local même de la salle, c’est-à-dire le lieu où se tiennent les spectateurs. Il est fort inconvenant surtout d’un assez grand nombre de places, de voir l’acteur en costume grec ou autre, confondu pour l’effet, avec les spectateurs, et si cela est autorisé par le besoin qu’ont d’entendre ceux qui occupent le fond du théâtre, il paroît qu’il ne s’agiroit, en construisant, la salle, que de rapprocher ce fond, d’autant de pieds, qu’on en donne à l’empiétement de l’avant-scène.
Pour la même raison, il seroit on ne peut pas plus convenable, de supprimer toutes les loges qui, dans le plus grand nombre des théâtres, occupent les parties latérales de l’avant-scène. Notre avantscène, dans le système de nos représentations dramatiques, doit être considérée uniquement, pour son effet, et dans l’intérêt de l’illusion scénique, comme le cadre d’un tableau. La scène, durant l’action, est une peinture, ou, si l’on veut, un tableau mouvant, que l’avant-scène doit circonscrire et isoler du spectateur, et par conséquent du reste de la salle.
Le goût entre aussi pour beaucoup dans ce qu’on appelle convenance, mais on peut en séparer les préceptes, pour tout ce qui tient à certains principes de vraisemblance dans la construction et aux détails de la décoration.
Le goût, par exemple, répugne à certaines inventions de l’avant-scène qui osfriront dans sa traverse, toutes les parties d’un entablement que rien ne supporte. Mais où ce grave inconvénient devroit révolter les yeux, si l’habitude ne les y avoit familiarisés, c’est dans cette construction en porte-à-faux de tous les rangs de loges les uns au-dessus des autres. On n’ignore pas quelles sont les sujétions imposées à l’architecte chargé de la disposition d’un intérieur de salle de spectacle. On sait qu’il ne sauroit se permettre de donner aux loges, des colonnes pour supports. D’une part, la proportion en seroit par trop raccourcie ; d’une autre part, les colonnes deviendroient, pour les spectateurs, une gêne et un désagrément. Cependant n’en est-ce pas un pour l’esprit et pour les yeux, que ces loges remplies d’individus suspendus en l’air ? et s’il suffit, pour se rassurer sur le danger, de savoir que ces galeries reposent sur des poutres scellées dans le mur, le goût, qui n’est pas tenu d’entrer dans ces combinaisons, n’en doit-il pas éprouver une impression pénible ? Il nous semble que l’architecte pourroit, en prenant quelque chose sur la hauteur totale de ses rangs de loges, faire paroître en dehors des espèces de mutules ornées si l’on veut, qui indiqueroient au moins une apparence de support, et qui, figureroient, dans les plafonds, des espèces de caissons.
Il y auroit bien d’autres remarques de goût et de raisonnement à saire, sur le système général de nos salles de spectacle. Mais tant que ces sortes d’entreprises seront subordonnées aux vues de quelques intérêts particuliers, et aux calculs du
produit des places, il ne faut point se flatter de voir jamais un ouvrage, qui réponde à la fois aux conditions de la forme et de la disposition nécessaires pour bien voir et bien entendre, aux convenances que l’intérêt de la représentation dramatique exigeroit, et aux règles que le goût devroit prescrire.
Aussi n’alongerons-nous pas davantage cet article, sans doute beaucoup trop court, si l’on considère l’innombrable quantité de détails minutieux, et de points de vue que les usages modernes ont multipliés, mais peut-être aussi beaucoup plus long, que ne le comporte un sujet, d’où l’art véritable de l’architecture se trouve en grande partie exclus.
On applique, par analogie, le mot théâtre à quelques autres emplois, mais auxquels il convient, puisque le verbe grec θεομαι dont il est formé, signifie voir, contempler, regarder. Or, tout ce qui est disposé pour être mis en vue, et fixer les regards de nombreux spectateurs, s’appelle fort naturellement théâtre. Ainsi l’on dit :
THÉATRE ANATOMIQUE. C’est, dans une école de médecine ou de chirurgie, une salle avec plusieurs rangs de sièges disposés en amphitéâtre circulaire, et une table de démonstration placée au bas, avec le siège du professeur, en sorte que de tous les points des bancs de cette sorte de théâtre, les élèves puissent distinguer les objets qui sont la matière des leçons. Ainsi est construite la salle de démonstration anatomique de l’Ecole de médecine à Paris : on la nomme aussi amphithéâtre.
THÉATRE D’EAU. On appelle ainsi, dans les grands jardins royaux surtout, une certaine disposition de plusieurs allées d’eau ornées de rocailles, de figures, etc. , dont on obtient divers changemens, dans une décoration perspective pour des fêtes ou des spectacles. Il y a dans les jardins de Versailles un semblable théâtre d’eau.
THÉATRE DE JARDIN. Espèce de terrasse élevée, avec un talus de gazon et un mur de revêtement, sur laquelle sont des allées d’arbres ou des palissades de charmille en perspective. Du côté opposé est un amphithéâtre formé de plusieurs degrés en pierre, bois ou gazon. L’espace plus bas entre le théâtre et les gradins, sert de parterre.
On met encore au nombre des théâtres de jardin, les théâtres de fleurs. Ils consistent en gradins élevés les uns au-dessus des autres, saits ordinairement de menuiserie, sur lesquels on place, en les entremêlant, des vases ou des caisses de fleurs, que l’on remplace ou qu’on renouvelle selon les saisons.
THÉATRAL, adj. m. Signifie, dans le langage ordinaire, ce qui appartient au théâtre, ce