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que l’un et l’autre ne représentoient que des animaux et des êtres vivans, mais parce que ces objets d’imitation étoient en tête de tous ceux que l’art savoit reproduire, ou parce que ces mots, comme beaucoup d’autres, durent leur origine et leur formation aux premières impressions que firent sur les hommes, les premiers ou les principaux ouvrages de la naissance de l’imitation.

Du reste, que le zophorus ait très-fréquemment reçu des représentations de figures d’hommes ou d’animaux, c’est ce que les restes trèsnombreux des monumens antiques nous témoignent encore aujourd’hui.

On ne sauroit dire combien il s’est conservé de figures en bas-relief, de terre cuite, qui, comme le prouvent clairement les trous de scellement qui les attachoient à la surface de la frise, en firent avec beaucoup de goût, et en même temps d’économie, l’ornement et la décoration courante. Que cet usage ait été des plus anciens, c’est ce que nous démontre le style extrêmement barbare des figures en terre cuite du zophorus d’un ancien temple, dont on fit, en 1784, la découverte à Velletri, l’ancienne Veliternum, capitale du pays des Volsques. Ces figures sont coloriées, ainsi que l’étoient presque toutes celles, qu’on multiplioit, par des moules, en terre cuite, pour l’ornement des frises.

Les collections d’antiques et les muséum sont remplis de charmans bas-reliefs en terre cuite, dont la répétition assez fréquente prouve qu’ils étoient le produit du moule. Toutes ces figures furent détachées des frises d’anciens monumens. Leur entière conservation, l’agrément de leur composition, et leur belle exécution, font regretter qu’on ne renouvelle point aujourd’hui ce procédé expéditif à la fois et économique, d’orner les édifices.

Le zophorus (ou la frise) étoit, dans la vérité, avec le fronton, la seule partie qui pût comporter l’emploi de la sculpture en figures. L’ordre dorique dut le premier contribuer à accréditer cet emploi. Les intervalles des triglyphes, qu’on appela métopes, semblèrent devoir appeler l’art de l’ornement à l’embellissement de ces espaces, surtout si, comme on le croit, le triglyphe lui-même fut un objet rapporté après coup, pour masquer les bouts des solives. Il semble, en effet, que le plus grand nombre des bas-reliefs de terre cuite dont on vient de parler, à en juger seulement par la figure quadrangulaire de leurs dimensions, furent de simples métopes.

Le zophorus (ou porte-figures) ne fut pas nécessairement, malgré le nom qu’on lui donna, orné de figures sculptées. Il étoit souvent lisse : ce qu’un fort grand nombre de monumens atteste. Vitruve nous l’apprend aussi (lib. III. cap. 3) : « Le zophorus (dit-il), au-dessus de l’epistylium (l’architrave), doit être d’un quart moins haut


que l’epistylium. Mais si l’on doit y introduire des figures, il devra alors avoir un quart en hauteur de plus que l’epistylium, pour que les sculptures y aient plus d’importance. » Item zophorus supra epistylium, quarta parte minus quam epistylium. Sin autem sigilla designari oportuerit, quarta parte altior quam epistylium, uti auctoritatem habeant sculpturœ.

Cette observation de Vitruve, qui paroît d’ailleurs fondée sur une très-bonne raison, peut trouver des exemples qui la justifient, dans un des principaux monumens de l’antiquité. On peut en effet se convaincre, sur les dessins que Stuart a donnés du temple de Minerve à Athènes, que le zophorus, ou la frise dorique de ce temple, dont les métopes sont ornées de sculptures représentant les combats des Centaures et des Lapithes, a très-réellement un quart de plus en hauteur que l’architrave.

ZOTHECA . Ce mot latin est évidemment grec et composé dans cette langue, du mot θηχη, repositorium, et ζαω, vivo, ou, ξωον, terme générique qui signifie être vivant.

Nous trouvons dans l’interprétation du mot latin, qu’il put comporter deux significations.

Selon Forcellini (au mot zotheca), il signifia petite chambre, alcove, cabinet, c’est-à-dire, dans une chambre à coucher, un petit réduit contigu, où l’on se retire pour étudier ou pour se reposer ; et l’interprète cite à l’appui de cette explication le passage suivant de Pline le jeune, liv. II, lettre 17 : Contra parietem medium zotheca perquam eleganter recedit, quoe specularibus et velis, obductis reductisve, modo adjicitur cubiculo, modo aufertur. « Vers le milieu du mur est pratiqué, avec beaucoup d’élégance, un enfoncement, qui par le moyen d’une cloison vitrée, et de rideaux qu’on ouvre ou qu’on ferme, tantôt s’ajoute à la chambre et tantôt s’en sépare. »

D’après ce passage, qui est extrêmement clair, zotheca est un petit cabinet, un petit lieu de repos pour une personne seule, car Pline ajoute qu’il n’y tenoit qu’un lit et deux chaises.

La composition du mot, comme on l’a dit, prête encore à une signification qui pourroit paroître plus précise. En effet, en faisant signifier ici au mot ξωον ce qu’il exprime dans les mots zodiaque et zophorus, figure d’êtres vivans ou d’animaux, il a semblé qu’il devoit y avoir eu un mot qui désignât jadis ces renfoncemens, qui furent si fréquens dans les édifices, et où l’on place des statues ; renfoncemens que les Modernes désignent par le mot Niche. Voyez ce mot.

Cependant, comme nous l’avons déjà fait remarquer, on ne trouve dans tout Vitruve aucune mention de ce que nous appelons niche, et dès lors les critiques n’avoient eu jusqu’ici aucune