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AID AIR 5

J’ai dît dans ma définition des aides, qu’on appelloit de ce nom tout ce qui avertissoit le cheval des intentions du cavalier ; &, effectivement, quand vous faites agir légèrement une rêne, la rêne droite, je suppose, pour redresser le cheval de ce côté, ce n’est qu’un avertissement d’aller à droite, & ces avertissements sont suffisants sur le cheval bien mis ; mais s’il s’y refuse, pour lors, augmentant la force de votre rêne droite, vous lui faites sentir une douleur sur la barre du même côté, qui l’oblige à répondre à ce que vous lui demandez ; c’est ainsi que l’on tait de la bride une aide, ou un châtiment, suivant la force que l’on y employe.

La main de la bride placée, voyons la façon dont elle doit travailler : comme je suppose toujours que, quand on prend la bride dans la main gauche, avec la position que je viens de décrire, on travaille un cheval dressé, les mouvements de main doivent être très légers ; mais, quelque petit que loit le mouvement de la main, le bras doit s’en ressentir & agir en proportion, ceux qui veulent ne travailler que de l’avant bras sont toujours gênés dans leurs mouvements. Il faut, pour travailler avec liberté, que le bras prenne son point d’appui à l’épaule, sans lui communiquer aucune force.

Lorsqu’on a besoin d’arrêter ou diminuer le train de son cheval, les deux rênes doivent opérer également, & les poignet travailler, non de bas en haut, ni horizontalement, c’est-à-dire, droit au corps, mais bien dans la direction de la diagonale du quarré formé par la ligne horizontale & la perpendiculaire. (Fig. 18.).

La force supposée au point B ne doit point agir suivant la direction B A ou B C, mais suivant B F. Si le cheval a besoin d’être ramené, la main doit se rapprocher de B C : si, au contraire, il s’encapuchonne, la main doit se rapprocher de B A. Voyez Manège, art. Embouchure. Touts les temps d’arrêter doivent se faire par gradation, & l’on doit les proportionner à la sensibilité du cheval, mais en augmenter la force jusqu’à la douleur de la barre, pour en faire un châtiment s’il refusoit l’obéissance. Ce moëlleux est très essentiel à observer ; ce n’est jamais que les mouvements saccadés de la main du cavalier qui ruinent les chevaux, en rejettant le poids de la masse sur les jarrets.

Quand, après avoir fait un temps d’arrêt, le cavalier rend au cheval, il doit observer le même moëlleux, & ne rendre que petit à petit, & autant, qu’il s’appercevra pouvoir le faire sans que le cheval se dérange.

Il est beaucoup de chevaux bien dressés, qui, au lieu de s’arrêter & d’obéir à un temps d’arrêt, cherchent au contraire à s’appuyer sur la main de leur cavalier, & à s’en aller ; cela vient communément de ce que le cavalier ne s’apperçoit pas que la force qu’il employé dans ses mains se communique à ses cuisses. Chez les chevaux doués de


finesse, & presque touts les jeunes chevaux en ont assez pour s’appercevoir de la roideur & de la force que les cavaliers employent dans leur partie immobile, elle se fait ressentir dans les jambes, & elle donne de l’incertitude & de l’ardeur au cheval. Cette faute est commune à touts les commençants ; il faut les accoutumer & leur recommander souvent de travailler de la main, sans communiquer de force à leur partie immobile ; car, lorsque la partie immobile reçoit de la force, nécessairement elle se dérange, & nombre de chevaux sont doués d’assez de finesse pour que ce dérangement fasse effet sur eux.

Le poignet placé comme nous l’avons dit, si j’ai besoin de sentir la rêne droite, j’arrondirai un tant soit peu mon poignet, sans l’élever ; si je veux sentir la gauche, je mets un peu les ongles en l’air.

AIDER un cheval, c’est lorsque le cavalier, par son adresse, lui aide à travailler à propos, & à marquer touts ses temps avec justesse.

AIGUILLETTE. Nouer l’aiguillette, espèce de proverbe, qui signifie cinq ou six sauts & ruades consécutives & violentes qu’un cheval fait tout-à-coup par gaieté, ou pour démonter son cavalier.

AIGUILLON. Voyez Valet.

AILES. Pièces de bois qu’on met aux côtés de la lance, pour la charger vers la poignée.

AIRS. Mouvements des jambes d’un cheval, accompagnés d’une cadence & d’une liberté naturelles qui le font manier avec justesse. Un cheval qui n’a point d’airs naturels, est celui qui plie fort peu les jambes en galopant. On dit : ce cavalier a bien rencontré l’air de ce cheval, & il manie bien terre-à-terre. Ce cheval prend l’air des courbettes, se présente bien à l’air des cabrioles, pour dire qu’il a de la disposition à ces sortes d’airs. Les courbettes & les airs mettent parfaitement bien un cheval dans la main, le rendent léger du dedans, le mettent sur les hanches. Ces airs le font arrêter sur les hanches, le font aller par sauts, & l’assurent dans la main. Airs violents. Le pas, le trot, le galop ne font pas comptés au nombre des airs. Un cheval qui a les airs relevés, est celui qui s’élève plus haut qu’au terre-à-terre ; qui manie à courbettes, à croupades, à ballotades, à cabrioles. Il faut ménager un cheval qui se présente de lui-même aux airs relevés ; parce qu’ils le mènent en colère quand on le presse trop.

On donne le nom d’airs aux mouvements continués d’un cheval.

Les airs bas sont ceux des chevaux qui manient près de terre : les airs relevés, ceux des chevaux dont les mouvements sont détachés de terre.

DES AIRS BAS, (La Guérinière.)

Des voltes.

Les anciens écuyers inventèrent les voltes pour