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sa largeur est de treize plèthres. » C’est-à-dire, selon le traducteur, M. Larcher, cinq cent quatre-vingt-dix-huit toises deux pieds dix pouces de tour. Ainsi, dit-il, les deux petits côtés devoient être chacun de quatre-vingt-quatorze toises trois pieds huit pouces.

Le plan de ce soubassement, d’après ces mesures, est facile à connoître : c’étoit un carré ayant deux côtés, doubles en longueur des deux autres, et c’étoit sur ce quadrangle parallélogramme, bâti en grandes pierres, qui servoit de soubassement (crépis) au véritable monument, que s’élevoit ce dernie. Rien de plus simple à imaginer.

On ne sauroit nier qu’un tel soubassement, construit en pierres, n’ait été un ouvrage d’une assez notable dépense. Mais enfin, ici, comme dans toutes les autres constructions, le soubassement n’a jamais pu être regardé comme une merveille, et l’on ne sauroit s’expliquer ce qui auroit pu motiver l’admiration d’Hérodote, si tout le reste n’avoit consisté qu’en une simple levée de terre. Hérodote, cependant, ne parle que d’une montagne ou d’un monceau de terre, χωμα γηε. J’ai dit montagne ou monceau ; ce put être, en effet, une élévation naturelle, comme cela cut certainement lieu dans beaucoup de tumulus. Ce put être aussi une butte artificielle, et, si l’on veut, tout à la fois l’un et l’autre, c’est-à-dire, une hauteur naturelle, surchargée de terre et ainsi exhaussée par l’art. Mais quelque hypothèse qu’on adopte, reste encore à chercher ce qu’il y avoit là, qui eût mérité d’être vanté comme un immense ouvrage, εργον πολλον μειιστον, à moins de supposer, ce que le commencement de la description rend inadmissible, que l’écrivain n’auroit entendu parler que de la grandeur linéaire, chose assurément bien peu remarquable dans une butte de terre.

Disons donc que le monument d’Alyates dut être quelque chose de plus, que ce qu’indiquent au sens simple, les mots χωμα γης. Aussi, M. de Caylus a-il avancé que par le mot γης, terre, il falloit entendre non pas simplement de la terre, mais de la terre cuite, autrement dit, une construction en briques. Nous ne croyons pas qu’on puisse se permettre une telle interprétation ; d’abord, parce que l’usage de ces tombeaux, formés d’une simple terre, fut, comme on l’a vu, extrêmement commun. Tel étoit en Grèce le tombeau de Phocus, ταφος χωμα εστι, entouré d’un soubassement, περιεχομενος χνχλω χρηπιδι. Disons ensuite que lorsqu’il s’agit d’édifices bâtis en briques ou en terre cuite, nous voyons que les écrivains grecs ne manquent point de dire οπιης γης.

Il y a, selon nous, une manière de concilier l’idée trop simple qui résulte des mots d’Hérodote, χωμα γης, agger terrœ, avec l’opinion que sa notion, très-abrégée sans doute, force


toutefois de concevoir, c’est-à-dire celle d’une vaste entreprise, qui ne le cédoit qu’aux immenses travaux de l’Egypte et de Babylone.

Nous trouvons ce moyen de conciliation dans un vaste tumulus, qui fut, à Rome, le mausolée d’Auguste. Nous l’appelons tumulus, et, d’après l’idée élémentaire des monumens de ce nom, ou va voir que cette dénomination lui convient parfaitement. D’abord, Strabon, dans courte notice qu’il en a donnée, l’appelle χωμα, agger. Ensuite, des plantations d’arbres toujours verts (probablement des cyprès) s’élevoient, dit-il, jusqu’à son sommet ; ce qui prouve que sa masse étoit formée de terre.

Nous ne croirons pas, en effet, que la magnificence du mausolée d’Auguste, se seroit bornée à être un monticule de terre rapportée sur le bord du Tibre, et dont les pentes auroient en des arbres plantés, ce qui eût ôté au tumulus jusqu’à la forme de monument, et se seroit trouvé bien peu en accord avec la statue colossale, en bronze, de l’empereur au sommet.

Ce qui reste encore aujourd’hui de ce vaste tombeau, et qui se réduit à la partie circulaire de sa périphérie inférieure, nous montre, qu’outre le soubassement de marbre dont parle Strabon, il y avoit d’autres parties de construction. Aussi, d’après l’indication de ces vestiges, et la notion de Strabon, on n’a point hésité à restituer, il y a déjà long-temps, la masse de ce monument d’une manière qui répondît à son importance ; ce qu’on a fait en établissant, dans toute cette élévation, des terre-pleins et des murs de terrasses en amphithéâtre ou en retraite les uns sur les autres. Et c’est alors que l’on conçoit comment des cyprès, plantés par étages sur ces terrasses, ont pu faire un effet théâtral, et conduire l’œil du spectateur, avec beaucoup d’agrément, vers la partie du sommet que couronnoit la statue d’Auguste.

Ainsi, l’idée de terrasses ou de terre-pleins par étages et plantés d’arbres, loin de contredire celle du tumulus primitif, s’y applique tout naturellement. Sans doute, un tel monument pouvoit être appeléχωμα, agger. Cependant, qui ne voit que l’addition des constructions de l’art, faites à cette butte de terre, dut, selon la hauteur et le nombre des périphéries, faire de cette masse un ensemble des plus dispendieux ?

Ne seroit-il pas permis maintenant de supposer, à l’égard du tumulus d’Alyates, et pour justifier la grande admiration d’Hérodote, que ce monument, qui, selon l’écrivain grec, ne le cédoit qu’aux entreprises de l’Egypte et de Babylone, au lieu de n’être qu’une simple butte de terre naturelle ou rapportée, auroit pu aussi, sans cesser d’être et de pouvoir être appelée agger terrœ, présenter un composé de terrasses circulant par étages, soit horizontaux, soit en spirale, solidement construits, et s’élevant à une