J’ai rapporté à dessin le passage de Vitruve, qui contient toute sa théorie, sur cette partie importante de la disposition des colonnes des temples, dans son rapport avec les mesures des entre-colonnemens, et j’ai eu en vue, dans ce rapprochement des différens mots, qui expriment cette théorie, et qu’on trouve déjà à leurs articles respectifs, d’en tirer quelques considérations qui ne sont pas sans quelqu’importance.
Premièrement, il faut observer que presque tous les commentateurs de Vitruve, et les Traités modernes d’architecture, ont pris une théorie particulièrement applicable aux colonnes des frontispices des temples, comme étant un système général, destiné à régler pour tous les cas, et d’une manière absolue, la mesure des entre-colonnemens. Toutefois il paroit certain que cette théorie est simplement relative aux temples, et aux colonnades antérieures de leur entrée.
Secondement, on a pu remarquer qu’en fixant comme le minimum de la largeur des entre-colonnemens, leur mesure à deux diamètres de la colonne, Vitruve annonce par-là, comme on peut s’en convaincre ailleurs, qu’il n’a point connu, ou n’a point voulu faire connoître l’ordonnance et les proportions de l’ordre dorique des Grecs, dont l’entre-colonnement, dans les temples, n’a souvent qu’un diamètre de largeur, et n’arrive jamais à deux.
Troisièmement, on peut conclure de la théorie de Vitruve, que l’architecture est tenue de se conformer, selon les temps et les pays, aux usages pour lesquels elle est faite, qui lui font impérieusement la loi, et auxquels l’architecte habile sait se soumettre, sans qu’on doive d’une exception, s’autoriser contre la règle. Cependant on a vu, dans plus d’un ouvrage moderne, l’artiste se prévaloir de l’autorité du passage de Vitruve qu’on vient de rapporter.
PYLONE : du mot πυλών, grande porte.
On trouve ce mot employé chez les anciens historiens, qui ont décrit les monumens de l’Egypte, et appliqué à ces grandes portes, que nous avons déjà vu précéder les vestibules en colonnes qui se succèdent, dans les plans des temples égyptiens.
Les nouveaux voyageurs et les auteurs du grand ouvrage de la Description de l’Egypte, ont donc francisé le mot grec, et ont appelé pylones ces grandes masses qu’on pourroit en quelque sorte appeler des portails, en les considérant, soit sous le rapport de leur masse, soit comme servant, ainsi que les portails modernes, de frontispices à l’ensemble des temples. Nous en avons déjà rendu compte à l’article de l’architecture égyptienne, dans l’analyse que nous avons donnée de tous les détails des temples, et de toutes les parties des édifices égyptiens. Voyez Egyptienne (Architecture).
Nous nous bornerons à dire ici en deux mots, que presque tous les pylones forment des masses plus ou moins pyramidales, et qu’elles sont de deux genres : les unes simples, c’est-à-dire, offrant une porte sans accompagnement ; les autres composées d’une porte qui s’ouvre entre deux massifs, en forme de tour carrée, dans lesquels se trouvent des escaliers, qui conduisent aux plates-formes pratiquées au sommet de chacune des deux tours.
PYRA. Ce mot est grec et latin, et on le traduit en français par le mot bûcher.
Son étymologie est πυρ, qui signifie feu, et quelques-uns croient que le mot pyramide en dérive, soit parce que la pyramide, par sa forme, ressemble à la flamme qui se termine en pointe, soit peut-être parce qu’une certaine analogie, dans la destination funéraire, auroit rapproché l’idée de pyramide, de celle des monumens que les Grecs appeloient pyra.