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coupole constitue taute l’église, et sorme un ensemble des plus élégans. Monte-Fiascone renferme encore plusieurs petits palais d’un excellent goût d’architecture, dont les portes et les senêtres sont du meilleur style, et qu’on croit avoir été bâtis sur les dessins de Sanmicheli.

Mais c’est surtout ; à Vérone, sa patrie, qu’il paroît avoir consacré avec prédilection son lalent. Un des premiers et des plus agréables ouvrages qu’il y sit, fut, dans San-Bernardino, la chapelle Guareschi. C’est un petit temple circulaire, Orné d’un ordre corinthien. On y voit quatre Rensoncemens ; trois sont pour des autels, la porte occupe le quatrième. Quatre niches avec statues ornent les intervalles de ces renfoneemens. Les autels, les piédestaux, les srontons, leurs corniches, tout se consorme à la courbe du cercle parsait que décrit cet intérieur. Le jour y entre par quatre ouvertures flanquées de deux colonnes. De ces huit colones, quatre ont des cannelures perpendiculaires, et quatre eu spirale, seulement dans les deux tiers supérieurs de leur sût. Rien de plus parfait que l’exécution des sculptures en ornements de ce petit temple. C’est là surtout qu’il faut admirer la beauté de cette pierre particulière aux environs de Vérone, la plus précieuse que l’on connoisse après le marbre blanc, pour la couleur, la finesse, et la plus propre au travail du ciseau par sa fermeté. On la nomme bronzine, parce que, lorsqu’on la travaille, elle résonne comme le métal. Cette belle chapelle ne fut point terminée sous les yeux de Sanmicheli, que d’autres occupations appelèrent ailleurs, et l’absence de sa surveillance su fait remarquer, dans plusieurs, abus et. défauts, qui Causèrent à son auteur de vifs regrets. On l’entendit plusieurs fois se plaindre avec ses amis, de ce qu’il n’étoit pas assez riche, pour acheter ce monument, et le soustraire à l’avarice du propriétaire, qui, par une vile épargne, gâtoit ses idées et altéroit son invention.

Il faut citer de Sanmicheli, divers autres ouvrages, tels que :

La façade de Sainte-Marie in Organo, qui appartient aux Olivetains de Vérone, dont il n’a sait que donner le dessin : l’exécution n’eut lieu qu’après sa mort ;

La belle église de Notre-Dame, dite in Campagina : c’est une rotonde périptėre, ou environnée extérieurement de colonnes ; le plan en est des plus heureux ; l’exécution livrée à d’autres mains, ne répondit point à la beauté de la composition ;

Le projet d’un lazaret, dont l’économie gâta encore l’ordonnance et le bel ensemble ;

Le campanile de l’église du couvent de Saint-Georges, dont on confia la bâtisse à, un constructeur ignorant, et qu’il fallut ensuite reconstruire à nouveaux srais ;

Les travaux qu’il entreprit pour renforcer les


murs de l’église de Saint-Georges, et sur lesquels il parvint à élever, arec la plus, grande solidité, la coupole qu’on y admire aujourd’hui ;

La chapelle des Conti della ‘Torve, dans leur maison de campagne, édifice en forme de temple circulaire.

Le mausolée du procurateur de Saint-Mare, Contarini, dans l’église de Saint-Antoine à Padoue, est un ouvrage où Sanmicheli, sortant d pratiques ordinaires des sépultures de son te pe conçut l’idée, moins d’un tombeau, que d’un monument honorifique, dans lequel l’architecture et la sculpture, unissant leurs moyens, ‘ se plurent à retracer, par des trophées, des statues, des symboles et emblêmes’ divers, les exploits militaires du général vénitien.

Vérone a conservé plusieurs palais dont l’architecture est de Sanmicheli, et dont Maffei, dans sa Verona illustrata, a sait dessinor les façades, d’une dimension suffisante pour démontrer que, si cet architecte fut profiter des exemples que lui ossrirent ses prédécesseurs à Rome et a Florence, il peut et doit passer pour avoir servi lui-même de modèle, aux maîtres de la grande école vénitienne, qui l’uni suivi.

On ne sauroit douter que Sanmicheli ait étndié dans les belles et nobles ordonnances de palais exécutés avant lui, par les Bramante, Balthazar Peruzzi, Jules Romain, Sangallo, etc. , ce grand genre de masses simples et imposantes, cette heureuse application desordres et des détails de l’architecture antique, aux sormes et aux besoins des habitations. On retrouve, en esset, dans les compositions de ses façades, la même richesse de style, la même vartété d’ornemens, le même emploi des resends et des bossages, les mêmes dispositions et les in mêmes espacemens de fenêtres, les mêmes couronnemens, enfin la même régularité de profils. On diroit de même que ce sont des restes d’édisices antiques. D’autres architectes, et surtout Palladio, ont pu se distinguer par des plans plus variés et plus nombreux, part des compositions plus ingénieuses et plus élégantes, mais Sanmicheli aura toujours, dans sa patrie, l’avantage d’y avoir le premier introduit le beau style de l’architecture civile.

Le palais Canossa est vanté par Maffei, pour la commodité de ses distributions intérieures. Sa saçade ossre peut-être le défaut d’une division trop égale dans sa hauteur, entre l’étage du rez-de-chaussée, orné de bossages, qui sert de soubassement, et l’étage où est l’ordonnance principale. Disons même que ce soubassement est plus élevé que ce qu’il supporte. Un ordre de pilastres corinthiens accouplés règne entre les fenêtres cintrées de l’étage principal, et divise aussi celles du mezzanino qui est au-dessus. On prétend que plus d’un changement moderne a gâté certaines dispositions de l’intérieur, et en a altéré les belles proportions.