Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
NYM NYM 23


moulure, en manière de corde, pour conduire la main. C’est ainsi qu’on les faisoit autrefois.

Noyau d’escalier. C’est un cylindre de pierre qui porte de fond, et qui est formé par le bout des marches gironnées d’un escalier à vis. On appelle noyau creux celui qui, étant d’un diamètre suffisant, a un puisard dans le milieu, et qui retient par encastrement les collets des marches. Tel est le noyau des escaliers de l’eglise de Saint-Louis, aux Invalides.

On donne aussi le nom de noyau creux à un noyau fait en manière de mur circulaire, et percé d’arcades et de croisses pour donner du jour. Tel est celui qu’on a pratiqué aux escaliers en limace de l’église de Saint-Pierre de Rome, et à l’escalier du château de Chambord.

Il y a encore de ces noyaux qui sont carrés, et qui servent aux escaliers en arc de cloître, à lunettes et à repos. Tel est le noyau du bout de l’aile du château de Versailles, appelé l’aile des Princes, du côté de l’orangerie.

NU. Se dit, dans la construction, d’une surface à laquelle on doit avoir égard pour déterminer les saillies. On dit ainsi le nu d’un mur, pour dire la surface d’un mur qui sert de champ aux saillies.

Nu. Se prend dans le langage de la décoration comme synonyme de pauvre, comme l’opposé de riche, d’orné. Cette façade est trop nue ; il y a trop de nu dans cette ordonnance.

NYMPHÈE (Nymphœum), C’est le nom qu’on donnoit dans l’antiquité à des lieux, à des grottes et à des édifices consacrés aux nymphes.

Il y a sur l’espèce de monumens qu’on appeloit ainsi, deux sortes d’opinions, dit Fabricius : les uns veulent que c’ait été des édifices publics où se faisoient les noces de ceux qui n’avoient point de local assez grand pour cette fête ; les autres prétendent que c’etoit des lieux publics et d’agrément où l’on amenoit des eaux abondantes, non point pour l’usage des bains, comme dans les thermes, mais seulement pour l’embellissement et le plaisir de la fraîcheur, et que le nom de nymphée leur vint des statues des nymphes dont ils étoient décorés. Il ajoute qu’on ne connoît ni la forme ni la nature de ces monumens.

On s’accorde aujourd’hui à reconnoître pour avoir été des nymphées, un assez grand nombre de petits édifices que le temps nous a conservés, et qui, sans aucun doute, ont succédé aux nymphées primitifs, qui furent des grottes naturelles ou modifiées par l’art.

Les récits de Pausanias nous apprennent que rien n’étoit plus commun en Grèce que ces sortes de nymphées, on grottes consacrées aux nymphes. Près de Samicou on voyoit le nymphœum ou la grotte des nymphes Anigrides. Dans le territoire


de Thébes, il y en avoit une consacrée aux nymphes Cythéronides. Une des grottes les plus remarquables étoit celle de la nymphe Corycia sur le Parnasse. On ne finiroit pas si l’on vouloit recueillir toutes les citations de ce genre.

Le même usage régna en Italie, et le culte des nymphes n’y manqua ni de grottes, ni d’édifices construits à l’instar des grottes, dans tous les lieux qui recéloient quelque source d’eau vive.

L’usage des lustrations dans la religion des Anciens rendoit si nécessaire l’emploi de l’eau, tant de superstitions religieuses ou médicinales s’attachoient aux différentes qualités des eaux de source, que les lieux qui en recéloient quelque une devenoient presque toujours le centre de quelque cuite. De-là les édifices qui renfermèrent quelque source et remplacèrent les grottes naturelles.

L’art effectivement dut bientôt, s’emparer de ces grottes ; on les orna des statues de leurs divinités : on embellit, on tailla, on sculpta leurs parois rustiques. Il y a dans l’Attique un nymphœum ainsi orné de beaucoup de bas-reliefs et d’inscriptions. Archidamas de pherœ dont l’image se trouve parmi ces bas-reliefs, y est désigné comme étant celui qui dédia cette grotte aux nymphes.

Ce qu’on appelle près de Rome la grotte de la nymphe Egérie paroît de même avoir été un nymphœum donné par la nature, agrandi peut-être et décoré par l’art, comme le témoigne le fragment de statue qu’on y voit encore.

Il est certain que si la nature fit d’abord les frais de cette sorte de monument, l’architecture s’empara bientôt des occasions de rivaliser avec elle, par des édifices construits dans les mêmes intentions, et pour les mêmes besoins.

Tels paroissent être les deux petits monumens situés sur le bord du lac d’Albano, près du Rome ; l’un, du côté de Castel-Gandophe, l’autre du côté de Marino, et dont Piranesi a donne les plans, les détails et la description. En les appelant des nymphées, il semble leur avoir, avec beaucoup de raison, rendu leur ancienne dénomination. On ne sauroit les voir sans leur appliquer ces vers de Virgile :

Fronte sub adversâ scopulis pendentibus antrum
Intuis aquce dulces vivoque sedilia laxo.

On voit que le nymphœum de Virgile avoit reçu de l’art qui les avoit taillés dans le roc, des bancs ou des sièges pour ceux qui venoient y prendre le frais.

Cet usage étoit devenu si commun, qu’Ovide, dans des vers où il décrit un semblable monument, a soin de dire que, bien qu’il parût travaillé artificiellement, l’art n’y avoit point touché.

Vallis in extremo est antrum nemorale recessa,
A te laboratum nullâ, simulaverat artem
Ingenio natura suo, nam pumice vero
Et levibus tophis nativum duxerat arcum.