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C HE M ne laltt point dans ces occafions , battre les jeunes chwaux ; parce que , comme nous l’avons dit ailleurs , la crainte des coups , jointe à celle de Tobjet qui leur fait ombrage, leur accable la vigueur »& le$ rebute totalement.

Des Chevaux de Chajfe.

Quoique la chafle ne foit regardée que comme vn aniufement , cet exercice n*en mérite pas moins d’attention ; puifque c*eft celui que les rois & les princes préfèrent à tous les autres. Cette incltnation eft fans doute fondée fur la conformité qui fe rencontre entre la chafle & la guerre. En effet , de part & d’autre on voit un objet à dompter , des fatigues à efliiyer, des dangers à éviter, & des rufes à pratiquer. Il n’eft donc pas étonnant, qu’un exer* ci ce qui a tant de rapport aux fentiments d*héroïfme infèparables des grands princes , fixe leur goût dans leurs plaifirs. Ce n’eit point ici le lieu d’examii ner routes ts dîflërentes parties’ de la chafle, ni de placer un éloge dont touts ceux qui penfent noblement font remplis : mais les jours d’un fouve-Yerain font trop précieux à fçs fujets pour ne le pas exciter à fa confervation autant qu’il eft en leur pouvoir. Nous venons de dire que la chafle a (t$ dangers alifli bien que la guerre : la plupart des accidents qui y arrivent font caufés par des chevaux mal choifis «u mal drefles ; c’eft pourquoi nous avons recherché avec foin tout ce qui peut conduire à la connoifl !ance d’un bon cheval de chafle , fie à la fiacilité de le dreflfer à cet exercice. Bien des gens penfent que la façon de drefler des chevaux de guerre & de chafl^e, eft tout-à-fait oppofée aux régies du manège. Une opinion û mal fondée , & maiheureufement trop générale , fait négliger les vrais principes. N ayant donc pour guide que la faufle pratique de ceux qni ont tait naître & qui favorifent cette erreur , on n’acquiert qu’une fermeté fans grâce & une exécution forcée oc fans fondement. Pourroit-on » avec un peu de jugfement, avancer qu’un cavalier capable de pratiquer les principes d’une bonne école, & par lekiuels il eft en état de juger de la nature de fon cheval , & de lui former un air , n’a pas plus de facilité encore pour a^Touplir & rendre obéiflant celui qu’on deftine à la guerre, & pour -étendre & donner de l’haleine à celui qu’il juge propre pour la chafle , puifque ce ne font- là que les premiers éléments de l’art de monter à ehevdl ?

Le choix d’un bon coureur eft trésdiflicile à faire ; car , outre les qualités extérieures des autres chevaux y il doit encore avoir particulièrement beaucoup d’haleine , de légèreté 8c de fureté. Ces qualités doivent lui être naturelles ; Tart ne peut , tout au plus , que les perfeAionner. Un cheval de chafle ne doit pas éttt trop traverfé ni trop raccourci de corps ; parce que ces fortes de chevaux n’ont pas ordinairement l’haleine & la facilité néceflaire aux bons coureurs. Il doit être un peu long de corps , relevé d encolure ; 6c avoir les Mjuiiaiion , Ef crime 6* Danfi^

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épaules libfel & plates , les jambetf larges & nerveufes , fans être trop long jointe ; il faut avec cela qu’il foit naturellement vite, fenfible à l’épe* ron , & dans un appui léger.

M. de la "Broue dit , que « les chevaux qui ne » conviennent point pour la chaflfe, font ceux » qu’une timidité naturelle empêche de courir vite n par la crainte qu’ils ont de hafarder leurs forces 9> en courant : ceux qui fe méfient de leurs forces n par quelqu’imperfeaion naturelle ou accidentelle : ceux qui font pefants & parefleux de leur » nature : ceux qui font rebutés à force de courir , » que la (impie appréhenCon de la courfe retient , n rend vicieux & rétifs : ceux qui , avec beaucoup » de rekis , aiment mieux fournir un nombre de • fautS) que de diftribuer leurs forces à l’aâion de n la courte : ceux enfin que la pure malice & polit tronnerie retient »•

Quoique tous ces différens chevaux puiflent abfolument être dreflés à courre , en fuivant les règles de l’art, on ne pourra jamais leur donner les qualités eflTeotielles à un bon coureur, qui font, comme nous venons de le dire, de galoper légèrement , furement & longtensps. Ces qualités ne fe trouvent qu’avec une foupleflle naturelle dans les membres , & qu’on perfeâionne par le trot , une liberté dans les épaules , & un appui léger à la bouche , qu’on confirme par le galop ; une haleine & un courage fufiifants qu’on augmente par l’exer^ cice»

Le trot, qui eft la première règle pour aflbuplir toutes fortes de chevaux^ doit être. plus étendu & plus allongé que relevé , dans un cheval de chafle , afin de lui apprendre à bien déployer les bras & les épules. Le bridon eft excellent pour donner cette première fouplefle à un cheval ion peut avec cet inftrument , dont nous avons donné la defcription & l’ufage dans le chapitre troifième , le plier faci-* lement & fans trop le gêner ; lui apprendre à tourner promptement & librement aux deux mains , fans lui offenfer les barres & la place^de la gourmette 9 ni lui déranger la bouche ; & le rendre aufli fouple que fes forces & fa difpofition lui permettent de le devenir. Il faut le troter aux deux mains fans aucune obfervation de terrain , mais varier à touts moments l’ordre de la leçon du trot , le tournant tantôt à droite , tantôt à gauche fur un cercle ; quelquefois fur une ligne droite , plus ou moins longue , fuhrant qu’il, fe retient ou s’abandonne. On doit le tenir iur la leçon du trot , jiifqu’à ce Iu’il obéifle au moindre mouvement de la main & es jambes , & qu’il ait appris la facilité de tourner promptement & librement aux deux mains. Lorfqu’il eft à ce point, on lui met un mors convenable à la bouche ; après quoi on lui donne la leçon de l’épaule en dedans , non-feulement pour lui aflbuplir les côtes , lui faire connoître les jambes , & lui faire la bouche , mais eflentiellement pour lut apprendre à avancer la jambe de .dedans de der«  riére fous le ventre , qui eft une qualité abfolu^. H .

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