le meilleur de tous les héritages, une tradition de bonnes leçons, de bons exemples, et une belle réputation à soutenir.
Le jeune Vanvitelli, dès six ans, manioit déjà le crayon, et dessinoit d’après nature. Peintre habile, et maître, à l’âge où l’on n’est ordinairement qu’élève, il n’avoit que vingt ans, lorsque le cardinal Aquaviva lui fit peindre à fresque, dans l’église de Sainte-Cécile, la chapelle des reliques, et à l’huile, le tableau de la sainte. Plus d’un ouvrage de ce genre le classoit déjà parmi les meilleurs peintres de son temps. Mais dès-lors un autre art partageoit ses hommages, et devoit s’emparer de tout son génie. Etudiant sous lvara l’architecture, il promettoit de surpasser bientôt son maître.
Aussi le cardinal de Saint-Clément n’hésita point de le conduire très-jeune encore à Urbin, pour restaurer le palais Albani. Là Vanvitelli fut chargé de construire les églises de Saint-François et de Saint-Dominique. On peut dire que son talent et sa réputation n’eurent point de jeunesse ; car à vingt-six ans il fut fait architecte de Saint-Pierre. Cette grande basilique étoit à la vérité terminée dans ses plus importantes parties. Mais sa décoration intérieure demandoit encore de très-importans travaux. De ce nombre étoient ceux des grandes mosaïques qui ornent ses chapelles, et y remplacent les tableaux dans des dimensions appropriées au local, et que la plupart des originaux n’avoient point. Vanvitelli en copia lui-même plusieurs pour être traduits en mosaïque.
Il participoit dès-lors à tous les grands travaux de son époque, soit en réalité, soit en projet. Associé à Nicolas Salvi dans la conduite des eaux qui devoient arriver à la fontaine de Trévi, il partagea ses fatigues. Lui-même, dans des mémoires écrits de sa main, et que conserve l’Académie de Saint-Luc à Rome, il nous apprend qu’il concourut volontairement avec beaucoup d’autres d’architectes au projet du grand portail de Saint-Jean-de-Latrun. Vingt-deux dessins surent exposés dans une salle du palais Quirinal au jugement des académiciens. Les projets de Vanvitelli et de Nicolas Salvi furent préférés. Mais le pape adjugea l’ouvrage à Galilei. Il confia à Salvi le grand ouvrage de la fontaine de Trévi, et à Vanvitelli les travaux d’Aucône. Ce dernier avoit présenté deux dessins de portail pour Saint-Jean-de-Latran, l’un avec un ordre unique de colonnes, l’autre composé de deux. Ce dernier avoit son ordre inférieur en colonnes corinthiennes isolées, celui de dessus étoit composite, avec frontispice, balustres, et de grandes statues.
Vanvitelli alla donc à Aucône, où il construisit un lazaret pentagone avec un bastion, un môle de trois cents palmes (romains) de longueur sur cinquante de profondeur, avec une belle entrée ou porte ornée de colonnes doriques. Il eut, sans
sortir de cette ville, à faire exécuter un grand nombre de projets soit de sa, composition, soit de restauration : par exemple, pour la chapelle des reliques de San Ciriaco, pour l’église du Jésus, pour celle de Saint-Augustin, pour la maison des exercices spirituels, à Macérata pour la chapelle de la Miséricorde, à Pérouse pour l’église et le monastère des Olivetains, à Pesaro pour celle de la Madelaine, à Foligno pour la cathédrale, à Sienne pour l’église de Saint-Augustin.
En 1745, il entreprit, dans un séjour qu’il fit à Milan, de donner un projet de frontispice, pour la cathédrale de cette ville. Ce projet avoit l’avantage d’offrir un parti d’architecture mitoyen entre le style antique et le style gothique, Rien ne pouvoit mieux s’assortir au caractère mixte du monument. Mais les circonstances politiques du temps ne permirent pas de donner suite à cet ouvrage, et le portail est encore en projet.
A Rome Vanvitelli, fit quelques augmentations à la bibliothèque du collège des Jésuites, et des restaurations à leur maison de Frascati appelée la Rufinella. Il composa une chapelle de la plus grande richesse, qui fut transportée et placée dans l’église des Jésuites à Lisbonne. Mais sa plus grande entreprise à Rome fut le couvent de Saint-Augustin, édifice des plus considérables, entre tous ceux de cette ville.
Ce fut lui qui exécuta la célèbre opération des cercles de fer, qui furent placés autour de la coupole de Saint-Pierre, dans l’intention d’arrêter le progrès des désunions ou lézardes qui s’y étoient manifestées, vers le commencement du dernier siècle. Lui-même il a laissé une description des moyens qui furent employés. L’expérience semble avoir prouvé depuis, que cette désunion, dont on s’alarma tant alors, avoit pu n’être qu’un effet assez naturel, ou de quelque négligence dans l’opération de la bâtisse, ou du retrait de la maçonnerie, et qu’elle ne provenoit d’aucun vice dépendant de la courbe de la voûte, attendu que les coupoles sphériques ne produisent aucune poussée, et l’on a conclu, que les cercles de fer étoient inutiles. Bottari a beaucoup combattu cette opération. Croyant que cette sorte de désunion devoit être le propre de toutes les coupoles, il en a inféré qu’il ne falloit point faire de coupoles. Question par trop étrangère à cet article.
Vanvitelli, dans les Mémoires déjà cités, se donne pour l’auteur du grand pont de charpente, dont on se servit à l’intérieur de la coupole de Saint-Pierre, pour remplir les intervalles opérés par les lézardes. Mais Bottari et Rome entière en attribuent l’envention à Zabaglia. Il y a encore entre ce dernier et Fontana un pareil conflit, sur une construction du même genre. Ce qu’on doit dire à ce sujet, c’est que sort naturellement il peut y avoir débat entre celui qui invente ce qu’il