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cades séparées par un grand intervalle, et elle se termine par une sorte d’attique. Au milieu du rang des portiques inférieurs, s’ouvre une grande porte, qui devoit être l’entrée principale des acteurs et des personnages scéniques employés dans les chœurs.

Des deux côtés de ce mur, formant la scène on trouve une entrée dans deux salles contiguës, qui sans doute servirent à contenir les personnages qui devoient arriver latéralement sur le théâtre, peut-être à d’autres usages encore.

Le haut du mur de la scène a, dans sa façade, plusieurs rangées de pierres saillantes (ou corbeaux) espacées également et trouées perpendiculairement pour recevoir ces mâts, à l’extrémité desquels on attachoit les voiles qui servoient à préserver les spectateurs de l’ardeur du soleil.

On ne peut se défendre d’un sentiment d’admiration, en voyant ce beau reste du théâtre d’Orange, sa belle construction, la régularité et la solidité de son appareil composé de pierres énormes, jointes sans aucun ciment, et dont quelques-unes sont longues de quinze pieds sur une épaisseur proportionnée.

Orange possédoit encore d’autres édifices antiques, un amphithéâtre, des thermes, un aqueduc. Il n’existe plus que quelques arcades qui sont enclavées dans les murs des maisons. Tout le sol de cette ville et de ses environs est une mine, qui rendroit certainement, si on la fouilloit avec soin, beaucoup de matériaux plus ou moins précieux pour l’histoire et pour les arts.

On y a déjà recueilli des mosaïques, des inscriptions, des fragmens de tombeaux, de statues, etc.

ORANGERIE , s. f. Bâtiment destiné à serrer les orangers pendant l’hiver, et dans lequel, au moyen de poêles, ou leur procure une atmosphère artificielle, portée à la température des climats d’où viennent ces arbres. Voyez le mot SERRE CHAUDE.

Les orangers et les citroniers sont en effet des arbres exotiques, et qui ne se sont acclimatés que difficilement en Grèce, et surtout en Italie.

Que ce soit les oranges ou les citrons que les Latins ont nommé mala aurantia, pommes d’or des Hespérides, apportées en Grèce par Hercule, on n’en peut fixer exactement la transplantation dans ce pays, qu’à une époque bien postérieure et indiquée par une comédie d’Aristophane, où un jeune homme présente des citrons à sa maîtresse, en lui disant que l’espèce en a été apportée tout récemment des Etats du grand roi à Athènes. Ils se répandirent bientôt dans toute la Grèce, mais il n’y en avoit pas encore en Italie du temps de Pline. Il dit qu’on en avoit apporté de la Grèce plusieurs fois, mais qu’ils n’avoient pu s’acclimater : ce ne fut qu’environ cinquante ans après, et du temps d’Adrien, qu’on trouva le moyen de


les faire venir de semence, et depuis lors l’Italie en fut remplie. Enfin, ils ne tardèrent pas à pénétrer en Provence et en Languedoc.

A l’égard des autres lieux où l’on élève des citroniers et des orangers, l’art supplée à la nature ; on les plante dans des caisses remplies de bonne terre amendée de certains terreaux, propres à y entretenir une chaleur proportionnée à celle du terroir, où ces arbres viennent naturellement. Ces caisses sont mises à l’air dans la belle saison, et ordinairement depuis la mi-mai jusqu’au mois d’octobre ; mais en hiver on les renferme dans des serres chaudes, auxquelles on donne le nom d’orangeries. Voyez la Quintinie,Traité de la culture des oranges.

Ces édifices, en forme de galerie voûtée et garnie de croisées et doubles châssis, sont bâtis à l’exposition du midi et à proximité du parterre où l’on range les caisses d’orangers dans la belle saison. Le parterre où ces arbres sont disposés d’une manière régulière, et qui n’est guère orné que de carrés de gazon, de vases et de statues, prend aussi le nom d’orangerie.

Quoique les orangeries ne soient absolument nécessaires que dans les pays du Nord, où les orangers ne peuvent résister en plein air aux rigueurs du climat, et ont besoin, pour exister, d’une atmosphère factice, on est forcé, même en Italie, d’employer des précautions pour garantir ces arbres de l’atteinte du froid ; les citroniers surtout sont très-délicats, et l’espoir de la récolte est perdu s’ils sont frappés de la plus petite gelée. On en forme, à l’exposition du midi, des espaliers disposés de manière qu’à l’arrière-saison on peut les garantir ; pour cela, on dispose des pierres d’attente saillantes du mur, ou enfoncées en terre à une certaine distance, et creusées pour recevoir des morceaux de charpente verticaux qui supportent un toit incliné, couvert en tuiles creuses ; les parois sont garnies de paillassons, et cette légère bâtisse, qu’on fait disparoître au printemps, suffit pour garantir les arbres de toute influence nuisible.

En France et dans le Nord, les orangeries sont devenues des monumens d’une grande importance, et on les a décorés de tout le luxe de l’architecture, et même de peinture à l’intérieur ; mais comme composition architectonique, l’orangerie de Versailles est, sans contredit, le plus beau monument de ce genre : il offre une masse et un développement qui lui donnent l’aspect d’un immense édifice. On a converti à cet usage ce qu’en Italie on nomme grottes, c’est-à-dire, les appartemens de rez-de-chaussée voûtés qui supportent des terrasses, et que, dans ce pays, on habite pendant les grandes chaleurs ; c’est surtout dans les sites où le terrain est inégal et escarpé, qu’on peut aisément se procurer ces sortes d’édifices, qui ont alors la propriété de se tenir à une température modérée et égale, comme les caves,


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