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deux sortes de feuilles dissimilaires. A la vigne elles sont singulièrement remarquables dans chacun de ses bourgeons.

FIBRES ; c'est en anatomie, les filamens dont les muscles & les membranes sont entretissus. On donne aussi ce nom à de longs filets qui empêchent que les végétaux ne soient cassans. Les fibres ligneuses sont autant de vaisseaux dont la fonction est de conduire le suc nourricier dans toutes les parties de la plante. On en distingue de trois sortes, de longitudinales, de transversales & de spirales.

Les fibres longitudinales sont directes & perpendiculaires, telles qu'on les voit dans les tiges & dans les branches des arbres.

Les fibres transversales sont celles qui sont en travers ; une branche alors plie sans casser, on la courbe même jusqu'à lui faire prendre la figure d'un cerceau, parce que ses fibres sont longitudinales ; mais les brandilles & les boutons à fruits dont les fibres sont transversales, cassent dès qu'on les plie.

Les fibres spirales sont celles qui sont courbées & repliées les unes sur les autres, ainsi que du fil dévidé sur un peloton. Telles sont les fibres qu'on apperçoit dans les bourrelets cicatrisans des plaies des arbres, dans les greffes & dans les nodus des divisions des branches.

Les racines fibreuses sont celles qui, au lieu d'être dures, compactes & ligneuses, ne sont autres que des filets blancs d'ordinaire & fort menues, tendres & cassans.

FICHER des échalas ; terme de vigneron, qui signifie faire entrer un échalas au pied d'un cep de vigne, pour y attacher les branches nouvelles que la pesanteur du raisin & des feuilles seroit tomber à bas, & peut-être éclater & rompre.

FIENTS. Comme les fients sont propres & utiles pour réparer les défauts de la terre, il est nécessaire d'en faire distinction, afin que connoissant leur différence, on les puisse employer plus à propos, selon que le besoin l’exigera.

Le fient qui provient des excrémens de l'homme, est plus tempéré & plein de sel qu'aucun autre ; & quand il est bien consommé, il est très-propre pour les orangers, les citronniers & les autres plantes que l'on met dans des vases ou caisses.

Le fient des chevaux & des ânes est abondant en une chaleur tempérée.

Le fient des bœufs & des vaches est frais.


Celui des brebis & des chèvres est & plus gras plus tempéré.

Le fient des pourceaux est chaud.

Celui des pigeons & des autres volailles plus chaud encore, & celui des oiseaux aquatiques est presque brûlant.

Les bouillons & les lavures d'écuelles, la lessive, le sang des animaux & les animaux même servent d'autant de fients tempérés & gras. Celui du marc de vin ou de la lie a une vertu infinie, tenant des qualités excellentes & des esprits subtils, dont la nature a rempli la vigne, sur toute autre plante.

Celui du marc des huiles augmente extrêmement la vertu productive de la terre ; mais le trop est dangereux, faisant le même effet en elles que les choses trop grasses font dans notre estomac.

Le fient des autres fruits participe à leurs qualités, & donne aux mêmes arbres ou plantes qui les portent une vertu fort fructifiante.

Celui qui se fait des sirops & des raffineries de sucre & de miel, est la douceur même, & il est très-propre aux plantes auxquelles on desire une douceur savoureuse. Celui qui est mêlé de saumure, en donnera le goût ; & si les plantes particulières dont on en pourra faire, abondent en qualités puiflantes, en saveurs, couleurs ou odeurs agréables, leurs cendres en participeront aussi.

La corne des animauxa une grande efficacité en terre, l'employant râpée & par coupeaux, comme aussi les ergots & les ongles des brebis & des moutons.

Le tan qui a servi à apprêter les cuirs, y est propre, même celui qui se fait dans le tronc des saules, quand la pluie qui y entre les pourrit.

On peut encore employer la suie des cheminées, sur-tout pour multiplier les fleurs.

Les boues amassées par les rues & les chemins, bien séchées & évaporées, & employées en terre, augmentent d'autant plus sa bonté, qu'elles ont été mêlées & pétries long-tems avec le soleil, l'air & les pluies. Enfin, l’été, les poussières des rues & des chemins sont bonnes aussi, lesquelles n'ayant pas tant de graisse que les fients, sont plus profitables aux vignes, & ne rendent pas le vin gras & huileux, comme font les autres fients en certaines terres grasses de leur nature. Si l'on a même besoin pour les orangers & les autres plantes exquises qui se mettent dans des caisses & des pots, d'un fient qui ait abondance


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