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PÆS

PÆSTUM, ville antique de l’ancienne Lucanie, dont les ruines célèbres se voient et sont situées dans le golfe de Salerne, à dix lieues de Naples, au milieu d’une plaine vaste et montueuse.

L’enceinte de la ville, de forme oblongue, angulaire et rétrécie dans la partie de l’ouest, est formée par de grosses murailles en partie ruinées, qui ont encore de douze à vingt-un pieds de hauteur, et presque partout environ neuf pieds d’épaisseur. De grasses tours carrées flanquent chaque angle des murs de la ville, avec plusieurs autres intermédiaires entre celles-là et les portes. Il existe encore une porte toute entière à l’est, et une autre dont le cintre est entièrement ruiné.

L’enceinte de la ville renferme encore un grand nombre de ruines, au milieu desquelles ou voit s’élever le grand temple périptère dorique, dont le naos intérieur se divise en trois nefs formées par deux rangs de colonnes à deux étages, le petit temple, périptère aussi et d’ordre dorique, enfin un autre grand édifice formé d’une colonnade de même ordre, mais dont l’intérieur fut divisé dans sa longueur par un seul rang de colonnes qui le partageoient en deux nefs. On lui donne ordinairement le nom de basilique. Nous ne dirons rien ici de ces monumens dont il a déjà été fait mention à l’article Dorique (voyez ce mot), et dont l’article Temple nous donnera occasion de parler encore.

On trouve, dans l’enceinte de la ville, les vestiges de quelques autres monumens. On croit y reconnoître les débris d’un cirque, d’un amphithéâtre, de deux portes, de tours, de murs d’aqueducs, etc.

M. de Lagardette, dans son ouvrage sur Pæstum, a donné la description des matériaux dont les édifices de cette ville sont composés, et il y a joint des conjectures sur la manière dont ils ont été construits.

Cet auteur pense que les pierres qui ont servi à leur construction, ont été tirées des carrières de Viétri. Dans leurs excavations, il a trouvé des tambours de colonnes tout taillés, qui sont d’un diamètre égal à ceux des temples encore debout ; mais ils ne sont point cannelés.

Tout l’intérieur de ces vastes souterrains offre la même espèce de pierre qu’on a employée aux édifices dont on a parlé. Le mortier qui sert de liaison à leurs matériaux, est mêlé de beaucoup de cailloutages pilés, et agglutinés par la chaux éteinte. Tel est du moins celui qu’on a observé aux murs, aux aqueducs et aux tours d’enceinte. Quant à l’enduit qui recouvre les édifices, c’est un mortier fait avec une espèce de sable très-fin, agglutiné par la chaux, mortier sur lequel on passa plusieurs couches de chaux éteinte, et qu’ensuite on a poli par le frottement. Plusieurs parties de cet enduit ont conservé des restes de couleurs.

PAGODE, s. f. On donne, en Europe, ce nom à des édifices qui, dans l’architecture d'une grande partie de l’Asie, servent de temples aux dieux de ces contrées.

Dans la Chine, plusieurs de ces temples sont très-petits et consistent en une seule pièce. Quelques autres ont une cour environnée de galeries, au bout desquelles se trouve le lieu où les idoles sont placées. Il y en a aussi un petit nombre qui sont composées de plusieurs cours entourées de galeries.

Chambers. dans ses Edifices des Chinois, pl. 1, a donné le plan d’une de ces dernières pagodes qui est celle de Houang. Elle offre une grande étendue de terrain. Outre les temples des idoles, elle renferme des appartemens pour deux cents bonzes, des hôpitaux, un potager, un cimetière, etc.

Les édifices que les Chinois consacrent à leur culte, n’ont point, comme ceux des anciens Grecs, Romains et autres, des formes qui leur soient propres et puissent les faire distinguer des différentes sortes de bâtimens dont se composent les villes. L’espèce de construction qu’ils nomment ting ou tong, entre indifféremment dans la forme de toutes les sortes d’édifices. On la retrouve aux temples comme aux palais, aux portes des villes, enfin à tous les bâtimens où l’on met du luxe. Chambers a observé dans divers quartiers de Canton quatre espèces de ting. Les trois premières se voient à des temples, la quatrième dans plusieurs jardins. Il a figuré, à la planche 9 de son ouvrage, la forme qu’ont le plus communément les pagodes. C’est une répétition à peu près exacte du ting de la pagode de Cochinchine.

Tous ces édifices sont élevés sur un soubassement : on y monte par trois escaliers. C’est un carré, environné d’une colonnade de vingt colonnes qui soutiennent un toit surmonté d’une balustrade de bois, qui renferme une galerie régnante au second étage. Cet étage a la même disposition et les mêmes dimensions que l’inférieur. Il est couvert d’un toit d’une construction particulière aux Chinois. Les angles sont enrichis d’ornemens de sculpture qui représentent des dragons. La largeur de l’édifice est égale à la hauteur, et le diamètre du corps de bâtiment a les deux tiers de la largeur. Voyez Chinoise (Architecture).

Le mot pagode s’applique de même aux temples du plus grand nombre des peuples de l’Asie.

Diction. d’Archit. Tome III
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