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ODÆ OEIL


reste, les villes de la Grèce en construisirent à l’envi. C’est après avoir fait mention de celui de Patras, que Pausanias parle du nouvel odéon d’Athènes, qui n’existoit pas encore, lorsqu’il passa dans cette ville, et qui, depuis son départ, avoit été construit par Hérodes Atticus.

Cet odéon étoit situé au pied de l’Acropolis, et du côté du sud-ouest. Quelques antiquaires croient qu’on en voit aujourd’hui les restes dans les ruines de l’édifice que presque tous les voyageurs out pris pour le théâtre de Bacchus C’étoit, selon Pausanias, un des plus beaux édifices de la Grèce, et il surpassoit en magnificence tous les autres odéons. Il en subsiste aujourd’hui assez pour faire connoître sa forme générale, c’est-à-dire qu’on en voit encore l’excavation faite dans le rocher, où l’on avoit taillé les siéges demi-circulaires ; une partie assez considérable du mur qui devoit occuper la place de la scène, et quelques arcades ouvertes faisant corps aujourd’hui avec les fortisications de la citadelle.

L’exemple des Athéniens fut suivi par d’autres villes de la Grèce, qui firent aussi construire des odéons Pausanias, toutefois, ne fait mention que de deux odéons bâtis, l’un à Corinthe, l’autre à Patras. Il est vrai qu’en parlant de celui de cette dernière ville, il donne assez à comprendre qu’il y en avoit aussi dans beaucoup d’autres villes. Peut-être faut-il inférer de-là que l’odéon n’étoit pas, comme le théâtre, le gymnase, etc., un édifice obligé pour chaque ville : peut-être aussi sa destination principale n’exigeoit -elle pas autant de dépense et d’étendue que celle du théâtre ; et Pausanias, dans ce cas, n’aura fait mention des odéons, qu’en raison de leur grandeur et de leur magnificence.

Plusieurs villes de l’Asie mineure eurent aussi des odéons. Celui de Smyrne étoit renommé, selon Pausanias, à cause d’un tableau d’Apelles qui représentoit les Grâces. Les voyageurs Pocoke et Chandler ont pris pour des odéons plus d’un édifice en forme de théâtre dans les villes d’Ephèse et de Laodicée ; mais Chandler, aux. débris nombreux de la sculpture qui enrichissoit l’édifice de Laodicée, a présumé qu’il devoit être d’architecture romaine.

Rome, plus tard, eut aussi des odéons. Fabricius, dans sa description de Rome, y en compte quatre. Mais de plus modernes critiques ont prouvé qu’il n’y en eut jamais que deux : le premier fut construit par Domitien qui, entr’autres jeux publics célébrés en l’honneur de Jupiter Capitolin, institua des combats de musique pour lesquels on érigea l’odéon ; le second, bâti sous Trajan, avoit été l’ouvrage de l’architecte Apollodore.

On trouveroit encore à citer, d’après les récits des historiens, d’autres odéons construits sous les Romains, dans différentes villes des pays qu’ils avoient conquis.

Le mot odéon est devenu, depuis quelque temps, un mot français, et on en a affecté le nom à un des théâtres de Paris, non par aucune similitude d’usage on de forme, mais par ce besoin qu’on a de chercher dans l’antiquité des dénominations nouvelles, à beaucoup de choses qui n’ont toutefois rien de nouveau.


ŒIL, s. m. Ce mot, en architecture s’emploie par métaphore, pour signifier certaines ouvertures ou fenêtres circulaires que l’on pratique le plus souvent dans les combles, dans les attiques ou dans les reins d’une voûte.

Les Grecs (on l’a déjà dit au mot Fenêtre) se servoient du terme opaion, formé d’opè, signifiant trou, ouverture, et par une métaphore en sens inverse de la nôtre, ils donnoient quelquefois ce nom à l’œil, parce que l’œil est regardé comme l’ouverture, et en quelque sorte la fenêtre, par où nous recevons l’impression visuelle des objets.

Les Anciens firent donc fréquemment de ces fenêtres que nous appelons du mot œil, au sommet de leurs édifices, et nous avons déjà cité celui que l’architecte Xénoclès pratiqua dans le comble du temple d’Eleusis.

C’est bien du mot œil qu’on doit appeler l’ouverture circulaire qui, percée au sommet de la voûte du Panthéon d’Agrippa, introduit la lumière dans son intérieur, et c’est de cette sorte qu’étoient éclairées, comme leurs ruines le témoignent encore aujourd’hui, beaucoup de salles circulaires qu’on voit à Pouzzol et à Rome, soit que ces édifices aient été des temples, soit qu’ils n’aient été que des parties de l’ensemble des thermes, discussion indifférente et étrangère à l’objet de ces ouvertures.

Œil-de-bœuf. Petit jour pris dans une couverture pour éclairer un grenier, un faux-comble. On appelle de même les petites lucarnes d’un dôme, telles que celles du dôme de Saint Pierre à Rome ; on y en compte quarante-huit en trois rangs.


Œil de dôme.C’est l’ouverture qui est au haut de la coupe d’un dôme, et que l’on couvre le plus souvent d’une lanterne.


Œil de volute. C’est le petit cercle du milieu de la volute ionique, où l’on marque les treize centres pour en décrire les circonvolutions.


Œil de pont. (Terme d’architecture hydraulique.) Nom que l’on donne à certaines ouvertures rondes au-dessus des piles, et dans les reins des arches d’un pont ; ce qu’on fait autant pour rendre l’ouvrage léger, que pour faciliter le passage des grosses eaux. Il y a de ces ouvertures, par exemple, au pont neuf de la ville de Toulouse, et à quelques ponts sur l’Arno, à Florence.