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4o8 COU Tobjet de leur application ; mais on donne malheurcufement tout au dernier, & Ton refufe tout à Tautre. La tête conduit rarement les jambes ; & comme refprit & le goût ne réfident pas dans les .pieds , on s*égare fouvent ; l’homme intelligent dif- {^arott ; il n’en refie qu’une machine mal combinée ivrée à la ftérile admiration des fots & au juftç mépris des connoifleurs.

Etudions donc ; ceiTons de reflembler à ces niaribnnettes , dont les mouvements dirigés par des 6Is groffiers n^amufent & ne font illufion (ju’au peuple. Si notre ame détermine le jeu Çc Taâion de pos^ reflbrts , dès-lors les pieds , les jambes » le corps, la phyfionomie & les yeux feront mus dans lies fens juftes , & les effets réfultants de cette harinonie & de cettp intelligence » intérefferont également le cpsur ^ refprit.

Des qualités phyjîques 4h iafifcur^ Il eft rare , pour i ?e pas dire impoflible , de trouver des hopmies ezaâement bien faits ; & par cette raifpn , il eft très-commun de rencontrer une foule de danfçurs confiruits défagréablement ^ & fdans lefquéls on n*apperçoit que trop fouvènt des défauts de conformation qye toutes les reflburces de lart ont peine à déguifçr. Seroit-cç par une fatalité attachée à la nature humaine, que nous nous éloignons toujours de ce qui convient , & que nous nous propofons ti communément de courir une c^rriçre dans laquelle nous ne pouvons ni marcher ni nous fouienir ? Ceft cet aveuglement , c’eft cçtte ignorance dans laquelle x ?oiis fommes 4^ nous-’ luêmes , aiji produit la foule immenfe de mauvais poctes , aè peintres médiocres , de plats comédienj , de muficiens bruyans , de danleurs ou de baladins d^teflables ,.que fais- je , d’hommes infupportables d^ns tpms les genres. Ces mêmes hommes placés où ils devrbient être , auroient été utiles ; mais f ?ors du lieu & du rane qui leur étoient * pffignés , é]r véritable talent eft enfoui , & celui d’être à Tenvi plus ridicules )es uns que les autres m eft fubftitué.

La première confidératlon à faire loHfqu’on fe deftine à la danfe dans un âge du moins où l’on eft capable de réfléchir , eft celle de fa^conflcuâion. ibu les vices naturels qu’on obferve en foi font tels que rien ne peut y remédier ; en ce cas il fout perdre fur-le-champ & totalement de vue l’idée que l’on s’étoit formèjB de l’avantage de concourir aux plaifirs des autres ; ou ces vices peuvent être réfor- {i)és par une application , par une étude conftaute , & par les confeils & les avis d^un maître inftruit & éclairé ; & dès-lors il importe efltntieHement de ne négliger aucun des efibrts qui peuvent remédier à des imperfeâions dont on triomphera . fi on prévient le tçmpB où les parties ont acquis leur dernier degré de force & de confiftance , où l’a nature a pris fon pli, & où le défaut à vaincre s’eft fortifié par ’ pne habitude trop lonçue Çc trop invétérée pour pouvoir être détrujtj

COU

Malheureufemem il eft peu de danfeufs capable^ de ce retour fur eux-isêmes. Les uns, aveuglés par lamour propre , imaginent être fans défouts ; le» autres ferment , pour ainfi dire , les yeux fur ceux que l’examen le glus léger leur feroit découvrir ^ or , dés qu’ils ignorent ce que tout homme mi a auelques lumières eft en droit de leur reprocner » n’eft pas étonnant qu’ils manquent leur but. L’arrangement difproportionné des parties s’oppoie fans cefte en eux au jeu des reflbrts , & à l’harmonie (}ui devroit former un eufemble ; plus de liaifoa dans les pas ; plus de moelleux dans les mouve-* ments ; plus d’élégance dans les attitudes & dans les oppofitions ; plus de proportion dans les diplo’u» mens , & par conféquent plus de fermeté ni d’a^ plomb. Voilà où fe réduit 1 exécution des danfeurs. qui s’aveuglent fur leur conformation , & qui crai-4 gnent de s’envifager eux-mêmes dans le momeoA de leurs étu4es & de leurs exercices. Nous pouvons fans les ofienfer , & en l^ur rendant la juftice qui leur eft due , les nommer mauvais danfeurs* Vraifemblablemem fi les bons makres étoientf plus communs , les élèves ne feroient pas fi rares ; mais les maîtres qui font en état d’enfeigner ne don* nent point de leçons , & ceux qui en devroien» prendre ont toujours la fureur d’en donner aux au«  très. Que dirons-nous de.leur négligence & de Tuaiformité avec laquelle ils enfeignent ? La vérité n’eft qu’une, s’écriera- t-on. J’en conviens ; mais n’eft-il ou’une manière de la démontrer & de û faire pajÛTer aux écoliers auxquels on s’attache , 6C ne^ doit -on pas néceflâirement les conduire au’ même but par des chemins diflférens ? Pavoue que pour y parvenir il faut une faeacité réelle ; car (ans réflexion & fans ét^de, il n’eft pas poffible d’appli«  quer les principes félon les genres divers de conv formation & les degrés différens d’aptitude ; on ne peut faifir d’un coup-d’odl ce qui convient à l’un , ce qui ne fauroit convenir à l’autre , & l’on ne varie point enfin fes leçons à proportion des diverfités que la nature ou que l’habitude , fouvent plus re--’ belle que la nature même , nous offre & nous pré^ fente.

C’eft donc eflentiellemept au maître aue le foin de placer chaque élève dans le genre qui lui eft pro«. pre çft réfervé. Il ne s’agit pas à cet effet de poffé* der feulement les connoiffances les plus exaaes de. l’art. Il faut encore fe défendre foigneufement de ce vain orgueil qui perfuade à chacun que fa ma* niêre d’exécuter eft l’unique & la feule qui puiffe plaire ; car un maître qui fe propofe toujours com<^ mç un modèle de perfe£Kon , & qui ne s’attache à faire de fes écoliers qu’une copie dont il eft le bon ou le mauvais original, ne réuftira à en former de payables que lorlqu’il eu rencontrera qui feront doués des mêmes difpofuiops que lui , & qui auront la même taille, la même conformation & la même intelligence , enfin la même aptitude. Parmi les défauts de conftruâion , j’en remar-’ qiiç communément deux nrinpipaux : l’un eft àètip jarrçtç^