898 TAB f.afte que la vanit. opulente étale dans le rein des villes. Sans exiger des hommes de nos jours des vertus au delfus de- leur foiblefTe, & prenant nos mœurs pour ce qu'elles font, nous difons qu•n n'y a ras une feule raifon folide four qu'un officier-gênerai tienne tous les jours 1 'armée une uble de vingt couverts, qu'il traîne à fa fuite plufieurs carrofTes, trente ou ~uarante chevaux, avec prefqu'aut3nt de valets. St l'on fe repréfente cette foule d'offi- ciers-généraux qui peuplent nos armées, quel to- tal effrayant 1quelle immtnfité d'embarras 1quelle énormité de confotUm:uion ! Et voilà ce qui fait ~ue les armées françaifes ont tant de peine à fub· tifter, qu•eues dévorent un pays avec la rapidité d'un incendie : voilà ce qut leur rend nécelfaire ce nombre infini de maglfms & de convois fi rui- neux, ces pontions fi étendues & fi difficiles à garder: voilà ce qui les oblige à cette difperfion de leurs forces; enfin, voilà ce qui à chaque guerre n~us entraîne dans de fi grandes dépenfes, & fou- vent dans de fi grands malheurs. ~f d'ailleurs, fe peut-il que le foin de tenir tous Jeos JOUrs une table fplendide , de furveiller une maifon nombreufe! que les attentions & les dif- traétions diverfes , luite inévitable d'un train .fi prodigieux, n'enlèvenr beaucoup d·in{bns à l•ap- rlication q_ue des ho nmes fur qui roule le fa lut de 'éut , dotvent donner à de fi grands objt!rs! On auroit beau dire quTs fe repofent de ces foin' particuliers fur des hommes de confiance. On fait allez , d'aptès J'expérience! , qu 'ils en font leur principale & prefque leur f:;:ule occupation , & on doit peu s'en étonner. Ils feroient ruinés après quelques campagnes s'ils agilfoient autrement ; & beaucoup , malgré leur vigilance éconemlque, feraient écrift's après deux ou trois années de guerre, à moins qu•its ne fe dédommageafTent (fe lt-urs depenfes exceffives fur le pays ennemi , & ne le permifi'ent ce qu'ils, devroient punir dans les autres. Le réglement provifoire n'afligne point de bor- "es au luxe dugénéralen chef: on en a vu plu- tieurs entretenir journellement un table de cent & deux cents couverts. A combien d'égards cet excès de magnificence n•eft- il pas funefie ! Sans parle_r de l'appareil épouvantable de cuifine, de provtlions, de chevaux, de valets qu'exige un tel état, & de la fun.harge qui en réfulte pour l'ar- mée, quel chaos 1 quel tumulte dans le logis du général 1 Et s'tl a la tête afTez forte pour qu'un pareil tourbillon lui laifTe toute la liberté de fes pen fée~, afTez de (agelfe pour ne point donner à une vame repréfentation aucun des ihftans que ré- clament les deftinées de l'état , dépofées dans fes m<tins. en fera-t-il de même de tous fes alentours ·qui influent, plus peut·être qu·on ne penfe, fur 1~ srands événemens ? L• ordonnance de campagne du roi de Prulfe permet 1 un feld·maréchal une table de dix cou- TAC verts (tulement, rans defTert; 1 un lieutenant-~ · néral, huit couverts & fix plats , fans d~fTett f à un m<tjor·général , fix couverts & cinq plats, fans d~fTen. Il y a loin fars doute de cette fobriété aux fellins donn{s pu nos officiers-gén~raux. A l'égard de cette attention du roi de Prulfe à fup· primer tout d~lfert, elle eft fondée apparemment fur ce que ce fervice de pur agrément prolonge inurilement le repas, & ~ut même devenir une occafion d'intempérance. Peut·être ce prince fe fouvenoit -il ctu'un de ses prédécelfeurs, moins vigilant que lUI, fut furpris à table avec tous les généraux de l "Empire , par le maréchal de Tu· renne , qui , dans cett~ occafion , avec vingt mille Français, battit, prit ou diaipa (oixante-dix mille lmpéri3UX. Il y auroit autli des réduétions à faire fur les équipages des régimens,lorfque. fans aucune con- defcendance pour la vanité & la molclfe, on ré- duira l'équipage de chaque officier au néceffaire véritable, & méme à la aécence que, fuivant nos préjugés frivolu • chaque grade peut exizf'r : on pourra fe permettre des diminutions confidérablts dans les équipages. Sans doute un général doit recevoir à fa uble les officiers que leur devoir appelle auprès de lui ; mais c'eft là ot), bien mieux que chez l'avare, il faut mangtr po11r ,;,,, • & non pas vivrt pov manger; c'eft là où il faut fe borner à des mets groffiers & au pur nécelf<tire. Si l'on en croit tout ce que l'on raconte de la trop grande partie des généraux franpis , dans les dernières : nées de la guerre de la liberté, ils ont fait détefter 1.t nation par les tables qu'ils ont tenues r.artout aux dépens des ennemis chez lefquels ds fe trou voient , & par Je luxe , la pro- ful'ion & le gafpillage qu'ils fe font permis d'un bien qu'ils auroientdû protéger au lieu d·enexiger - la diflipation. Dans d•autres tems , on voyoit prefque tons les officiers-généraux & particuliers fe ruiner ou s'endetter à la guerre. Dans celle que l'on vient de faire, prefque tous les employés • les comsnif- faires des guerres , les officiers-généraux & plu- lieurs officiers particuliers fe font en• ichis au point que. rentrés en France. eux feuls achètent im- punément les plus belles terres de la Républi<Jut>, & ofent étaler dans la capitale & dans les v11les oal ils fe trouvent , un lux~ bien aflligeant pour les malheureux rentiers dont ils ont acheté les terres, bien contraire aux mœurs d'un républi- cain, & qui prouve trop évidemment Ja manière fcandaleule dont ils ont abnfédes places 'u.is oc- cupaient, & de la force dont on leur avou fi mal à propos confié la direttien & l'emploi. · TACTIQUE. La tadique eft la fcience des ordres & des manœuvres générales dans les dif· férentes pofitions qui fe préfentent à la guerre. Elle eft auai funout LI ftittUt du mo~tvtmms qui fo Digitized by Gqog!~ __
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