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Cette propriété d’exprimer l’idée de victoire lui a été conservée dans les langues modernes, et dans les pays qui n’ont ni palmier, ni palme. Ce n’est plus qu’une métaphore. Ce n’est plus aussi que sous le rapport de symbole qu’on voit aujourd’hui la palme figurer dans les ornemens de l’architecture.

Inutile de dire que sa place la plus naturelle est sur les monumens que l’on destine encore sous le nom d’arcs de triomphe ou de porte triomphale, à célébrer les exploits guerriers. La palme décorera donc plus d’un espace des édifices, tantôt dans les angles formés par le cintre de l’arc, tantôt dans des frises en se croisant, tantôt mêlée à la branche d’olivier ou à la couronne. La palme peut entrer aussi dans les ornemens du chapiteau à campane ou corinthien.

Dans les monumens des premiers temps du christianisme on trouve la palme employée (à ce que l’on croit) comme l’attribut des martyrs, et plus d’un sarcophage a accrédité cette opinion. Ce fut encore une allégorie fort naturelle. On regardoit le chrétien comme l’athlète de la foi, comme le soldat de J. C., et lorsqu’il avoit subi le martyre, on regardoit sa mort comme une victoire remportée sur l’idolâtrie.

Aussi, dans toutes les représentations de semblables sujets pour la peinture et la sculpture, voit-on la palme donnée comme attribut au saint glorifié, et le langage a consacré le même symbole dans le récit des Actes des martyrs. On dit que tel ou tel a remporté la palme du martyre.

PALMETTE, s. m. On nomme ainsi un petit ornement fort usité, et qui est du nombre des ornemens qu’on appelle courans. Il semble être effectivement un diminutif de la palme, qu’il imite par la composition symétrique de ses feuilles, que l’on sculpte dans une forme un peu conventionnelle, sur toutes sortes de couleurs ou d’espaces, soit des édifices, soit des meubles, soit des vases.

La palmette fut avec le méandre, et ce que nous appelons postes, l’ornement le plus fréquemment employé sur les vases grecs peints. On l’y voit ou formant la ligne sur laquelle s’élèvent les figures, ou ornant les bords et les franges des tuniques et des étoffes. Ordinairement l’extrémité des feuilles qui le composent est roulée et se termine en cercle, comme cela se voit à certaines gousses.

La palmette est devenue un ornement très-commun depuis quelques années. On diroit même trop, comme il arrive à tout ce que l’esprit de mode se plaît à multiplier ; car le propre de la mode est d’exclure la raison de tout ce dont elle s’empare.

PALMYRE, ville autrefois très-célèbre dans l’ancienne Syrie. Elle étoit la capitale de la province à laquelle son nom donna celui de Palmyréenne. Par la suite elle devint la capitale d’un royaume particulier. Anciennement elle fut appelée Thamar ou Tadmor, c’est-à-dire, ville des palmiers, d’où lui est venu le nom de Palmyre.

Le désert qui environne Palmyre, et qui depuis long-temps en a isolé les restes, et les a séparés des pays habités, a sans doute contribué à la conservation de ce nombre prodigieux de ruines qu’on y admire encore. Nul autre lieu n’en renferme une aussi grande quantité et d’une aussi belle conservation.

En 1753, MM. Wood et Davkins ont fait connoître dans leur bel ouvrage ces restes importans. C’est d’après eux, et en renvoyant toutefois à leurs beaux dessins, que nous donnerons une courte notice des principaux monumens qu’ils ont détaillés dans de nombreuses planches.

Le reste le plus important des édifices de Palmyre, et en même temps le plus instructif pour la connoissance des grands temples de l’antiquité, est celui auquel les voyageurs ont donné le nom de temple du soleil. Il paroît d’après le plan de son ensemble, qu’il se composoit d’une vaste enceinte carrée, ayant huit cents pieds anglais dans chacune de ses faces. Cette enceinte est formée par un péribole, ou mur orné extérieurement et intérieurement de pilastres, auxquels correspondent en dedans deux rangs de colonnes, qui présentent deux galeries ou promenoirs circulant ainsi tout à l’entour de la place immense, où est situé le temple périptère dont on parlera.

L’enceinte du côté occidental offre une magnifique entrée. C’est un très-grand portique formé de dix colonnes corinthiennes, supportant un fronton. On y observe une irrégularité d’entre-colonnement aux colonnes du milieu qui, pour dégager la porte et élargir l’entrée, se trouvent rapprochées de chacune de leur voisine, de manière à produire de chaque côté deux colonnes accouplées et réunies sur un seul socle. Il y a dans l’aspect de ce péristyle quelque chose qui rappelle celui de la colonnade du Louvre, et qui sembleroit en avoir inspiré le caractère et l’idée. Du reste, ce péristyle est en saillie sur le mur d’enceinte, et les colonnes se raccordent avec les pilastres de ce mur.

Le temple périptère dont on a déjà fait mention n’occupe point le milieu de la grande area, et c’est sur sa longueur qu’il se présente en entrant par le péristyle qui donne entrée dans cette area. Est-ce par suite de cette disposition que l’entrée du temple même est placée aussi dans sa partie latérale, et à quoi faut-il attribuer que cette entrée n’occupe point le milieu de cette face du temple ? Il y a, au reste, beaucoup de particularités dans toute cette architecture, sur lesquelles on desireroit des détails et des observations d’une bien plus grande étendue.

Il faut, par exemple, remarquer que le mur de