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l’on vuide des objets qui le remplissoient on l’encombroient. On applique ainsi le mot qui exprime cette action au transport de plusieurs sortes de matières, et l’on dit :

VUIDANGE D’EAU. C’est l’étanche que l’on fait des eaux d’an batardeau, par le moyen de moulins, de chapelets, de vis d’Archimède et autres machines dont on use pour le mettre à sec afin de pouvoir y établir les fondations.

VUIDANGE DE FORÊT. C’est l’enlèvement des bois abattus dans une forêt, enlèvement qui doit être incessamment fait par les marchands à qui la coupe a été adjugée.

VUIDANGE DE TERRE. C’est le transport des terres fouillées, qui se marchande par toises cubes, et dont le prix se règle selon la qualité des terres et la distance qu’il y a de la fouille au lieu où elles doivent être portées.

VUIDANGE DE FOSSE D’AISANCE. C’est l’enlèvement des matières fécales d’une fosse d’aisance.

VUIDE, s. m. Ce mot s’emploie substantivement pour désigner une ouverture ou une baie dans un mur.

Ainsi on dit les vuides d’un mur de face ne sont pas égaux aux pleins, pour dire que les baies sont ou moindres en nombre, ou plus larges que ne le sont les trumeaux ou les massifs.

On dit espacer tant plein que vuide, ce qui signifie, par exemple, peupler un plancher de solives, en sorte que les entrevous soient de même largeur que les solives.

On dit aussi que les trumeaux sont espacés tant plein que vuide, lorsque dans une façade de bâtiment, ils ont la même largeur que les fenêtres.

On dit pousser ou tirer au vuide. Cette locution signifie qu’un parement de mur, une façade de maison déversent et sortent de la ligne d’aplomb.

VUIDES, s. m. pl. C’est l’expression la plus simple et la plus littérale, pour exprimer certaines cavités que l’architecte laisse à dessein dans des massifs de construction et de maçonnerie.

Ces vuides on les pratique pour deux raisons, l’une de légèreté, l’autre d’économie.

Par exemple, il y a telle masse de bâtisse, comme seroit l’attique d’un grand arc de triomphe, ou d’une porte colossale, qui doit présenter une grande superficie de construction à l’extérieur. Mais non-seulement il n’importe pas à la solidité de l’édifice que tout cet espace soit plein, il lui importe au contraire qu’on allégisse la charge de la voûte et des piédroits. On pratique alors une ou plusieurs chambres ou cavités, dans


cet attique, et c’est là une économie tout à la fois de surcharge de matière et de travail.

Les Anciens dans leurs grandes constructions de maçonnerie ont ordinairement mis en œuvre ces pratiques d’économie de plus d’une manière. C’est ainsi que le mur circulaire du Panthéon s’est trouvé allégé dans sa circonférence par plusieurs vuides, qui n’ont en rien diminué la force des points d’appui de la voûte.

On sait qu’ils employèrent avec plus de détail dans la maçonnerie de leurs grandes constructions un antre moyen d’y ménager des vuides. Je veux parler de ces grands pots de terre vuides qu’ils mêloient et lioient par le mortier avec les mœllons et les pierrailles, ainsi qu’on le voit au cirque de Caracala. Par cet expédient ils allégissoient singulièrement les massifs, sans rien ôter à leur superficie. Chacun de ces pots avoit la propriété de produire une espèce de petite voûte dans le noyau même de la construction.

Dans les constructions en pierre de taille, les Modernes pratiquent aussi des vuides pour l’allégement des masses ; mais ils ont ordinairement recours à l’art des voûtes selon toutes les sortes de courbes par raison de solidité.

VUIDES ET PLEINS. A l’article PLEIN (voyez ce mot), on a déjà fait connoître sous quelques points de vue de la critique du goût en architecture, ce qu’on appelle accord entre les vuides et les pleins. Ces deux mots expriment effectivement ce qui, par le fait, constitue, dans un sens à la vérité matériel, tous les édifices. Excepté les constructions des murailles, des clôtures, des fortifications, qui n’admettent points de vuides, tous les autres travaux de l’art de bâtir, sont des assemblages de parties pleines et de parties vuides.

Or il est certain, et les sens tout seuls nous le démontrent, que plus il y aura de parties de constructions missives, c’est-à-dire de pleins, dans un édifice, plus il y aura de moyens de solidité, et le contraire sera dès-lors réciproquement vrai.

Il faut cependant entendre cette assertion, et le fait qu’on vient de poser, avec les conditions et les restrictions que ce fait comporte.

Il doit d’abord être bien entendu, que la chose n’est vraie, que sous la condition, que les règles ordinaires de la solidité seront observées dans la bâtisse de l’édifice. Sinon des parties de construction massives, ou de grands pleins, sans fondation, ou qui pêcheroient par des matériaux ou des fondemens vicieux, auroient certainement moins de durée, que des pleins trop légers, et disproportionnés à leurs vuides, mais qui reposeroient sur d’inébranlables substructions.

On doit ensuite restreindre les applications du principe de solidité dont on a parlé, aux constructions continues, aux devantures de maisons, de palais, aux murs des monumens qui ont à