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A cette école, il devint, selon l’usage assez général du siècle, peintre, sculpteur et architecte, et habile dans les trois arts. Sa réputation s’étendit bientôt en Allemagne. Il fut appelé à Munich par le duc de Bavière Albert V. Son neveu le duc Maxmilien, grand amateur d’architecture qu’il avoit même la prétention de professeur, s’empressa d’employer de Wit à la construction de l’immense palais qu’il éleva dans cette ville, vers la fin du seizième siècle. Le prince voulut en être le principal architecte. On ne doute pas cependant que de Wit, à qui l’on est forcé d’attribuer la décoration de l’intérieur de l’édifice, n’ait eu aussi une grande part dans la composition de son plan. On donne toujours comme étant exclusivement son ouvrage, l’escalier qui passe pour être dans son genre un chef-d’œuvre. Aujourd’hui il a perdu de son importance, parce que les changemens survenus dans ce grand ensemble en ont placé l’entrée dans un autre endroit.

On vante comme un des principaux ouvrages de cet artiste, et comme un monument capital en son genre, le mausolée qu’il éleva à l’empereur Louis de Bavière, dans l’église de Notre-Dame à Munich, morceau, dit-on, qui seroit digne de figurer dans les temples les plus magnifiques. Un fort grand nombre de statues de bronze forme la principale décoration du mausolée. On est tenté de regretter qu’il n’ait pas pour accompagnement une architecture d’un goût qui lui soit mieux assorti. Mais Notre-Dame de Munich est une de ces cathédrales gothiques dont la beauté principale est dans la grandeur que l’on donnoit alors assez ordinairement à de semblables vaisseaux.

Mais la grandeur de dimension toute seule ne suffit pas à la beauté ni à la majesté d’un temple. Entre toutes les autres grandeurs qui manquent aux églises gothiques, sans parler de celle des proportions, de celle de style et du goût, il faut compter celle de la décoration. Or il est certain que le gothique en manque totalement, et c’est là un de ses plus graves, défauts. Ajoutons qu’il ne pouvoit pas l’éviter ; car en ces temps il n’y avoit aucune possibilité d’y appeler ces arts qui qui seuls possèdent le secret et les moyens de la décoration : et c’est peut-être ce qu’il y a de plus heureux pour l’effet de l’intérieur des églises gothiques. Mieux vaut cette pauvreté, si l’on en juge par ce qu’offre de hideux et de révoltant le luxe de leur prétendue sculpture à l’extérieur.

Cette dernière réflexion nous est suggérée par l’auteur même auquel nous avons emprunté le peu de notions que nous avons reproduites sur Pierre de Wit.

WREN (CHRISTOPHE.) Né en 1632, mort en 1723.

Les renseignemens historiques que nous con-


noîssons, sur la vie et les ouvrages de Christophe Wren, et sur ses premières années, ne nous apprennent point quel avoit été son maître dans l’art de l’architecture, ni même s’il en eut un. On peut présumer d’après les diversités nombreuses d’études et de sciences auxquelles sa jeunesse avoit été livrée, qu’il dut uniquement aux mathématiques, d’être initié aux connoissances de cette partie de l’art de bâtir, qui est soumise aux lois du calcul, connoissances auxquelles le génie ne supplée pus toujours, mais qui réciproquement ne sauroient remplacer le génie pour les grandes entreprises de l’architecture. Lorsqu’en ce genre, l’étude et la nature auront réuni dans le même homme, et avec une juste combinaison, les dons du savoir, et ceux de l’imagination, il devra naître de là, si les circonstances lui sont favorables, un grand architecte.

Christophe Wren fut un de ces rares exemples, et les besoins de son siècle, concoururent à développer chez lui les heureuses dispositions, qui n’attendoient que l’occasion propre à les faire briller.

Il naquit à East Knoyle, dans le comté de Wilts. Son père, doyen de Windsor, étoit d’une ancienne famille originaire de Danemarck, qui s’étoit établie en Angleterre dans le diocèse de Durham. Dès l’âge le plus tendre il annonça la plus grande aptitude aux sciences, surtout aux mathématiques, et on l’admit comme gentilhomme pensionnaire au collége de Wadham à Oxford. Il n’avoit que treize ans lorsqu’il construisit une machine pour représenter le cours des astres, et divers instrumens d’astronomie, mieux divisés ou plus commodément suspendus que ceux qui existoient alors. A seize ans, il avoit déjà fait des découvertes dans l’astronomie, la gnomonique, la statique, la mécanique, et à peine âgé de vingt-cinq ans, il professoit ces sciences à Oxford au collége de Gresham. Bientôt il obtint la chaire de droit civil dans l’Université de cette ville, et une place à la Société royale de Londres qui venoit d’être établie.

Jusqu’ici nous ne voyons rien qui eût pu prédire qu’il deviendroit un des premiers architectes et de son pays et de son siècle.

Vers 1665 il fit un voyage à Paris, dans la vue, dit-on, d’y examiner l’état des arts, qui commençoient à y fleurir sous les auspices d’un nouveau règne. Un grand événement le rappela promptement dans sa patrie. Effectivement l’année suivante, 1666, fut celle du terrible incendie qui consuma la plus grande partie de la ville de Londres. Ce malheur et le besoin non-seulement de le réparer, mais de le faire servir à l’amérioration, comme à l’embellissement de cette capitale, éveillèrent le génie de Wren, et lui révélèrent des talens dont le principe avoit jusqu’alors sommeillé en lui. Il imagina un plan général de reconstruction, de la ville.