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22 NOU NOY


Nous avons déjà dit, à l’article de Jules-Hardouin Mansart (Voy. Mansart), qu’une opinion assez répandue attribue à Le Nôtre l’idée générale de la composition de l’édifice appelé l’Orangerie (Voyez ce mot), qui, sans contredit, est ce qu’il y a de plus remarquable dans le jardin de Versailles, et sous le rapport de l’architecture et sous celui de l’effet pittoresque. La seule chose peut-être qu’on puisse reprocher à cet ouvrage, est de se trouver placé dans un site étranger au coup d’œil général de l’ensemble, de manière que ce qu’il y a de plus admirable, c’est-à-dire la perspective de ces deux grandes montées, n’a son effet que du côté de la route qui borde le jardin en cet endroit. Tel est l’inconvénient de ces dessins trop immenses, dans lesquels il n’y a d’ensemble que sur le plan, lorsqu’en élévation les parties s’offusquent les unes les autres.

Le Nôtre créa successivement les jardins de Marly, de Trianon, de Chantilly, et donna les dessin de cette admirable disposition que présente à Paris le jardin des Tuileries, depuis le château jusqu’aux Champs- Elysées. L’étendue moyenne de ce jardin offre peut-être à l’art du jardinier la mesure la plus convenable pour faire jouir les yeux et l’esprit de l’harmonie d’un véritable ensemble, dans lequel l’esprit a conçu les détails avant que l’œil les ait parcourus, et où rien ne dérobe à la vue la liaison des parties.

Louis XIV, toujours attentif à encourager, à récompenser les hommes de mérite qui pouvoient concourir à l’illustration de son règne, donna à Le Notre une charge de conseiller : il le nomma contrôleur-général des maisons royales et des manufactures, et le fit chevalier de Saint-Lazare. Lorsqu’en 1693 le Roi eut fait quelque réforme dans cet Ordre, la décoration lui eu fut retirée, mais il reçut en échange, ainsi que Mansart, le cordon de Saint-Michel.

Si Le Nôtre fut recommandable par son talent, il le fut encore par son caractère franc, et par son désintéressement. Simple dans ses mœurs, modeste dans sa fortune, homme de bien autant qu’habile homme, il porta son art à un point de perfection auquel, depuis lui, aucune circonstance favorable n’a mis personne en France à même d’atteindre.

NOUE, s. f. C’est l’endroit où deux combles se joignent en angle rentrant, et qui fait l’effet contraire de l’arestier. On appelle noue cornière celle où les couvertures de deux corps-de-logis se joignent.

Noue est aussi le nom d’une espèce de tuile en demi-canal, pour égoutter les eaux. Quelquefois les convreurs emploient, au lieu de noues, des tuiles hachées qu’ils taillent, exprès à coups de martelet.

Noue de plomb. C’est une table de plomb au


droit du tranchis, et de toute la longueur de la noue d’un comble d’ardoise.

NOULETS, s. m. pl. Ce sont les petits chevrons qui forment les chevalets et les noues, ou angles rentrans par lesquels une lucarne se joint au comble, et qui forment la fourchette.

NOYAU, sub. m. Ce mot a été emprunté par quelques arts à la structure de certains fruits, qui renferment la substance dure et ligneuse qu’on appelle de ce nom, pour exprimer certains massifs de maçonnerie ou de pierre qui forment soit le milieu, soit le point central d’appui de diverses constructions.

Ainsi, dans l’art de fondre les statues de métal et d’en composer le moule, on forme de diverses matières ce qu’on appelle le noyau, qui n’est autre chose que la masse, laquelle formera le vide de la statue après qu’elle aura été fondue.

Dans la construction, il y a des édifices dont les murs auront double parement soit en pierre, soit en marbre, et dont l’intérieur sera rempli d’une maçonnerie de blocage ou à la rinfuse, qui forme dans la réalité un véritable noyau.

Les Romains donnoient, dans le même sens, le nom de nucleus, noyau, à ce massif qui, dans le pavage de leurs grands chemins, étoit établi entre ce qu’ils appeloient statumen ou le fondement, et la summa crusta qui étoit l’assemblage de dales ou de pierres irrégulières formant ce que nous appelons le pavé.

Le nucleus ou noyau étoit un mélange de gravier, de sables divers et de chaux, et c’étoit sur et dans cette couche que s’enfonçoient les pavés. Voyez à l’article Chemin, .

On appeloit encore noyau et les Italiens appellent ossatura, la saillie brute, soit en moellons, soit en briques, destinée à recevoir, soit en plâtre, soit en stuc, le revêtement qui doit la cacher, et recevoir à cet effet des moulures ou des profils qu’on y traîne avec des calibres, ou qu’on y sculpte sur l’enduit comme on le feroit sur de la pierre.

On appelle

Noyau de bois, une pièce de bois qui, posée à-plomb, reçoit dans ses mortaises le tenon des marches d’un escalier de bois, et dans laquelle sont assemblés les limons et appuis des escaliers. Voyez ci-après Noyau d'escalier.

Noyau de fond, Celui qui porte depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage.

Noyau suspendu, Celui qui est conpé au-dessous des paliers et rampes de chaque étage.

Noyau à corde. Celui qui est taillé d’une grosse