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mécanique et l’art de bâtir. L’éditeur fut, à ce qu’on croit, le savant Bottari, et l’ouvrage vit le jour sous la forme d’un grand in-folio, orné de cinquante-quatre planches, auxquelles correspondent autant d’articles de descriptions et d’explications.

C’est là qu’entre une multitude infinie d’instrumens, ou nouveaux ou perfectionnés, mais qui entrés depuis dans la circulation des procédés industriels de l’Europe, ne peuvent plus exciter l’attention, on distingue ces échelles à entures, au moyen desquelles l’ouvrier peut s’élever à une hauteur indéfinie ; ces échafauds volans ou roulans à bascule, et à plusieurs étages, que l’on emploie pour les ragrémens et les réparations des facades, et des surfaces de tout genre ; ces ponts suspendus avec autant de solidité que de légèreté ; ces planchers sur lesquels avec une simple poulie, un ouvrier se transporte lui-même au sommet des voûtes les plus hautes, et avec tous les instrumens de son travail.

Rien de plus simple et de plus ingénieux dans sa simplicité, que l’échafaud commode et solide, quoiqu’il paroisse d’en bas ne tenir à rien, dont Zabaglia donna le dessin, pour orner dans les grandes cérémonies, et tapisser la frise de l’entablement de Saint-Pierre.

Il s’agissoit d’opérer une restauration dans la longue voûte du vestibule de cette basilique. Par la méthode employée jusqu’alors, il auroit fallu établir dans toute la largeur, un plancher, capable de supporter la pesanteur de deux étages de pont, pour qu’on pût travailler à la fois, et au sommet, et aux côtés de la voûte. On auroit encore été obligé de défaire et de refaire le même échafaudage, plusieurs fois dans la longueur du portique, parce qu’un plancher général établi dans toute l’étendue du local, eût privé de jour les travailleurs. Il fant voir dans le recueil cité, avec quel esprit et qu’elle intelligence Zabaglia fut économiser et le temps, et la dépense, el la matière, par la composition d’un échafaud qui, sans cacher la lumière du jour, non-seulement offroit plus d’un étage aux travailleurs, mais pouvoit sans se défaire, être transporté avec facilité, dans toute la longueur de l’espace à réparer.

Tout le monde sait avec quelle industrie et quelle économie de moyens furent pratiqués, dans les immenses courbes de la coupole de Saint-Pierre, les échafauds volans, qui servirent à la décoration interne de ce monument. Il entroit dans les inventions de ce genre, par Zabaglia, un point de vue qui n’est pas à négliger, surtout quand il s’agit d’opérations de long cours ; ses compositions avoient aussi pour objet, de ne pas obstruer l’aspect de l’édifice, comme il arrive trop souvent, dans ces échafaudages qui s’emparent inutilement de toute l’étendue d’un local, lorsque le travail ne peut être que partiel, et doit être successif.

Un des mérites de Zabaglia, fut encore de savoir faire de très-grandes machines, avec de petits matériaux. C’est ce dont on peut se convaincre en voyant l’échafaudage qu’il imagina autour de l’obélisque du Vatican, pour opérer à son sommet le travail de la pose ou restauration de la croix de bronze, qui en fait l’amortissement. Il fit habilement servir le fût même de l’obélisque, à être le noyau des huit étages, par lesquels on pût, sur de simples échelles, parvenir à la plate-forme supérieure, avec autant de facilité que de sûreté.

Zabaglia eut aussi l’honneur d’opérer, par le secours de ses procédés mécaniques, d’importantes restaurations des monumens de l’antiquité, parmi lesquelles on doit citer de préférence, celle de la colonne à restituer au péristyle du Panthéon, et celle de la colonne d’Antonin. Ce fut par ses soins, que fut tiré de terre le célèbre obélisque horaire d’Auguste au Champ-de-Mars, qui long-temps avoit été couché à Monte Citorio, et qui a enfin été dressé et restauré, sur la place du même nom, par les soins du pape Pie VI.

Nous ne porterons pas plus loin l’éntimération des travaux de Zabaglia. Les descriptions verbales étant insuffisantes pour en faire connoître les détails, et évaluer tont le prix, nous renvoyons le lecteur au grand ouvrage, d’où nous avons extrait ces courtes notions. Les planches nombreuses et très-bien exécutées qu’il renferme, sont tout à la fois le meilleur traité de mécanique pratique, et le plus bel éloge qu’on puisse faire du célèbre et bien modeste auteur, dont on a retracé la fidèle image, dans la plauche du frontispice, qui le représente avec son simple costume de compagnon charpentier.

Zabaglia, comme nous l’avons dit, simple élève de son instinct et de la seule nature, ne manqua ni de considération ui de réputation dans le cours de sa longue carrière. Son mérite fut parfailement connu de ses contemporains, et si le genre de son esprit et de ses habitudes, ne l’eût pas invinciblement retenu dans la sphère d’ouvrier, où il persévéra, il est à croire qu’employé, comme il le fut, sous presque tous les règnes des souverains pontifes de son temps, auxquels il survécut, plus d’un titre d’emploi supérieur auroit relevé son existence sociale. Aussi quelques-uns ont-ils avancé, mais à tort, qu’il parvint à la place d’architecte de Saint-Pierre, ce qui ne put pas être ; mais il dut être mis à la tête des travaux et machines de construction de celle basilique. C’étoit là sa place, et il n’en eût pas voulu occuper d’autre. Les biens de la fortune (je parle de celle qui étoit de niveau avec son état), ne lui manquèrent pas, mais il dépensoit tout à mesure, el il employoît ce qu’il gagnoit à faire bonne chère. Il n’y auroit pas eu moyen de lui inspirer d’autre désir. Le pape Benoît XIV,