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WIC


WICKAM (Guillaume.), Architecte anglais, né en 1324 et mort en 1404.

Il est sinon le plus ancien architecte de l’Angleterre, du moins le plus ancien de ceux dont l’histoire des arts fasse une mention tant peu détaillée. Ce n’est pas qu’il faille le regarder, comme ayant fait une profession ni expresse ni exclusive de l’architecture ; tant s’en faut, qu’au contraire le peu qu’on sait sur son compte, nous le fait connoître comme ayant fourni une carrière assez traversée d’accidens divers, et remplie de travaux fort différens. À cette époque d’ailleurs le goût et le savoir de la bâtisse se lioit à beaucoup d’autres occupations.

Wickam avoit montré de bonne heure de si heureuses dispositions pour les belles-lettres et pour les sciences mathématiques, étant simple étudiant dans l’Université d’Oxford, qu’Edouard III ayant entendu parler de lui, prévenu encore en sa faveur par sa belle figure, le prit à son service. Ce prince l’employa avec succès dans plusieurs affaires politiques. Wickam avoit réuni aux diverses connoissances qu’il avoit embrassées, l’étude de l’architecture. Le roi le nomma surintendant de ses bâtimens et forêts. Ce fut en cette qualité qu’il fut chargé de donner les plans, et d’exécuter la construction du royal château de Windsor, masse assez grandiose qu’il acheva dans l’espace de trois années. Quelques courtisans jaloux de son crédit et de sa fortune essayèrent de le desservir auprès d’Edouard. Ils saisirent le prétexte d’une inscription susceptible d’un sens un peu équivoque, et que Wickam avoit fait placer sur le palais. Mais leurs efforts furent inutiles.

Comme il avoit embrassé l’état ecclésiastique, il parvint à se faire adjuger d’exellens bénéfices. Il devint secrétaire d’état, garde du sceau privé, évêque de Winchester, grand-chancelier, et finalement président du conseil privé.

Mais le vent de la fortune changea pour lui ; elle lui retira tout ce qu’elle lui avoit donné. Dépouillé de toutes ses charges et en butte à la persécution, il se retira dans son évêché, où il établit un collège dont il fut le fondateur et en même temps l’architecte. Il en fonda bientôt un autre à Oxford et le fit également construire sur ses dessins. Un nouveau tour de la fortune lui rendit la faveur de la cour, et il fut rétabli dans toutes les charges qu’on lui avoit enlevées.

Il paroît toutefois que Wickam, désabusé de l’ambition, avoit formé la résolution de ne plus s’exposer aux hasards d’une mer toujours orageuse. L’état ecclésiastique lui offroit un port assuré contre tous les dangers. Il s’y réfugia ;


ayant fait vœu de vivre désormais selon l’esprit de son état, il se retira de la cour, et ne s’occupa plus que de travaux utiles, et d’actes de bienfaisance.

Le savoir de l’architecture lui procuroit un double moyen de satisfaire ce noble penchant et le besoin de soulager les malheureux ; car en élevant d’utiles édifices, il donnoit auisi du travail et fournissoit des ressources à l’indigence. Ce fut sur ses plans et ses dessins que fut construite la magnifique cathédrale de Winchester, qui le cédoit de peu à l’ancienne église de Saint-Paul à Londres, avant l’incendie de 1622 qui la consuma.

On doit présumer, en pensant à l’époque où vécut Wickam, que le goût et le style des édifices qu’il éleva tint plutôt du gothique, alors surtout en crédit chez les Anglais, que de celui qui commençoit à refleurir en Italie. Mais chaque pays ayant appliqué à ce genre de bâtir son propre caractère, on ne peut méconnoître que le style de Wickam, comme celui du plus grand nombre des édifices gothiques anglais, diffère principalement, par beaucoup de pureté, par une grande économie de détails, par plus de simplicité, et n’offre ni cette surcharge de sulptures informes, ni cette maussade profusion de mauvais ornemens, qui, presque partout ailleurs, désignent les compositions et l’exécution des extérieurs d’églises.

Malgré les grands biens et les œuvres de charité qu’il ne cessoit de faire, Wickam ne put encore imposer silence à ses ennemis. De nouvelles accusations lui furent intentées. Nous en ignorons l’objet ; mais le parlement prononça son innocence. On s’accorde à dire qu’il étoit juste, mais sévère. Nous savons en outre qu’il se prononça avec rigueur contre l’hérésiarque Wiclef, qui finit par opérer dans toute l’Angleterre un soulèvement général. De telles circonstances nous expliquent, comment la justice et la sévérité peuvent devenir des sujets d’accusation.

WIT (Pierre de.) Architecte flamand qui vécut dans le seizième siècle.

Nous trouvons dans le recueil des Memorie degli Architetti antichi e moderni, de Milizia, que Pierre de Wit naquit à Bruges en Flandre, et alla de bonne heure en Italie pour se former au dessin. Il se sixa surtout à Florence, et y entra dans l’école de Vasari. On prétend qu’il surpassa bientôt son maître sous le rapport de la couleur, sans perdre un peu de cette sécheresse de contour qui est particulière au goût florentin