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RABIRIUS, architecte romain, qu’une épigramme de Martial fait connoître comme ayant travaillé sous Domitien.

Il passa pour un des plus habiles architectes de son temps et fut employé à beaucoup d’édifices par Domitien, qui avoit la passion de bâtir. Il, construisit pour cet Empereur, sur le mont Palatin, un palais dont on voit encore quelques ruines. Ceux qui désireroient avoir une idée de ce vaste, édifice, pourront consulter les conjectures de Bianchini, à cet égard, dans son ouvrage posthume intitulé : Palazzo de’ Cesori.

Rabirius construisit encore des temples, éleva des arcs de triomphe, acheva plusieurs édifices publics sur le mont Capitolin et dans plusieurs autres quartiers de Rome. S’il falloit lui attribuer tous les grands travaux ordonnés par Domitien, dans diverses contrées de l’Italie, peu d’architectes auroient eu d’aussi nombreuses occasions d’exercer leur talent. Mais on n’auroit, sur ce point) à produire que de vaines conjectures.

RABOT, s. m. On donne le plus souvent ce nom à un outil de fer acéré, en forme de ciseau, ajusté dans un fût de bois, dont on se sert, en menuiserie, pour dresser et polir le bois.

Mais, dans la construction, on appelle rabot une espèce de pierre de liais rustique, dont se sert pour paver certains lieux, pour faire les bordures des chaussées, pour paver les églises, les jeux de paume et d’autres lieux publics.

C’est ce que les Latins appeloient rudus novum quand il étoit neuf, et rudus redivivum lorsqu’on le faisoit reservir.

RABOTEUR, s. m. Ainsi appelle-t-on un compagnon de chantier, qui pousse les moulures sur les bois apparens, comme les huisseries des portes, les noyaux, limons, sabots, des marches d’escalier.

RACCORDEMENT, s. m. Se dit de l’opération qui consiste, soit à réunir, dans un bâtiment fait de plusieurs morceaux ou à diverses reprises, des parties inégalement placées ou terminées, à remettre le vieux d’accord avec le neuf ou vice versa, soit à joindre, dans un fardin, des terrains d’inégale hauteur. Voyez Raccorder.

RACCORDER, v. act. Ce mot porte son explication. Il signifie remettre d’accord ce qui est en désaccord, soit par les proportions, soit par l’ordonnance, soit par la décoration, dans les parties d’un édifice, ou faites à des temps différens, ou exécutées selon le hasard des circonstances, sur des dessins ou dans des intentions diverses ou contraires.

Les grands édifices sont ceux qui finissent par donner le plus souvent lieu à l’art de raccorder. De tout temps, sans doute, les vastes entreprises en architecture, soumises à l’action d’une multitude de causes politiques, ont éprouvé des interruptions plus ou moins considérables. Nous aurions à citer, dans l’antiquité, plus d’un exemple d’édifices terminés quelques siècles après celui qui les avoit vu commencer. Qui pourroit assurer qu’après ces intervalles, de nouveaux besoins, des vues nouvelles, n’auront pas obligé les derniers architectes de changer quelque chose aux projets des premiers, d’en modifier l’ensemble (comme cela arriva pour le temple d’Eleusis à l’architecte Philon), et par conséquent de se raccorder dans ses additions, à l’ouvrage de ses prédécesseurs ? Cependant on peut affirmer, d’après la connoissance qu’on a de la fixité des principes généraux du goût et des pratiques de l’architecture, pendant une durée de sept à huit siècles, que jamais, dans l’antiquité, on ne connut ces variations fréquentes, ces innovations sans cause et sans raison, qui en peu d’années, chez les Modernes, changeant toutes les manières de voir, ne sauroient garantir à aucun bâtiment d’être terminé selon le goût dans lequel son premier auteur l’a projeté.

Telle a été cependant la destinée du plus grand nombre des monumens élevés depuis le renouvellement des arts. A chaque reprise des travaux, on a vu le nouvel architecte prétendant, à tort ou à droit, substituer un meilleur projet, un meilleur style à l’ouvrage du prédécesseur, élever une autre aile, un autre corps de bâtiment en pendant de celui qui existoit, et cela dans la vue de le remplacer. Mais bientôt interrompu lui-même dans son entreprise, il n’a fait autre chose léguer à un nouveau successeur, le besoin d’un raccordement souvent fort difficile.

On ne sauroit citer un exemple plus connu en ce genre, plus propre à faire comprendre l’abus dont on a parlé, et l’espèce de correctif dont il est susceptible, que la grande façade du palais des Tuileries, surtout du côté du jardin. Il y a dans cette façade, au moins trois projets de palais, trois goûts d’architecture, trois sortes de masses, qui annoncent une succession de plusieurs règnes. On peut toujours affirmer qu’il y a, dans ces masses diverses, de l’architecture de Jean Bullant, de Philibert Delorme, de Ducerceau, et enfin de Leveau et de Dorbay, son élève, que Louis XIV chargea de raccorder définitivement tant de parties incohérentes.

Diction. d’Archit. Tome III
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Diction. d'Archit. Tome III.

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