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ODÆ ODÆ


terre et d’Italie. La terre jaune d’Italie, dont la nuance approche du souci, est peu employée dans le bâtiment, sans doute à cause de sa rareté. — La terre de Sienne est une ocre d’un assez beau jaune, dont la finesse est extrême cette même terre grillée prend une teinte d’un beau rouge transparent. — La terre d’ombre est encore une espèce d’ocre ; c’est un brun très-foncé, mais d’un ton faux ; elle est très-avide d’eau. La terre d’ombre calcinée devient d’un brun-noirâtre, et acquiert de la transparence.

De toutes les couleurs employées dans le bâtiment, les ocres sont les plus solides et les moins coûteuses. Ces matières colorantes, avons-nous déjà du, varient de nuances es depuis le janne-clair jusqu’au brun le plus foncé, en passant par presque tous les tons de rouge intermédiaires : elles sont employées dans la peinture en détrempe, à fresque, à l’huile et à la cire, dont on encaustique les pavés et parquets. On se sert aussi des ocres pour colorer le plâtre dont on fait des revêtermens, et cette maniere de l’employer, connue des Anciens, ressemble assez au stuc. La couleur en est bien plus solide, n’étant pas superficielle, mais inhérente à l’enduit et en pénétrant la masse entière. Néanmoins les ocres entrent dans les badigeons, à l’intérieur comme à l’extérieur des édifices. Les ocres jaunes, broyées à l’eau ou à l’huile, servent surtout à donner les premières couches sur les boiseries qui doivent recevoir des couleurs plus chères et plus fines, ou sur celles que l’on peint seulement pour les garantir de l’action des pluies, tels que poteaux, barrières, portes, treillages, ponts de charpente, etc., el cette couleur, employée à l’huile, conserve les bois mieux que toute autre.

Le rouge de Prusse et celui d’Allemagne sont ceux qu’on emploie dans l’encaustique du pavé des appartenons. Ou donne maintenant la préférence à l’ocre jaune, ou bien à la terre de Sienne, ou à la terre d’ombre, qui imite la couleur des parquets en bois de chêne. Cette teinte est plus douce et plus amie de l’œil, qu’allée le désagréablement le rouge cru ou le jaune, rendu encore plus vis par son mélange aveu la cire lustrée par un frottement réitéré.

(A. L. C.)

OCTOGONE, adj. des deux genres. Figure qui a huit pans et huit angles.

OCTOSTYLE, adj. des deux genres. Se dit de l’ordonnance d’une façade d’édifice ou de temple, qui a huit colonnes à son rang antérieur.

Tel est le temple de Minerve, à Athènes ; tel est le Panthéon d’Agrippa, à Rome. Les ordonnances du diptère et du pseudodiptère, chez les Anciens, étoient octostyles.

ODÆUM. On laisse à ce mot sa terminaison latine, selon l’usage reçu pour tout les ouvrages d’antiquité, quoique l’on eût pu d’autant mieux lui laisser sa terminaison grecque, que cette terminaison est devenue celle du mot odéon en français. C’est pourquoi on eu usera dans le cours de cet article.

On donnoit le nom d’odéon, chez les Grecs, à une espèce d’édifice daus lequel les poëles et les musiciens disputoient les prix de musique, de chant et d’exécution instrumentale ; cela devoit répondre, relativement aux théâtres, à ce qu’est, chez les Modernes, la salle de concert.

Périclès, qui lil bâtir le premier odéon à Athènes, avoit eu l’intention qu’il servit aux choréges des différentes tribus, pour s’y exercer et pour y instruire les chœurs. L’odéon devoit aussi servir de magasin pour les objets employés dans les pompes solennelles et religieuses. Il eut encore une autre destination ; il offrit, comme portique, un refuge aux spectateurs assemblés dans le théâtre de Bacuhus, qui lui étoit contigu, lorsque la mauvais temps obligeoit de se mettre à convert. Quelquefois même il servit aux Athéniens pour y tenir des assemblées politiques.

L’odéon ressembloit par sa forme au théâtre, à cela près qu’il avoit beaucoup moins d’étendue, et qu’il recevoit une couverture. Aucun auteur ancien ne nous a laissé, toutefois, une description de cette sorte d’édifice, ni donné aucune mention de sa disposition intérieure. Vltruve ne parle qu’en passant de celui d’Athènes ; et quant aux ruines que plus d’un voyageur appelle des ruines d’odéon, rien de moins authentique que leurs notions, qui peuvent toujours s’appliquer à des restes de théâtre. Il est probable qu il ne devoit y avoir ni scène, ni précisément ce qu’on appelle le proscenium.

La disposition des couvertures on des toits des odéons ne nous est pas beaucoup mieux connue. Vitruve nous dit, à la vérité, que la toiture de l’odéon de Périclès avoit été faite avec les mâts et les antennes, ou vergues des vaisseaux pris sur les Perses par les Grecs à la bataille de Salamine. Pausanias nous apprend qu’on avoit donné à cette toiture la forme de la tente de Xerxès. Cette ressemblance extérieure, qui étoit toute seule un monument de victoire, porte à croire que le toit dont étoit couronné l’odéondevoit se terminer en angle fort aigu ou en cône. Les mâts auront tenu, dans cet assemblage de charpente, la place, et joué le rôle des chevrons dans les toits ordinaires. Les antennes, pièces de bois plus légères, auront fait l’office, des pannes placées transversalement pour recevoir les tuiles. Dans l’intérieur, s’il n’y eut pas de plafond, la charpente du toit aura été recouverte et façonnée en manière de voûte.

Il est probable que l’odéon construit à Athènes par Périclès, aura été le premier édifice de ce genre en Grèce : il n’y fut pas le seul, comme on va le dire, et plusieurs croient que cette ville vit successivement élever jusqu’à trois odéons. Du