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à jour. La nature l’avoit doué d’une humeur égale, et d’une tranquillité d’ame qu’aucune sorte d’événement ne pouvoit altérer. Aussi étoit-il de ces hommes que rien ne peut détourner de leur but, dont rien ne peut ni déranger, ni retarder, ni accélérer la marche. On croit voir que sa valeur ne fut pas justement appréciée de son vivant ; et cela fut peut-être dû aussi, de sa part, à une modestie excessive, qui alloit jusqu’à la timidité. C’est une espèce de tort aux talens supérieurs, vis-à-vis surtout du grand nombre, c’est-à-dire des ignorans, que cette méfiance qu’ils ont d’eux-mêmes, et ce dédain de la louange, qu’ils cherchent plus à mériter qu’à obtenir. La médiocrité qui se vante, l’emportera toujours en renommée, éphémère à la vérité, sur le vrai talent, qui ne veut de la gloire qu’après le succès.

Soit indifférence pour les hommages contemporains, soit amour de la retraite, soit caprice de la fortune, qui aime à changer de favoris, Wren se survécut en quelque sorte à lui-même. Après avoir employé plus de cinquante années dans les travaux les plus pénibles et les plus honorables, il passa les derniers temps de sa longue vie, oublié de son pays, et comme travaillant à s’oublier lui-même. On ignore les raisons qui lui firent ôter en 1718, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, la charge de directeur-général des bâtimens du roi. Il prit le parti de se retirer à la campagne, où il ne s’occupa plus que de la lecture.

Wren avoit épousé Foy, fille du chevalier Thomas Coghill de Bleckington, dans le comté d’Oxford, dont il eut un fils nommé Christophe, comme lui. Devenu veuf peu de temps après, il épousa en secondes noces Jeanne, fille de mylord Fitz Williams. Il fut trois fois député au parlement.

Malgré les pronostics d’un tempérament délicat, et qui sembloit dans sa jeunesse disposé à la consomption, un régime de vie sage et réglé


l’a conduit jusqu’à l’âge de quatre-vingt-on ze ans Il fut enterré sous le dôme de Saint-Paul, privilège exclusif qui lui fut accordé, ainsi qu’à sa famille, pour honorer sa mémoire. Voici l’épitaphe qu’on lit sur sa pierre sépulcrale, et qui, comme on va le voir, remplace bien honorablement pour lui le luxe d’un mausolée.

Subtus conditur hujus ecclesiae et urbis conditor
Christophorus Wren. Qui vixit annos ultra nonaginta
Non sibi, sed bono publico.
Lector si monumentum requires
Circumspice.
Obiit 25 Feb. Anno 1723. AEtatis 91.

Wren ne fit rien imprimer lui-même de ses ouvrages. Quelques-uns de ceux qu’il avoit composés ont été publiés par d’autres. On cite de lui :

1°. Une relation de l’origine et des progrès de la manière défaire passer les liqueurs dans les vaisseaux du corps animal. Cette fusion ne diffère point de l’injection qui se fait dans les abcès, les ulcères, etc.

2°. Lex naturae de collisione corporum.

3°. Descriptio machinae ad terendas lentes hyperbolicas.

4°. Description de l’église cathédrale de Salisbury.

Tous ces ouvrages ont été insérés dans les Transactions philosophiques.

James Elme, architecte anglais, a publié, en 1823, des mémoires sur la vie et les ouvrages de sir Christophe Wren, 1 vol. in-4o.

Une vaste collection de ses plans et dessins a été achetée par le collége d’All-Souls, d’Oxford, et déposée dans fa bibliothèque, où l’on voit aussi son buste.

Son fils Christophe Wren, membre du parlement, mort en 1747, a recueilli sur sa famille des détails bibliographiques, qui ont été publiés en 1750, in-fol. avec des portraits.