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VIT VIT


experts font d’un lieu où l’on veut bâtir, ou de quelqu’ouvrage contentieux, pour en faire leur rapport à l’autorité, ou pour procéder à l’estimation d’une bâtisse, s'il y a lieu.

VITRAGE, s. m. Terme général, par lequel on exprime l’ensemble de toutes les parties vitrées d’un local ou d’un bâtiment.

Le vitrage est devenu dans l’architecture moderne un objet important, et dont il n’étoit guère possible que l’architecture antique s’occupât, parce qu’il n’est guère probable qu’elle en ait eu besoin. Ce n’est pas que les Anciens n’aient pratiqué d’abord, par l’emploi des pierres spéculaires, et ensuite par celui du verre, plus d’un moyen de clôture pour les intérieurs, et plus d’une méthode propre à y introduire la lumière. Voyez Fenêtre, Spéculaire.

Cependant beaucoup d’usages nouveaux ont nécessité, chez les Modernes, des pratiques de clôture et d’éclairage qui ne durent point être connues des Anciens. La différence des religions, des climats et des mœurs, devoit influer de plus d’une manière sur certaines institutions, telles, par exemple, que celles des édifices sacrés. On voit tout d’un coup comment le plus grand nombre des temples païens, n’avoit besoin que de la lumière de la porte, et comment une seule ouverture dans le comble des plus grands, pouvoit suffire à des naos dont la dimension intérieure approchoit à peine de celle de nos plus petites églises. On sait en outre que l’intérieur des temples antiques n’étoit ni capable de recevoir, ni destiné à contenir la multitude ; que toutes les cérémonies du culte étant extérieures, le contraire de ces usages dut amener, dans le christianisme, les plus grandes diversités. Or, une des plus importantes et des plus sensibles consiste dans l’immensité des intérieurs d’églises, comparés aux plus grands des plus vastes temples païens. Le mot église signifie assemblée. Il fut donc indispensable de procurer à d’aussi considérables réunions, avec une étendue de local proportionné dans toutes ses dimensions, de grandes et nombreuses ouvertures pour la lumière.

Les églises gothiques offrirent, par lu nature seule de leur construction, et dans la procérité de leurs élévations, des fenêtres immenses et multipliées. L’usage des vitraux coloriés par assemblages, donna encore plus de vogue à ce grand système de vitrage, qui devint, dans le fait, une des principales décorations des intérieurs. Ce système du vitrage tient, en quelque sorte, à la construction des meneaux en pierre qui divisent les vides des arcades supérieures, lesquelles se trouvèrent converties en fenêtres. Il tient au genre d’assemblage des montans et traverses de fer qui reçoivent les compartimens des vitres, et leur donnent une très-grande solidité. C’est à ce système de vitrage qu’on doit ces belles roses qui ornent ordinairement, dans les églises gothiques, les deux parties supérieures des bras, ou de ce qu’on appelle la croisée de l’édifice, assemblage très-agréable de croisillons et de nervures de pierre, dont les intervalles sont remplis de toutes sortes de vitraux diversement coloriés.

Vitrage dit aussi, par une locution générale, pour exprimer, dans un intérieur quelconque, une division de deux pièces, formée par une clôture en verres.

VITRAIL, s. m. On pourroit regarder ce mot comme tout-à-fait synonyme du précédent ; si ce n’est que le premier semble embrasser quelque chose de plus général, soit comme regardant l’art d’employer le verre et les vitres à fermer les ouvertures des édifices, soit comme comprenant dans son ensemble les parties dont il se compose. Or, ces parties sont précisément les compartimens de verre qui, scellés et ajustés dans des cadres quelconques, forment ce qu’on peut appeler des vitraux. Le vitrail effectivement diffère de la vitre, comme un tout diffère de ses parties.

On use plus fréquemment du mot vitrail au pluriel qu’au singulier ; celui-ci paroît être, plutôt technique. Mais on dira d’une église qu’elle a do beaux vitraux, que les vitraux de tel monument sont un ouvrage de tel ou tel siècle.

VITRE, s. f. , de vitrum, qui veut dire verre. On donne ce nom à des carreaux ou plaques de verre, de toutes formes et de dimensions différentes, dont on remplit les espaces plus ou moins grands, que forment les montans ou les traverses des châssis, le plus souvent en bois, qui servent à fermer les ouvertures des fenêtres. La vitre sert ainsi de clôture, et en même temps qu’elle intercepte l’action de l’air extérieur, elle laisse passage à la lumière dans l’intérieur des chambres et des appartemens.

Nous avons eu déjà occasion de faire voir, que l’usage du verre remonte à la plus haute antiquité. Les textes des plus anciens écrivains, et les restes les plus nombreux d’ouvrages les plus antiques en verre, ne sauroient permettre d’en douter. (Voyez Verre.) Il ne paroît pas qu’il en ait été de même des carreaux de verre appliqués aux châssis des fenêtres. Au mot Pierre spéculaire nous avons rendu compte de quelques-unes de causes qui rendirent moins nécessaires, qu’on ne pourroit le croire, chez les Anciens, l’usage des carreaux de vitre. Beaucoup de matières équivalentes en tenoient lieu quant à la transparence ; et à l’égard de la clôture que produit aussi la vitre, chacun sait par combien de sortes d’objets on peut y suppléer, et combien la différence des mœurs et du climat rendoit les intérieurs des maisons, moins susceptibles de certains agrémens et des commodités qu’exigent aujourd’hui, et dans nos pays, la manière de vivre et les usages de la société.