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Innocent X plaça Rainaldi à la tête de la commission chargée d’examiner s’il falloit dêmolir, ou laisser subsister le campanile élevé par Bernin, sur la façade de l’église de Saint-Pierre. Malgré les efforts de Rainaldi, pour prouver que le prétendu danger n’avoit d’autre fondement que la jalousie des ennemis de Bernin, le campanile fut détruit. De nouveaux dessins furent alors proposés, par lui. Cependant ta façade est restée sans campanile, et il n’y a point d’apparence qu’elle en ait jamais.

Il étoit alors question de faire à la basilique de Saint-Pierre une place digue du monument. Rainaldi en proposa quatre projets, et eu fit autant de modèles. Un de ces projets étoit de forme carrée dans son plan, l’autre étoit circulaire, le troisième elliptique ou ovale, et le quatrième hexagone. Dans tous ces projets, l’architecte avoit su joindre à la décoration une destination utile. Au-dessus de ses portiques, il plaçoit des corps de bâtiment et d’habitation pour le conclave, pour la maison du Pape. Mais Innocent X mourut, et tous ces projets restèrent sans exécution.

Le mausolée du cardinal Bonelli, dans l’église de la Minerve, près la petite porte par où l’on va au collège romain, est de l’architecture de Rainaldi. Cet artiste répara, par ordre du cardinal Lauria, l’église des Saints Apôtres ; mais il eut l’imprudence d’élever le portique sur les fondemens d’antiennes murailles qui portaient à faux. On fut obligé de le faire reconstruire par Dominique Fontana.

Quelques autres portails d’église dans le goût régnant alors occupèrent Rainaldi, et il ne résulta pour lui de ces compositions insipides, d’autre honneur dans la postérité, que d’avoir fait moins mal que d’autres. Mais que peut-on dire du goût de ces devantures d’église, dont l’architecture, si l’on peut dire de bas-relief, n’offre ni motif original, ni pensée pour l’esprit, ni effet pour l’œil ; où la simplicité reste de la froideur, et la variété devient bizarrerie ? Voilà tout ce qu’on peut dire du portail de l’église de Jésus-Marie-au-Course, par Rainaldi, ainsi que de celui qu’il exécuta au frontispice de Santa Maria in Campitelli, église qu’il construisit sous le pontificat d Alexandre VII.

Rainaldi fut un des architectes du dix-septième siècle qui contribuèrent le plus à propager le goût bâtard de ces frontispices d’église dont nous avons parlé au mot Portail. Voyez ce mot.

On lui doit cependant d’être revenu à un meilleur système dans la composition des deux églises qui se font pendant sur la place del Popolo, et en sont devenues le principal ornement.

Le cardinal Gastaldi avoit voulu donner enfin un frontispice ou portail à la grande cathédrale de Bologne, San-Petronio. Quelques difficultés s’opposèrent à cette entreprise. Il résolut alors d’employer Rainaldi à construire les deux églises dont on vient de parler, l’une qu’on appelle la Madonna de Campo santo, et l’autre Santa Maria de Miracoli.

Ces deux petits temples se composent chacun d’une coupole hexagone harmonie d’une lanterne ; leur intérieur n’est pas tout à fait semblable : l’un est ovale, et l’autre entièrement circulaire ; mais à l’extérieur il n’y a aucune différence. Pareille symétrie règne dans les péristyles en colonnes corinthiennes qui supportent un fronton, et sous lesquels s’ouvre la porte principale, accompagnée de deux autres dans le retour : chacun des pans circulaires se termine par une colonne de la même ordonnance. On y a quelquefois blâmé la grande largeur de l’entre-colonnement du milieu, qui dégage entièrement la porte. On sait toutefois par Vitruve, que les Anciens usèrent de la même pratique dans certains cas. A tout prendre, cette architecture, relativement au goût du temps où elle fut faite, peut passer pour être pure et régulière. Aucun détail capricieux n’en gâte l’ensemble ; on n’y trouve ni forme brisée, ni ornement bizarre.

Rainaldi ne paroît pas avoir eu l’avantage de terminer ces deux monumens ; on croit que Bernin et Charles Fontana mirent la dernière main ; mais on lui attribue la façade de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, qui est du côté de l’obélisque. Le tout ensemble, et particulièrement cet avant-corps qui forme une partie circulaire, accompagnée des deux parties en ligne droite, posant sur le grand escalier, ne manque ni da noblesse ni d’un bon effet. On desireroit un meilleur goût dans les chambranles des fenêtres, et surtout des niches, trop petites pour le volume des statues. Plus de repos auroit encore singulièrement amélioré toute cette ordonnance. Dans l’intérieur de la basilique, on cite comme élevé sur les dessins de Rainaldi, le mausolée du pape Clément IX.

La cathédrale de Ronciglione, la jolie église de Monteporzio, et la plus grande partie des jardins de la villa de Mondragone et de la villa Pinciana, sont des ouvrages plus ou moins remarquables de cet architecte. Mais on doit citer comme un des principaux, à Rome, ce palais situé sur la rue del Corso, qui appartint dans l’origine au duc de Nevers, et fut depuis, pendant longtemps, celui de l’Académie de France. Il y a dans ce palais, comme dans tous les autres travaux de Charles Rainaldi, une tradition du bon goût du seizième siècle, avec un mélange des innovations qui dévoient tendre à l’altération complète de l’art. Contemporain de Bernin, il peut lui être comparé pour le style et le caractère. S’il eût vécu plus long-temps, il est probable qu’il se seroit trouvé souvent en rivalité avec Ini. Bernin paroit avoir eu beaucoup plus de génie, et les