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plus égale possible & du degré de trempe requis, on remarque les endroits où la faux est la plus tendre ; & lorsqu'on la bat dans ces endroits-là, on humecte le marteau ainsi que la petite enclume ; dans les endroits au contraire où elle est la plus dure ; on la bat à froid : ce battement occasionnant de la chaleur détruit un peu la trempe, & rend la faux plus égale dans ses parties. Un point des plus essentiels est que l'ouvrier passe sa pierre à aiguiser sur sa faux toujours dans le même sens, parce qu'elle y forme des espèces de petites dents qui se trouvent alors toutes inclinées du même côté : au lieu que si on la passe tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, les dents sont inclinées en divers sens, & la faux ne coupe pas si bien. Il est d'autant plus avantageux de se servir de bonne faux dans les prairies où l'herbe est fine, qu'il en résulte quelquefois plus d'un écu de profit par arpent.

Moyen de perfectionner les faux & faucilles.

Les paysans de Silésie se plaignaient depuis long-temps de ne pouvoir se procurer des faux & des faucilles qui fussent tout à la fois légères, tranchantes & durables. Cependant on employoit les meilleures matières pour ces instrumens, & ces matières étoient travaillées avec soin ; mais des expériences réitérées ont fait voir que la perfection de ces ustensiles dépend de la proportion entre le fer & l'acier dont on les forge, de leur parfait amalgamage, & du degré moyen de dureté de cette composition. Les papiers publics de Breslaw ont en conséquence répandu l’instruction suivante :

Il faut tâcher de lier le fer & l'acier de façon qu'il n'y ait entre eux aucune séparation ; lorsqu'on les forge, il faut réduire la masse en lingot rond. En faisant souvent passer ce lingot par le feu, la masse s'épure, & ses parties sont plus prêtes d'obéir & de s'unir. Avec le microscope tous les instrumens tranchans sont de vraies scies ; les pierres même avec lesquelles ont les aiguise, quelque fines qu'elles soient, les dentelent. On sait que le fer & même l'acier ont des veines, c'est-à-dire, des fils détachés qui règnent dans la longueur de la masse. C'est à jeter ces veines du dos sur le tranchant des instrumens qu'il faut travailler de façon qu'elles aillent former les dents imperceptibles de la faucille ou de la faux. Par ce moyen ce qui auroit rendu l’outil cassant, lui donne de la solidité en contenant les parties qu'il divisoit. Pour cela la matière étant préparée, comme on l'a dit, on met la barre ronde au feu, on la laisse à peu près rougir, on l'assujettit ensuite à un étau, on la tourne à droite & à gauche ; & tant qu'elle conserve de la souplesse, on travaille à rejetter les veines vers le tranchant. Les instrumens sont d'autant plus parfaits que leur tranchant approche plus de la scie dont les dents sortent comme à travers de la lame : ils ont la dureté convenable. Les faucilles & les faux travaillées suivant ce procédé ont été trouvées fort supérieures aux autres.

La faux brabançonne, outil composé d'un crochet & d'une lame assez large dont la pointe est relevée ; le tout est adapté à un manche un peu courbe & court.

La faux hollandoise est pareillement composée d'une lame large dont la pointe est saillante, avec un manche courbe dont l'extrémité se termine en boule.

Faux lorraine, ou hache-paille ; instrument d'agriculture.

Il y a differens usages pour la nourriture des bestiaux dans les étables. Le plus dangereux de tous est de ne pas hacher le fourrage & de le donner sans même séparer la paille du grain, comme cela arrive dans quelques campagnes trop éloignées de l’œil des propriétaires. Parmi ceux qui font dans l'usage de hacher la paille & le foin, il y en a qui se servent de differens procédés.

Le plus ordinaire est l’emploi d'une faux à deux pointes en forme de demi cercle, attachée à un banc sur lequel est assis l'ouvrier.

La faux appellée gramola est cependant beaucoup plus utile ; elle est composée de trois ou quatre morceaux de fer dentelés, ou petites faux attachées sur un pivot par autant de demi-cercles fixes & pareillement de fer, qui les traversent, & qui sont fortement serrés à un manche de bois. Le tout est assemblé sur une table adhérente à la muraille ; le seul manche se mène & fait agir en même temps les petites faux sur le fourrage placé au-dessous d'elles. Les avantages de cette machine sont, 1°. d'épargner le temps ; 2°. d'avoir du fourrage & surtout de la paille plus écrasée, plus menue, & par conséquent d'une digestion plus facile ; de plus, le fumier qui provient de cette paille est plus gras & meilleur pour les vergers.

Mais elle a un inconvénient pour ceux qui en font usage ; il arrive souvent qu'elle offense l'extrémité des doigts de l'ouvrier qui lui présente la paille & le foin, à moins qu'il n'y apporte une extrême attention. La faux Lorraine supplée à ce défaut. On la nomme ainsi parce qu'elle a été apportée en Toscane par les Lorrains : elle est composée de deux montans de bois (Pl. XXXVI, fig. 6.) qui, au moyen d'un troisième B, posé en travers, soutiennent une caisse C pleine, dans laquelle on met la paille ou le foin D, qu'on veut hacher. La faux E, est la même que celle


Art aratoire.

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