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lement à la théorie, et peut donner lieu à plus de controverses. Il faut donc chercher les élémens de la noblesse dans un composé de quelques autres qualités propres à produire, à l’égard d’un édifice, ce même effet général dont on a parlé, savoir, celui de le faire remarquer et distinguer entre d’autres édifices.

Il nous semble que ce qu’on appelle noblesse dans un monument, ainsi que dans son effet, ne sauroit résulter d’un caractère un, absolu et exclusif ; il doit y avoir une certaine combinaison de grandeur, de simplicité, d’élégance et de richesse.

La grandeur de dimension est déjà, comme on sait, un puissant moyen, pour l’artiste, d’attirer l’attention sur un édifice, de le faire briller entre les autres, de le recommander à l’admiration. Cependant un édifice pourroit offrir de la grandeur dans les mesures, et de la petitesse dans les proportions : la grandeur proportionnelle, qui tient à l’harmonie de l’ensemble, doit donc entrer dans le caractère de la noblesse. Combien de portails d’églises plus étendus en tous sens que le portique du Panthéon à Rome, ou du Parthenon d’Albènes, ont cependant beaucoup moins de noblesse !

L’usage associe l’idée de noble à celle de simple, si fréquemment (comme lorsqu’on dit une noble simplicité), qu’il doit y avoir réciprocité, c’est-à-dire qu’on peut croire que la simplicité se mêle au caractère de la noblesse. On ne sauroit en douter quand on pense que le simple est aussi un des élémens de la grandeur moralement entendue. Très-certainement, la petitesse dans les rapports, la multiplicité des parties, la mesquinerie des détails, détruiront le caractère auquel s’attache l’idée de noble. Trop de simple y seroit aussi contraire ; ce qui signifie que la noblesse veut de l’élégance et de la richesse.

L’élégance nous paroît être une qualité qui tient le milieu entre le simple, et le riche, et qui participe des deux. L’élégance dans les manières, dans l’habillement, dans l’ornement, à quelque genre qu’on l’applique, a toujours quelque chose qui distingue et fait remarquer les personnes, les actions et les choses, ainsi que toutes les productions des arts. C’est pourquoi cette qualité paroît devoir être un des attributs de la noblesse en architecture.

On ne sauroit se refuser à mettre aussi de ce nombre la richesse, à laquelle l’instinct seul attache tant de moyens de considération et de distinction, soit dans les choses de la vie, soit dans les travaux de l’homme.

Si l’on admet cette combinaison de qualités, comme formant l’ensemble des effets qu’on exprime pur le mot noblesse, il faut dire que c’est ensuite à l’architecte à user des moyens de son art, pour en rendre le caractère sensible par la construction, l’ordonnance et la décoration, c’est-à-dire dans la disposition des masses, dans l'em-


ploi des ordres, dans l’économie des ornemens.

Il dépend souvent du pari pris relativement à ce qu’on appelle la disposition générale de l’ensemble et des parties constituantes d’un édifice, de lui imprimer ou de lui enlever le caractère de noblesse que sa destination réclame : on s’en convaincra en se rappelant ces frontispices d’églises auxquelles des étages et des percés multipliés de fenêtres et d’autres ouvertures, donnent une apparence qui les rapproche trop de l’extérieur des habitations ordinaires.

Un des moyens les plus propres à donner aux édifices, selon la nature de leur destination, le caractère de noblesse, est certainement l’emploi des ordres, soit en colonnes isolées dans les parties qui en comportent l’application, soit en colonnes engagées ou en pilastres dans les portique et autres espaces des élévations. Cet emploi proportionnel fournit à l’artiste des degrés divers de noblesse, et cette graduation résultera de la combinaison variée des qualités de grandeur, de simplicité, d’élégance et de richesse. Or, chacun des trois ordres donne des moyens de multiplier encore les nuances du caractère qu’on veut exprimer.

Chaque ordre, par les modifications des proportions et des ornemens qu’il comporte, peut rendre plus ou moins, et produire à différens degrés l’idée de noblesse. Si toutefois les qualités. d’élégance et de richesse devoient être dominantes dans l’effet du genre noble en architecture, l’ordre corinthien, par le développement de ses proportions, par la magnificence de son chapiteau, par l’abondance de ses ornemens, réclameroit peut-être la première place en fait de noblesse, comme le dorique occupe le premier rang pour la force et la gravité, comme l’ionique l’emporte sur les autres par le caractère moyen, si conforme à ce qui demande de la grâce et de la délicatesse.

Ce qui n’exclut toutefois aucun de ces orders du droit de partage dans une qualité qui doit être propre à chacun d’eux.

Il est sans doute encore d’autres moyens de donner de la noblesse à un édifice. Ils consisteront soit dans l’exposition, soit dans les corps de bâtimens qui l’annoncent on qui l’accompagnent ; mais on comprend que de tels moyens sont en quelque sorte hors de l’art, et surtout des ressources dont l’architecte peut ordinairement disposer.

NŒUDS, s. m. pl. Ce qu’on appelle ainsi dans le bois, selon l’emploi qu’on en fait et la nature de la matière, est tantôt un défaut et tantôt un mérite ou un agrément.

S’il s’agit de bois de charpente on d’assemblage, un nœud peut quelquefois en vicier la pièce et la couper, ou contribuer à sa ruine ; s’il s’agit de certains bois qu’on emploie en placage, ce qu’on appelle nœud y produit une variété et quelque soit


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