Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/645

Cette page n’a pas encore été corrigée
VOU VOU 637


couvrir les espaces vides des bâtimens. Or les moyens de voûter consisteront dans l’emploi des pierres de taille, de la maçonnerie, de la charpente avec tous les procédés d’assemblage du bois, soit en grandes parties, soit en petits morceaux ou voliges ; ils consisteront dans l’emploi des matériaux et des barres de fer naturel ou fondu, ou de tout autre métal.

On ne sauroit dire de combien de manières, l’architecte peut disposer, pour voûter les intérieurs de ses édifices. Outre celles dont on a parlé à l’article VOUTE, et qui, dispendieuses de leur nature, n’appartiennent guère qu’aux grandes constructions, ou a vu au mot POTERIE, que depuis quelques années on avoit imaginé, pour faire des voûtes plates, sans pesanteur et sans poussée, d’employer des pots de terre assemblés par le mortier, lesquels, offrant beaucoup plus de vide que de plein, remplacent avec quelques avantages la brique, et comme elle, mettent cette construction à l’abri des incendies. Beaucoup de voûtes plates des galeries du Palais-Royal, à Paris, sont faites de cette manière, et quelques-unes n’ont, depuis près de quarante ans, donné aucun symptôme de désunion. Cesvoûtes en plafonds reçoivent, avec autant de facilité que d’économie, l’ornement des caissons, en stuc ou en plâtre, dont on veut les décorer.

L’architecte emploie de plus d’une façon le bois pour voûter. Nos édifices sont remplis de grandes constructions cintrées ou sphériques, en bois de charpente. Telles sont les courbes des voûtes externes du plus grand nombre de nos coupoles, qui ont pour objet, soit de porter leur masse au-dehors à une plus grande élévation, que ne le comporte la courbe de la voûte sphérique intérieure, soit de mieux proportionner leur forme, et de la mettre dans un plus juste accord avec l’ensemble qu’elle doit couronner, soit, en servant de support à la lanterne qui en est l’amortissement ordinaire, de soulager de cette surcharge les voûtes intérieures.

Il est peu de grandes salles, dans les palais du Louvre, des Tuileries, ou autres, et particulièrement aux appartemens des étages supérieurs, dont les couvertures, et ce qu’on appelle les plafonds, en dépit de l’impropriété du mot, ne soient des constructions cintrées en bois, qui ont l’avantage de ne produire ni poussée, ni écartement, et d’être plus légères à la fois, et moins dispendieuses ; ajoutons que leur réparation est plus facile. Cependant elles n’offrent ni contre les efforts du temps, ni contre les accidens du feu, la même sûreté ni d’égales garanties.

On ne peut pas se dispenser, de faire ici mention d’une autre manière de voûter plus économique encore et plus légère, et qui consiste à faire des couvertures cintrées, ou des voûtes de toute espèce en bois ; le bois employé non plus en grandes pièces de charpente, mais simplement


en voliges. On veut parler du procédé de charpente inventé par Philibert Delorme, et dont nous avons décrit ailleurs (voyez DELORME) la méthode et les procédés. Entre les différens exemples qu’on peut citer, de l’application de ce procédé à l’art de voûter, nous croyons devoir faire mention de la grande voûtesphérique qui fut exécutée en voliges, sur la Halle aux Blés de Paris, en l’année 1782.

Cette coupole, d’un diamètre presqu’égal à celui du Panthéon de Rome, produisoit le plus grand effet, et paroissoit d’une légèreté prodigieuse. L’œil parcouroit une voûte immense, qui, dans un développement de 188 pieds, s’élevoit à plus de 100 pieds au-dessus du sol. Il paroissoit difficile de concevoir, comment elle pouvoit se soutenir ainsi découpée, et ayant tout au plus un pied d’épaisseur. Vingt-cinq rayons lumineux ou côtes, y introduisoient une belle lumière. Cette voûte sphérique vingt ans après sa construction, fut consumée en quelques heures, par la négligence d’un plombier occupé à l’entretien des tôles de métal qui la couvroient.

Ceci nous conduit à faire considérer un autre procédé ou système de faire les voûtes, de quelqu’étendue qu’elles soient, par des assemblages de métaux.

On sait que les Anciens pratiquèrent celle méthode dans de grandes constructions ; et la vaste salle des Thermes de Caracalla, appelée cella Solearis, avoit été voûtée ou plafonnée par des assemblages métalliques.

Après l’incendie qui consuma la couverture en voliges de la Halle aux Blés, on en revint au projet présenté plusieurs années auparavant, et l’on adopta le système d’une voûte métallique.

La Halle aux Blés de Paris est le premier, et jusqu’à présent le seul monument, qui ait été voûté et couvert uniquement en fer et en cuivre. Pour ce nouveau genre de construction, qu’on pourroit employer ailleurs avec avantage, on a préféré le fer coulé, qui est moins sujet que le fer forgé, à se dilater ou à se condenser suivant les variations de l’atmosphère. Ces différences ont été calculées par l’architecte M. Belanger, et l’assemblage de toutes les parties qui composent sa coupole, doit fixer l’attention des constructeurs, parce que tout y est tellement étudié et prévu, que les différens métaux qui composent cet ensemble, peuvent suivre les impulsions atmosphériques, sans éprouver de résistance, et sans compromettre ainsi la solidité de l’édifice.

Comme cette voûte est, sous bien des rapports, un ouvrage fort curieux, nous pensons qu’on ne lira pas sans intérêt quelques détails sur sa construction. Elle est composée de cinquante et une courbes, s’élevant dans un plan vertical, depuis la corniche jusqu’à la grande fenêtre circulaire, ouverte au sommet de la couverture. Ces courbes sont entretenues dans toute la circonférence,