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440 L’art de Nager


ceux qui se serviront d’un scaphandre, de ne pas se jetter sans précaution dans l’eau, sur-tout dans les endroits qu’on ne connoîtroit pas ; on pourroit rencontrer au fond, des choses capables de blesser ou d’arrêter l’homme, de manière à le faire périr, malgré sa légéreté respective.

A ces préceptes de M. Thévenot, nous allons joindre ceux ne Nicolas Roger, plongeur de profession.

Méthode sûre pour apprendre à nager en peu de jours.

Mcthodt fure four ^pfrtndre i nager en peu de jours» A rage de Gx ans j’étois plongeur. Parmi les perfonnes àqui j’ai montré à nager, quelques-unes m’ont à peîae coûté quatre leçons ; voila je crois des titras fuffilàns pour être lu* On ne peut être bon nageur fans être plongeur ; & il eft rare de trouver des perfonnes qui , noyant appris qu’à nager , ne confervent toute leur vie pour i’aôion 4e plonger une répugnance trop fouvent fun^Aeu ’e confeille donc de commei^cer parla : c’eil le feul moyen de fe familiariser véritablement avec l’eau.

Choififle^un endroit où vous ayez de l’eau juCqu

  • au¥ genoux. Aflèyez-vous , & tendez les bras

à ri compagnon qui fera debout vis-à-vis de vous , les*) imbes £ :artées , afin de biffer aux vôtres qui (^r#nt jointes » la facilité de fe placer entre elles, li vous tiendra par les poignets » tandis que vous vous inclinerez en arrière ; dès que l’eau aura couvert votre vifage , votre compagnon vous retirera. Ufaut répéter cet exercice iufciu*à cCAu’on (bit en état de (ç renverfer aind, oc de fe relever feul à l’jaide de (es mains « ^cç .^ ui arrive quelquefois à la première leçon.

Mais gardez^vous bien de vous faire plonger l’un ’l'ann’ep^r furprife» ou même de vous jetter de Feaju au vlfage , tant que vous ne ferez pas âimiliarifés avec cet élément. Ces fortes de plaifanteries font naître des craintes nue l’on ne furmonte pas toujours , même à l’aide d’une raifon éclairée. Vous vous accoutumerez enfuite à plonger fur le ventre , obfervam d’avoir les reins tendus , le corps droite les j>ras en avant Sc dans la direâion * d^xorps^le vifageexaâement tourné contre terre. Pour vous relever , voiis vous appuyerez fur les nains , en foulevant le corps fans précipitation , de manière que vos bras forment avec votre tronc un ^ngle qui diminue pen-à-peu de grandeur. L*ufage de fe boucher le nez eft tort mauvais : il luffit qu’on retienne fa refpiration , & chacun fait la retenir. On n’eft point incommodé de la petite quantité d’eau qui entre dans les narines ; on ne s apperçoit pas même s’il y en entre. Il n’en eft pas ainu 4es oreilles : l’eau qu’elles reçoivent ^ufe une petite furdité , mais qui ne lire point à conféquence ; au moment où l’on ne s*y attend pas , elle fort d’idle-mème , & rend à i’ouie fa première fineflb* Cependant les perfonnes délicates ne feront pas tffl49 l’imrp<bius dans les oreillps ducotoa qpi cle N A G E iL’

les auront fortement exprimé ;q»cês favair in gué d*hutle.

Si l’on ouvre les yeux dans une eau fablonneule i on éprouvera une légère citiftbn lorfqu’on fera à l’air ; fi l’eau eft claire , on n’en refTcntira aucune. Dans tours les cas , on aura foin de refermer les yeux , tandis qu’Us feront encore dans Teau , pour les rouvrir lorfqu’ils feront i Tair, afin d’empécUer que les cils ne fe replient entre l’oeil &la paupière «  ce qui fuffiroit pour rebuter un écolier. Si l’on fe tient dans Teau de la manière qne je viens de dire • en s’appercevra que le corps tendra à fiirnagier. Choififfez alors un endroit (|ui ait à- peuprès un pied d eau de plus que celui ou vous êtes ; vous ne pourrez réellement pas toucher le fond. Agitez vos membres comme pour nager en gre^ nouUU ( ce que j’enfeignerai plus loin , ) vous ferez ce qu’on appelle proprement nager entre deux eaux»

La difficulté eonfifte à fe relever » & l’on recon* nokra fans peine cette difficulté , il l’on fait attention que la tête ne peutfortir dei^aufans augmen* ter le poids de la partie antérieure du corps ; que par cette augmentatien elle Tenfoncc, & s’enfonce avec elle » jufqu’à ce que le tout ait repris ibn équi«  libre. Pour obvier è cet inconvénient , le compar gnon préfentera au plongeur un gros bâton , duquel il appuyera un bout en terre ; celui-ci faifira le bâton » le fuîvra des mains en l’empoignant alternativement de chacune , & parviendra ainfi à metr trela tète hors de l’eau.

Si l’on s*exerce dans un lieu dont le fond efl inégal , on fent que (ç moyen de fc relever devient inutile.

Que mon leâeur ne s’épouvante pas de voir . que je commence par le faire plonger , tandis qu’il pafle pour confiant que c’eft-là le terme des travaux du nageur. J’ai pour moi Texpërience ; & ceux qui ne font pas de mon avis s’y rangeront bientôt , s*ils raifonnent fans prévention. Néanmoins , comme je veux que perfonne ne fe croie en droit d’accufec de menfongele titre de ma brochure» j’avertis qu’on trouvera f^us loin la manière de nager promptement fans ètrt obligé de plonger ; mais j’avertis en même temps que le plus beau nageur» s’il ne fait plonger , n’eft guéres plus à l’abri des accidens que celui qui ne fait rien du tout. Sur cent nageurs qui fe noient , quatre-vingt-dix-huit ne périflent que faute d’avoir û) plonger^ Revenons i mon icofier. docile.

Nos corps ne furnagent que parce qu’ils font plus légers qu’un égal volume d*eau ; lans cela# tout l’tft du monde n’y feroit rien, & nous irions toujours au fond. Ceft ce qui arrive aux noyés dont les poumons fe reflerrent, dont le corps fe flétrit , & qui ne reviennetit fur l’eau que loriqu’au bout de plufieurs jours , ftir contenu dans leur corps cherche à s’ouvrir un paflàge en tout feus «  & par fon élafticité groffit le cadavre fans augmenter fon poids.

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