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« Le systyle est celui qui a, dans ses entre colonnemens, deux diamètres de la colonne, et dont les bases ont leur plinthe égale à l’espace qui est entre deux plinthes. On en voit un exemple au temple de la Fortune équestre, près du théâtre de pierre, ainsi qu’à plusieurs autres.
« Ces deux modes de disposition, dans les colonnes des frontispices des temples, ont cet inconvénient, que lorsque les matrones montent les degrés du temple, pour aller faire les supplications, elles ne peuvent, à raison du peu d espace des entre-colonnemens, y passer en se tenant embrassées l’une l’autre, mais sont obligées d’aller à la file. Ensuite l’entre-colonnement serré du milieu, masque l’aspect de la porte et celui des statues ; enfin, il résulte de cette disposition, que les promenoirs autour du temple s’en trouvent trop rétrécis.
« Dans le diastyle, l’entre-colonnement a de largeur trois diamètres de colonnes. Tel est le temple d’Apollon et Diane. Le mal de cette sorte d’ordonnance est que les architraves ayant trop de portée, se rompent.
« A l’égard de l’araeostyle, il faut dire que telle est sa largeur d’entre-colonnement, qu’on ne peut y mettre en œuvre des architraves de pierre ou de marbre, mais seulement de longues plates-bandes en bois. L’aspect de ces sortes de frontispices devient écrasé, lourd et bas. Les frontons de ces sortes de constructions doivent, selon l’usage toscan, être ornés de figures de terre cuite ou eu bronze doré. Tels sont, près du grand Cirque, le temple de Cérès, et celui d’Hercule, élevé par Pompée. Tel est encore un autre temple au Capitole.
« Reste à faire mention de la disposition de l’eustyle, laquelle est la meilleure, la plus conforme à ce qu’exigent la commodité, la beauté et la solidité. »

J’ai rapporté à dessin le passage de Vitruve, qui contient toute sa théorie, sur cette partie importante de la disposition des colonnes des temples, dans son rapport avec les mesures des entre-colonnemens, et j’ai eu en vue, dans ce rapprochement des différens mots, qui expriment cette théorie, et qu’on trouve déjà à leurs articles respectifs, d’en tirer quelques considérations qui ne sont pas sans quelqu’importance.

Premièrement, il faut observer que presque tous les commentateurs de Vitruve, et les Traités modernes d’architecture, ont pris une théorie particulièrement applicable aux colonnes des frontispices des temples, comme étant un système général, destiné à régler pour tous les cas, et d’une manière absolue, la mesure des entre-colonnemens. Toutefois il paroit certain que cette théorie est simplement relative aux temples, et aux colonnades antérieures de leur entrée.

Secondement, on a pu remarquer qu’en fixant comme le minimum de la largeur des entre-colonnemens, leur mesure à deux diamètres de la colonne, Vitruve annonce par-là, comme on peut s’en convaincre ailleurs, qu’il n’a point connu, ou n’a point voulu faire connoître l’ordonnance et les proportions de l’ordre dorique des Grecs, dont l’entre-colonnement, dans les temples, n’a souvent qu’un diamètre de largeur, et n’arrive jamais à deux.

Troisièmement, on peut conclure de la théorie de Vitruve, que l’architecture est tenue de se conformer, selon les temps et les pays, aux usages pour lesquels elle est faite, qui lui font impérieusement la loi, et auxquels l’architecte habile sait se soumettre, sans qu’on doive d’une exception, s’autoriser contre la règle. Cependant on a vu, dans plus d’un ouvrage moderne, l’artiste se prévaloir de l’autorité du passage de Vitruve qu’on vient de rapporter.

PYLONE : du mot πυλών, grande porte.

On trouve ce mot employé chez les anciens historiens, qui ont décrit les monumens de l’Egypte, et appliqué à ces grandes portes, que nous avons déjà vu précéder les vestibules en colonnes qui se succèdent, dans les plans des temples égyptiens.

Les nouveaux voyageurs et les auteurs du grand ouvrage de la Description de l’Egypte, ont donc francisé le mot grec, et ont appelé pylones ces grandes masses qu’on pourroit en quelque sorte appeler des portails, en les considérant, soit sous le rapport de leur masse, soit comme servant, ainsi que les portails modernes, de frontispices à l’ensemble des temples. Nous en avons déjà rendu compte à l’article de l’architecture égyptienne, dans l’analyse que nous avons donnée de tous les détails des temples, et de toutes les parties des édifices égyptiens. Voyez Egyptienne (Architecture).

Nous nous bornerons à dire ici en deux mots, que presque tous les pylones forment des masses plus ou moins pyramidales, et qu’elles sont de deux genres : les unes simples, c’est-à-dire, offrant une porte sans accompagnement ; les autres composées d’une porte qui s’ouvre entre deux massifs, en forme de tour carrée, dans lesquels se trouvent des escaliers, qui conduisent aux plates-formes pratiquées au sommet de chacune des deux tours.

PYRA. Ce mot est grec et latin, et on le traduit en français par le mot bûcher.

Son étymologie est πυρ, qui signifie feu, et quelques-uns croient que le mot pyramide en dérive, soit parce que la pyramide, par sa forme, ressemble à la flamme qui se termine en pointe, soit peut-être parce qu’une certaine analogie, dans la destination funéraire, auroit rapproché l’idée de pyramide, de celle des monumens que les Grecs appeloient pyra.