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ciel, et ce signe emblématique fut tellement répandu, qu’il lui arriva, comme à beaucoup d’autres dont nous ignorons l’origine, de tomber dans le domaine de ce que l’on appelle la décoration ou l’ornement.

Non qu’on veuille contester que quelques souvenirs d’astrologie judiciaire n’aient pu même, au moyen âge et sous l’empire des croyances chrétiennnes, trouver encore quelques racines dans certains esprits. Toutefois, il nous paroît que l’emploi du zodiaque figuré, pour marquer le cours du soleil dans l’année, et les douze mois qui la composent, aura dû et devra toujours en perpétuer l’image. Selon cette pratique, la figure des signes du zodiaque n’est plus qu’un caractère indicatif des douze mois, et réduit à cette insignifiante destination, nous croyons qu’on peut très-réellement le considérer comme un pur ornement décoratif.

C’est ainsi qu’il faut s’expliquer sa présence parmi les sculptures des églises gothiques ; car, bien qu’il soit vrai que certains préjugés astrologiques, quoique tout-à-fait étrangers au christianisme, aient subsisté chez beaucoup de personnes, et aient pu être encore assez vivaces dans les siècles qui virent élever les églises, dont les portails présentent des figures du zodiaque, nous croyons qu’il seroit difficile de leur trouver un autre emploi que celui dont nous avons parlé. Lorsqu’on sait quel étrange mélange, l’ignorance de ces temps a fait de toutes les parties d’ornement, d’allégories fabuleuses, de détails tronqués et incohérens, enfin de toutes sortes de débris échappés à la destruction des monumens antiques ; lorsqu’on voit qu’on les copioit sans se douter de leur signification ancienne, ni même qu’ils en eussent eu jadis une, on est fort porté à croire que les images du zodiaque n’eurent pas un sort différent. Aucune représentation figurée ne fut, en effet, aussi multipliée que celle-là, et n’eut, dans les siècles derniers de l’empire romain, autant de cours, n’exerça autant, sous toutes les formes, sur toutes les matières, les procédés de tous les arts.

Pourquoi donc ces signes, connus alors de tout le monde, et qui ne pouvoient plus avoir d’autre signification générale, que celle qu’on leur donne encore aujourd’hui sur nos calendriers, ne seroient-ils pas, comme simples objets d’ornement, entrés dans les combinaisons de ces ouvriers chargés de découper, n’importe avec quoi, tous les espaces des frontispices d’églises ? Et ne voyons-nous pas les portes de bronze faites, en 1445, à Rome, pour l’ancien Saint-Pierre, par Antoine Philarète, et Simon, frère de Donatello, reproduire dans les rinceaux qui accompagnent les battans, de petits sujets mythologiques fort improprement placés là, si l’on a égard au monument, mais qui ne furent regardés que comme des détails arabesques sans aucune conséquence.


On trouve donc, entre beaucoup d’autres exemples qu’on pourroit citer, un zodiaque fort anciennement sculpté à l’une des portes latérales de l’église cathédrale d’Autun. Dupuis a décrit celui de l’église Notre-Dame à Paris, et Lalande a donné, dans les Mémoires de l’Institut, les détails du zodiaque de l’église de Strasbourg.

Si nous avions à donner ici l’histoire du zodiaque, dans son rapport avec nos temps modernes, c’est-à-dire avec l’état actuel de la science, et avec l’emploi que nos arts peuvent en faire, il faudroit faire voir qu’il est devenu tout-à-fait étranger à l’étude et aux connoissances de l’astronomie ; que l’astrologie, de quelque manière et à quelque degré qu’on l’envisage, est entièrement bannie des croyances et des opinions même les plus populaires ; qu’il ne peut avoir conservé, dans les images de nos arts, d’autre autorité que celle, dont les allégories du paganisme ont légué les traditions, aux fictions de notre poésie et à nos locutions métaphoriques.

C’est ainsi que Jean-Baptiste et Georges Mantouem, d’après Raphaël, dans son Jugement de Pâris, et traitant le même sujet, ont fait voir l’entrée du palais de Jupiter environnée d’un grand demi-cercle du zodiaque. On ne sauroit dire combien est devenu usuel l’emploi de cette représentation, appliquée aux cadrans en grand, et en plus petit aux cartels de toute espèce, qui servent d’enveloppe aux mouvemens d’une horloge. Rien, en effet, de plus analogue à la forme naturelle des cadrans horaires ; et l’on citeroit, s’il en étoit besoin, quelques-unes de ces compositions, adaptées depuis peu, par l’architecture, pour la décoration d’une horloge faisant partie d’une façade de monument public.

ZOPHORUS, zophoros en grec. Se compose de deux mots, zoon, animal, et fero, je porte. Du mot zoon en grec, qu’on traduit littéralement par animal, on ne doit point ici conclure que le zophorus ne comportoit aucune autre représentation que celle d’animaux proprement dits en français. Ce mot générique signifie qui a vie, être vivant. Dès lors, en grec, il signifioit généralement ce que nous comprenons, d’une manière spéciale, dans les ouvrages de l’art, sous le nom de figure.

Le zophorus étoit donc, entre les diverses parties de l’architecture, considérée dans la composition des ordres, la partie sur laquelle on sculptoit des figures. Cette partie étoit, et est encore ce que nous appelons la frise. Voyez ce mot.

On doit entendre en français par figures, comme on l’entendoit sans doute en grec par zoon, nonseulement des représentations d’êtres vivans, mais beaucoup d’autres qui entrent dans le domaine de l’ornement. C’est ainsi qu’on appeloit zographos le peintre, et zographia la peinture, non parce