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par quinze autres courbes, dont le plan est dirigé vers le centre de la voûte. Il résulte de ce système, dont le type est bien certainement celui de Philibert Delorme, il résulte, disons-nous, un ensemble desept cent soixante et cinq caissons diminuant progressivement, et produisant un effet assez agréable. Toutes les pièces de cet assemblage, au nombre de 1071, sont en fonte de fer. Elles ont été réunies avec des clavettes et des boulons, à écrous en fer forgé. Cette sorte de charpente en fer est couverte en cuivre laminé et étamé. On y a employé 3549 feuilles. La dépense totale de cette coupole s’est élevée à 70, 000 francs.

Long-temps avant cet ouvrage, le fer avoit été employé en Angeterre, à défaut de pierres, pour faire des arches de pont voûtées, et cet art a reçu dans ce pays, toute l’extension dont il paroît susceptible. Voyez l’article PONT.

Nous avons rendu compte de toutes les pratiques et de toutes les matières, dont l’architecture peut user, pour donner, selon les temps, les lieux et les sommes dont elle peut disposer, aux intérieurs des édifices, une élévation qui contribue singulièrement à leur effet, et aux impressions de grandeur attachées à l’aspect produit par l’art de voûter. Il est sensible que la voûte a partout, sur le plafond, l’avantage d’agrandir l’espace d’un local donné. Le plafond d’ailleurs n’a guère lieu, que par l’emploi du bois taillé en solives ; or la portée de ce genre de matière est assez bornée, et l’on ne sauroit lui donner une certaine étendue, que par des assemblages de charpente, qui promettroient difficilement une grande solidité.

On croit assez généralement, que les temples des Anciens étoient plafonnés en bois, et la chose devient probable quand on voit les incendies assez nombreux qui causèrent leur destruction. Mais, comme on a eu plus d’une occasion de le dire, les temples du christianisme sont subordonnés à des convenances tout à fait opposées aux convenances du culte païen, c’est-à-dire, que leurs intérieurs recevant la multitude des fidèles, doivent avoir de tout autres dimensions que celles du naos antique. L’étendue de celui-ci, dans les plus vastes temples païens, formeroit à peine celle de nos petites églises. Quatre-vingt-dix pieds sont la mesure en longueur de l’intérieur du temple de Minerve à Athènes, dont la masse extérieure comprenoit toutefois deux cent vingt pieds de long. La largeur intérieure du naos étoit de cinquante-sept pieds. Deux rangs de colonnes divisoient cette largeur en trois nefs. Celle du milieu n’ayant de large que trente-trois pieds, rien ne fut plus facile que d’établir un plafond composé de solives d’une assez modique portée. Ce qu’on dit ici du temple de Minerve à Athènes, on doit le dire du temple de Jupiter à Olympie qui eut des dimensions absolument semblables. Il y en eut sans doute d’une plus grande


étendue, surtout dans l’Asie mineure ; mais la partie intérieure, ou le naos proprement dit, subordonné presque toujours au même plan, ne dut jamais offrir de sérieuses difficultés, aux couvertures en plafonds de charpente.

Nous avons eu encore l’occasion de faire pressentir ailleurs, que rien n’empêche d’imaginer la nef du milieu des temples périptères, dont il est ici question, couverte en voûte de charpente, et nous avons montré, que le passage même de la description, par Strabon, du temple d’Olympie, donne à penser que sa couverture fut cintrée.

Du reste, que l’art de voûter en bois de grands intérieurs ait été usuel dans l’antiquité, c’est ce que nous apprenons de Vitruve, par la description qu’il nous donne, lib. 6, cap. 5, des grandes salles appelées les unes égyptiennes, les autres corinthiennes. La salle égyptienne, selon son récit, avoit deux ordres de colonnes l’un sur l’autre, et ces colonnes supportoient un plafond orné de caissons. Au contraire la salle corinthienne n’avoit qu’un rang de colonnes en hauteur, audessus duquel s’élevoit une couverture cintrée, ou une voûte, curva lacunaria ad circinum delumbata. Le même Vitruve nous apprend qu’il avoit couvert sa basilique de Fano, par une voûte (altœ testitudinis) formant un aspect agréable. Or toute celle construction, moins les colonnes et les murs, étoit en bois de charpente. (Vit. tib. 5, c. 1. )

Vitruve, comme l’on voit, a fait remarquer le parti qu’il avoit pris d’une couverture cintrée (ce qui paroît n’avoir pas eu lieu généralement dans les basiliques), comme produisant un agréable effet, prœstat speciem venustam.

Oui, il fant en convenir, la voûte est une beauté incontestable en architecture. Ce n’est pas seulement à l’idée de dépense, ou de difficulté vaincue, que l’intérieur d’un grand local voûté doit le plaisir que sa vue nous procure ; ce plaisir tient au sentiment, et tout ensemble à l’instinct. L’imagination seule suffit pour établir le parallèle des sensations, que nous font éprouver une couverture en plafond, et une couverture en voûte. La première semble peser sur le spectateur, la seconde élève son esprit et sa pensée. C’est presqu’une impression physique. Qui ne l’a pas éprouvé à la vue de la coupole du Panthéon de Rome ? Qui n’a point été saisi d’une sensation inconnue ailleurs, sous les voûtes immenses de la basilique de Saint-Pierre, et d’autres églises où l’ouvrage de l’homme, en quelque sorte rival de celui du créateur, semble porter toutes nos idées vers le ciel ? Qu’on suppose, et à la même hauteur, une couverture plane, la moitié de cet effet se trouveroit détruit. Il y a dans la ligne courbe quelque chose qui participe de cet indéfini qui plaît à notre ame.

Ce n’est pas qu’on veuille contester ici les