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dont l’ensemble, bien qu’on puisse le trouver découpé par la saillie de la colonnade qui l’environne, ne laisse pas de produire un tout très-harmonieux. Pour ce qui est de la masse extérieure de l’église proprement dite, il est possible de blâmer dans son ajustement l’application des deux ordres de pilastres l’un au-dessus de l’autre. Le goût scrupuleux de ceux qui mettent avant tout autre mérite, celui de l’unité, regrettent que deux ordres qui, dans cette position signifient deux étages, se trouvent au-dehors d’un édifice qui intérieurement n’a point d’étages. Cependant le parti général de toute cette masse, considérée abstraction faite du rapport qu’on vient d’indiquer, est d’un style sage, d’une bonne composition et d’une exécution aussi pure que précieuse. On aime à y remarquer à l’extrémité de chaque croisée, les petits avant-corps circulaires en colonnes qui leur servent de portiques.

Malheureusement pour cette église, comme à l’égard de beaucoup d’autres, ce qu’on peut le moins y louer, c’est son frontispice avec les deux clochers, composition banale, sans effet et sans grandeur, mais résultat en quelque sorte nécessaire de la sujétion imposée par la hauteur de l’édifice. Le manque d’espace a frustré ce monument d’une place suffisante pour qu’on puisse en embrasser convenablement l’ensemble. Le lieu qu’il occupe étant dans la cité, le quartier de Londres le plus resserré, Wren ne put pas remédier à cet inconvénient.

L’église de Saint-Paul, construite toute en pierre de Portland, a eu toutefois l’avantage d’avoir été par lui commencée, conduite et terminée en trent-cinq années, c’est-à-dire par un seul et même architecte, et ce qu’on a observé encore, par un seul et même entrepreneur, avantage très-rare dans les grands édifices, et auquel celui-ci doit certainement, de n’offrir aucune de ces disparates de manière et de goût, produits naturels des modifications que ne manquent presque jamais d’introduire dans la conduite de l’ouvrage les architectes qui s’y succèdent. Comme église, à part les critiques qu’on en peut faire (et quel édifice en est exempt ?) Saint-Paul se place sons plus d’un motif, mais surtout pour l’importance et la grandeur, au second rang, c’est-à-dire immédiatement après Saint-Pierre de Rome.

Wren an même temps élevoit un autre monument qui dans son genre, du moins pour la hauteur, ne devoit point avoir de rival. Je veux parler de cette colonne qu’on appelle à Londres du nom seul deMonument, et que l’on construisit en pierre, à l’endroit même où avoit commencé l’incendie dont a parlé, pour perpétuer le souvenir de ce mémorable fléau. Sa hauteur est de 188 pieds français en y comprenant le piédestal et le couronnement. On prétend dans plus d’un ouvrage (et il nous semble sans aucune raison), que cette colonne est de l’ordre toscan. Outre


que nous ignorons ce qui peut caractériser, dans une colonne, ce prétendu ordre, d’invention tout-à-fait arbitraire, nous pensons qu’une colonne monumentale, et par conséquent isolée, et par conséquent indépendante de toutes les autres parties constitutives d’un ordre, ne sauroit être assujettie aux proportions et au caractère qui le distinguent. Ce n’est guère alors que par son chapiteau et par sa base que la colonne de Londres peut se faire reconnoître, et il semble que ces deux objets, ainsi que ses cannelures, doivent la désigner comme appartenant à l’ordre dorique des Modernes.

Elle pose sur un piédestal de 37 à 38 pieds de haut et de 19 pieds 6 pouces en carré. La face principale est ornée d’un bas-relief en marbre, où la sculpture & représenté d’un côté la destruction des maisons parle feu, et de l’autre leur réédification. Diverses figures allégoriques enrichissent cette composition, au milieu de laquelle on voit le roi Charles II, auquel on présente le plan de la reconstruction de la ville. Aux quatre angles du socle en forme de congé qui termine par en haut le piédestal, sont sculptés quatre animaux qui sont des salamandres, emblèmes du feu. Le sût de la colonne a 14 pieds de diamètre.

Le tailloir qui termine le chapiteau supporte un corps circulaire, que surmonte un grand vase de bronze d’où sortent des flammes. L’intérieur de la colonne renferme un escalier en bois, composé de 345 marches de 9 à 10 pouces de large sur 5 à 6 pouces de haut.

Généralement l’exécution de l’ouvrage est large, correcte et de bon goût. Il ne manque encore à l’effet qu’on devroit recevoir de son ensemble, qu’une place en rapport avec la dimension d’un monument aussi colossal.

Un des plus remarquables édifices d’Oxford est dû au génie de Wren. C’est celui qu’on appelle le Théâtre, nom qu’on lui a donné, parce que d’un côté sa forme extérieure est circulaire, et aussi à cause de l’usage qu’on en fait pour les exercices littéraires de l’Université, et les réunions d’assemblées destinées au soutien des actes publics, quelquefois à l’exécution des concerts. Il fut commencé en 1669, aux dépens de Gilbert Sheldon, archevêque de l’Université d’Oxford.

Ce bâtiment, qui peut contenir, tant sur ses degrés que dans ses tribunes, quatre mille personnes, formeroit un ovale régulier, si le côté qui regarde la bibliothèque Boldeienne n’avoit été fait en ligne droite sur cette dernière face. Il présente à rez-de-chaussée un beau frontispice avec colonnes et pilastres d’ardre corinthien. De semblables pilastres, au nombre de quatre, supportent un fronton dans l’étage supérieur. La partie circulaire dont on a parlé, est en arcades au rez-de-chaussée, avec fenêtres carrées au-dessus. Une enceinte, circulaire aussi, sert de clôture à côté de l’édifice, et y produit une fort