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bres, et procurent aujourd’hui à ces villes d’agréables promenades. C’est à cela que Paris doit, dans ce qu’on appelle les boulevards (mot synonyme de remparts), un des agrémens qui le distinguent.

REMPLAGE, sub. m. Dans la maçonnerie on donne ce nom au blocage en moellons ou briques, dont on remplit, avec du mortier, le vide ou l’entre-deux des paremens d’un mur construit en pierre de taille, ou de toute autre matière. On donne le même nom aux cailloux qu’on emploie à sec derrière des murs de revêtement, tant pour les préserver de l’humidité, que pour rompre la poussée des terres et faciliter l’écoulement des eaux. Le remplage s’appelle aussi garni, parce qu’il sert comme à meubler ou garnir des intervalles.

Remplage se dit aussi, dans la charpenterie, de tous les bois qu’on place dans un pan de bois ou dans une cloison, ou dans une ferme, pour remplir les vides, et qui ne servent en rien ni à l’assemblage, ni à la solidité.

REMPLISSAGE. Voyez Garni.

RENARD, s. m. Ce terme a plusieurs significations.

Les maçons appellent ainsi les petits moellons qui pendent au bout de deux lignes attachées à deux lattes, et bandées, pour marquer l’épaisseur, que le mur qu’ils construisent, doit avoir dans toute sa longueur. Ils donnent le même nom à un mur orbe qui est décoré, mais seulement pour la symétrie, d’une architecture plus ou moins feinte, mais semblable à celle du corps de bâtiment qui lui est opposé.

Les fontainiers appellent encore renard, un petit pertuis ou une petite fente, par où l’eau d’un bassin ou d’un réservoir se perd ; et il paroît qu’ils l’appellent ainsi, parce qu’ils ont de la peine à la découvrir pour la réparer.

Enfin, renard est un mot de signal, entre des hommes qui battent ensemble des pieux ou des pilotis, à la sonnette, de sorte qu’un d’entr’eux criant au renard, ils s’arrêtent tous en même temps, ou pour se reposer, après un certain nombre de coups, ou pour cesser tout-à-fait, au refus du mouton.

RENCONTRE, sub. f. Se dit de l’endroit où deux traits de scie, commencés chacun par un des bouts d’une pièce de bois, se rencontrent vers le milieu.

RENDRE, v. act. On se sert de ce mot, dans le dessin, pour exprimer la précision et le fini de l’exécution.

RENDU, adj., est, dans la délinéation des ouvrages ou des projets d’architecture, un synonyme de fini, terminé. Le fini ou le rendu des dessins ne fait pas sans doute le mérite intrinsèque de l’ouvrage, mais il est l’indication d’un talent exercé, et du soin que l’artiste a porté dans toutes les parties de son travail.

RENFLEMENT de colonne, sub. m. Ce qu’on appelle ainsi, Vitruve nous apprend que les Grecs le nommoient entasis, et cela semble prouver suffisamment que ceux qui lui donnèrent ce nom, l’employoient dans leur architecture.

Ce qu’on appelle renflement est une augmentation en diamètre, qu’on pratique au tiers de la hauteur du fût de la colonne. Cette augmentation provient de la diminution qu’on lui donne vers le bas et vers le chapiteau, ce qui y produit l’effet d’une espèce de ventre.

Vitruve, comme on vient de le dire, a parlé de ce renflement. « Comment il se pratique (dit-il) au milieu de la colonne, pour qu’il soit doux et convenable, c’est ce que fera voir notre dessin à la fin de ce livre. » Mais malheureusement cette figure s’est perdue avec toutes celles qui accompagnoient son Traité, et les Modernes ont cherché à réparer cette perte ; mais les opinions ont assez varié sur ce point.

Il semble d’abord qu’on pourroit, en théorie, se demander sur quel principe, soit de besoin, soit d’agrément, repose la pratique du renflement.

Si l’on en cherche l’origine dans quelque nécessité, il sera difficile de faire voir qu’il y ait eu une seule raison de solidité, propre à justifier cette pratique. L’usage de la diminution du fût, par en haut, tient indirectement du moins, au principe de la solidité, qui induit à faire porter le foible par le fort. De-là, comme nous l’avons vu au mot Pyramidal, l’emploi si général de cette forme dans une multitude d’ouvrages, en sorte que, lors même qu’elle n’est pas matériellement nécessaire, elle ne laisse pas de plaire, comme conforme à l’instinct. Cela est tellement vrai, que la forme contraire, même avec la solidité sa plus réelle, nous déplaît, parce qu’elle contrarie le sens et la raison. C’est pourquoi nous devons mettre, en architecture, au nombre des règles qui se fondent sur le besoin, celles qui satisfont la raison et le sentiment.

Ne trouvant, sur ce point, rien qui ait pu inspirer ni motiver la pratique du renflement, ni aucune raison puisée dans le matériel de la construction, reste à savoir, si quelqu’analogie imitative ne lui auroit point pu donner naissance.

Ne pourroit-on pas soupçonner que l’idée abusive d’une imitation trop formellement entendue, auroit engendré l’espèce de similitude que quelques-uns, et Vitruve lui-même, ont accréditée entre la configuration du corps de l’homme, et celle de la colonne ? Nous avons déjà plus d’une

Diction. d’Archit. Tome III
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