faut donc ne point laisser amasser la gomme, & ne l'ôter qu'après une humidité ou une rosée abondante.

La gomme n'est point si dangereuse sur les abricotiers & pruniers que sur les pêchers. Elle vient souvent d'une taille trop retardée, comme seroit à la mi-avril, ou trop prématurée, comme en janvier, ou dans les premiers jours de février, ou lors d'une forte gelée.

La gorme ou gourme se dit particulièrement de ce suintement de la sève qui s'attache aux nouvelles pousses, sur-tout aux pêchers. Elle forme sur les feuilles & sur les branches des ta-


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