Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/668

Cette page n’a pas encore été corrigée
660 ZOD ZOD


des aigles, dont les ailes étendues semblent former le support du cadre. Le milieu du cercle zodiacal est occupé par sept compartimens, en manière de petits caissons hexagones, qui sont remplis par les bustes de sept figures, que les dessins, trop légèrement exécutés, de M. Wood ne permettent pas de bien caractériser chacun en particulier. Toutefois, si l’on prend en considération le nombre sept, et les traits de quelques unes de ces têtes, au nombre desquelles on en distingue une avec des rayons, on n’hésitera point à penser, avec M. Letronne, que ce sont les représentations des sept planètes. D’après cette conjeccture, assez certaine, on voit que Vénus répond aux Gémeaux, le Soleil au Lion, la Lune à la Balance, Mercure au Sagittaire. Les trois autres compartimens sont occupés par trois figures à tête barbue, qui ne peuvent être que Mars, Jupiter et Saturne.

Cette correspondance des divinités astronomiques, avec les douze signes du zodiaque, se découvre et se démontre avec encore plus d’évidence, sur un monument singulier rapporté et commenté par Visconti, dans ses Monumenti Gabini. On a trouvé dans les ruines de Gabies un grand et bel autel, d’une nature toute particulière. Il consiste en un disque de marbre pentélique, lequel reposoit et étoit isolé, non pas verticalement, mais horizontalement, sur un seul pied, en marière (comme nous le dirions) de guéridon. Ce disque a trois palmes deux tiers de diamètre ; son épaisseur a un peu moins d’un palme. Le milieu de la partie superficielle du disque est creusé circulairement, et autour sont disposées, en suivant la ligne du cercle extérieur, douze têtes, vues comme couchées, et qu’on diroit des bustes d’un fort grand relief et d’une excellente exécution.

Ces douze bustes horizontaux représentent les douze grands dieux, reconnoissables, la plus grande partie, aux symboles qui les accompagnent, et ceux qui manquent d’attributs s’expliquent d’eux-mêmes par leur physionomie ou par leur réunion avec les autres.

C’est sur l’épaisseur, ou, si l’on veut, la tranche perpendiculaire de ce disque horizontal que sont sculptés les douze signes du zodiaque, et chacun est accompagné des figures ou symboles allégoriques, dont la mythologie avoit fait leurs attributs. Or, rien ne prouve mieux ce qu’on a avancé plus haut, savoir, que presque tous les zodiaques finirent par appartenir exclusivement, ou à l’astrologie, ou simplement à la mythologie, quand ils ne furent pas de vagues représentations dont les artistes se servoient, pour indiquer simplement la demeure des dieux.

Les vers de Manilius s’appliquent avec tant de précision au zodiaque mythologique de Gabies, que nous croyons devoir les rapporter :



Lanigerum Pallas, Taurum Cytherea tuetur,
Formosos Phœbus Geminos, Cyllenie Cancrum,
Tuque pater, cum matre Deum, regis ipse Leonem,
Spicifera est Virgo Cereris, fabricataque Libra
Vulcani ; pugnax Mavorti Scorpios harer,
Venantem Diana virum, sed partis equinœ
Atque angusta fovet Capricorni sidera Vesta,
Et Jovis adverso Junonis Aquarius astrum est,
Agnoscitque suos Neptunus in athere Pisces.

(Astronom. l. 2. v. 439 seqq.)

Le zodiaque fut souvent employé dans les ouvrages de l’art, chez les Romains, comme simple ornement de convention, ainsi qu’on le voit à plusieurs monumens, qui furent des cadrans solaires ou des calendriers, et quelquefois tout ensemble l’un et l’autre. Tel est le monument fort curieux appelé calendrier rustique ou calendrier Farnése. C’est un marbre carré, dont chaque face contient trois signes du zodiaque, et trois colonnes où sont marqués les noms des mois et ceux des divinités tutélaires, enfin, la longueur des heures équinoxiales et naturelles du jour et de la nuit. On sait que les heures civiles des Romains étoient différentes. Ce marbre servoit de base à un cadran solaire.

Nous trouvons sur plus d’un monument de sculpture, le zodiaque servant de cadre à une figure de Jupiter. Il y en a un de ronde bosse à la villa Albani, où le Jupiter, en fort relief, occupe le milieu d’unzodiaque vertical, supporté par une sorte d’atlas sculpté de ronde bosse.

Il nous paroît, et nous l’avons déjà fait pressentir, que les arts du dessin durent s’emparer de la représentation et de la configuration du zodiaque, comme d’un symbole devenu vulgaire, et qui étoit entendu de tout le monde, pour figurer l’idée du ciel, sans aucune prétention à la science astronomique, ni même astrologique. Ainsi nous voyons sur une très-belle agate antique (Causei Musaum Romanum, tom. I, pl. 37) le soleil représenté dans un quadrige, au milieu d’un cadre ovale, où sont gravés les douze signes du zodiaque, qui, à la vérité, peuvent sembler n’indiquer ici que la route par courue par le soleil. Mais, pour n’en pas citer de plus nombreux exemples, nous renverrons le lecteur à deux pierres gravées, où Jupiter occupe le centre d’un zodiaque circulaire. Dans l’un il est accompagné de Mars et de Mercure, et son trône est supporté par Neptune. Dans l’autre, on le voit avec une portion du globe sous les pieds ; d’un côté paroît Vénus avec l’Amour, dans l’acte de snpplians ; de l’autre côté Mercure est représenté partant, pour obéir aux ordres du dieu.

Le zodiaque, sous la main des peintres et des sculpteurs, dut effectivement devenir une figure abréviative de l’Olympe, ou de la demeure céleste des dieux. Il signifia ensuite uniquement le