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Romains, aux mausolées, aux phares, aux septizones ; dans le moyen âge, aux clochers des églises, aux campaniles, aux donjons des châteaux ; chez les Modernes, aux dômes, aux coupoles, aux frontispices de tous les monumens.

Mais comme, ainsi qu’on l’a dit, tout besoin étant, pour les arts, le principe d’un plaisir, la forme pyramidale devoit devenir un des moyens de plaire aux yeux, dans les compositions architecturales, il fut très-naturel d’en rechercher l’agrément, alors même que le besoin n’en faisoit point un devoir : et de-là ces nombreuses compositions où des accessoires se trouvent rapprochés et combinés, uniquement dans la vue d’augmenter le pittoresque, et l’accord de l’ensemble pyramidal.

C’est ainsi que la grande coupole de Saint-Pierre, à Rome, a été accompagnée de coupoles plus petites, qui lui sont subordonnées et complètent l’effet pyramidal de cette masse.


PYRAMIDE, s. f. Ce mot a, dans le langage ordinaire, deux acceptions, dont l’une provient de l’autre ; celle qui exprime, en géométrie, un corps solide ou une figure triangulaire, a été empruntée aux monumens célèbres auxquels les Grecs donnèrent le nom de pyramide.

C’est uniquement sous le rapport de monumens que nous traiterons ici de la pyramide.

L’étymologie de ce nom nous occupera peu. Les savans ne sont pas encore entièrement d’accord sur ce point. Les uns en cherchent la racine dans la langue copte, d’autres paroissent l’avoir trouvée dans l’arabe. Pourquoi le mot grec pyra, dérivé de pur, flamme, n’auroit-il pas, comme on l’a déjà dit (voyez Pyra), induit les Grecs à donner à ces grandes masses qui se terminent en pointe chez les Egyptiens, un nom semblable à celui qui, chez eux, exprimoit peut-être, par analogie avec la flamme, ces grands bûchers décoratifs, en forme décroissante de bas en haut, qui, sous ce rapport, se rapprochoient des pyramides ?

De l’origine et de l’emploi des pyramides.

Nous croyons devoir réunir sous un seul point de critique ces deux notions, parce que l’origine des pyramides, en Egypte, est nécessairement liée à l’emploi qu’on en fit. Cependant cet emploi doit être constaté avant qu’on s’occupe d’en montrer l’origine. Ce n’est pas qu’ici l’origine ne dût être un grand argument en faveur de l’emploi ; mais malheureusement ce qu’il faut appeler la cause originaire de ces constructions ne sauroit être démontrée, parce que, cachée dans la nuit des sociétés naissantes, et hors de la portée de l’histoire, on ne peut dans la suite y remonter, que par voie d’induction et de comparaison avec les autres principes des inventions humaines.

L’opinion la plus généralement reçue depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, sur l’emploi des pyramides en Egypte, est qu’elles furent des tombeaux. Mais une des maladies de l’esprit humain est de dédaigner toute opinion, et même toute vérité, dès qu’elle devient vulgaire. Malgré les témoignages des plus anciens écrivains grecs et romains, bien plus voisins que nous des sources de la tradition en ce genre, on a imaginé des explications de l’emploi de ces monumens, qui pourtant ne peuvent supporter un instant d’examen.

L’auteur de l’Etymologicum magnum, dérivant le mot pyramide du mot grec pyros, qui veut dire froment, prétend qu’on les nomme ainsi parce qu’elles avoient été des greniers à blé. Sans doute, il ignoroit que ces monumens n’ont presque point de vide intérieur.

Plus tard, des savans ne pouvant croire, qu’on eût créé de si prodigieuses masses, avec autant de peines et de dépense, dans la seule vue de conserver une caisse du momie, et considérant que les pyramides sont exactement orientées, en sorte que les quatre côtés répondent aux quatre points cardinaux, ont avancé, à ce sujet, deux opinions.

L’une, que c’étoit des monumens astronomiques, qui servirent de gnomons, de méridiennes ou d’observatoires ; l’autre, que c’étoit des monumens allégoriques consacrés au soleil.

La première de ces opinions se réfute d’elle-même, par l’impropriété physique de l’édifice aux usages supposés. Quant à l’autre, ce n’est qu’une hypothèse d’imagination, qui, comme telle, n’est susceptible ni d’être prouvée, ni d’être combattue.

On l’a déjà dit, la véritable raison de ces conjectures scientifiques, est la propension qu’ont les savans, plus volontiers que les autres hommes, à juger des choses et des opinions passées, par les mœurs et les idées de leur siècle. Tout, et dans les usages connus de l’Egypte, et dans les témoignages encore subsistans et en si grand nombre de leurs monumens, et dans ce que nous ont transmis des écrivains qui avoient puisé leurs notions dans le pays même ; tout, dis-je, s’accorde à prouver qu’une croyance religieuse des plus puissantes, avoit établi de temps immémorial, certains dogmes sur la résurrection des corps, qui firent de leur conservation un devoir et une obligation impérieuse. Ce soin de la sépulture étoit général et commun à tous. Les nombreuses caisses de momies qu’on découvre journellement, et que déjà plus d’une inscription nous a fait connoître, pour avoir été celles de simples particuliers, la très-grande dépense de ces sortes de cercueils peints, sculptés et vernissés, quand ils étoient en bois, le grand nombre de ceux qu’on trouve en pierre et en marbre, l’extraordinaire conservation des corps, les précautions prises pour