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PRO PRO


théâtre, probablement parce que c’étoit l’endroit où l’on parloit.

Le nom Latin de pulpitum fut affecté, par les Romains, à cette partie de leur théâtre appelée proscenium, parce que c’étoit un lieu élevé, construit en bois. Cela se prouve par les ruines d’un fort grand nombre de théâtres antiques. Il en est beaucoup où la construction, et même des parties de décoration de la scène se sont conservées, on ne trouve plus la moindre trace du proscenium.

Vitruve nous apprend que les Romains ne donnoient au proscenium que cinq pieds d’élévation, tandis que, chez les Grecs, on lui en donnoit le double. Sur le devant, du côté de l’orchestre, le proscenium se terminoit ordinairement en une ligne droite, déterminée par le diamètre du cercle qui composoit l’amphithéâtre, ou ces rangs de gradins circulaires qui étoient le théâtre proprement dit.

PROSTYLE (prostylon). Ce nom se donnoit, dans l’architecture des temples chez les Anciens, grecs ou romains, à ceux de ces édifices qui n’avoient de colonnes qu’à une de leurs faces, c’est-dire, à la principale ou celle d’entrée.

« Le prostyle (dit Vitruve) est dans toutes ses parties, comme le temple in antis ; seulement il a en face et en avant des pilastres ou des antes de l’angle, deux colonnes, couronnées du même entablement que le temple in antis, mais cet entablement fait retour à droite et à gauche. »

Nous avons vu au mot Amphiprostyle (voyez ce mot) que le temple de ce nom étoit celui qui, à ses deux faces antérieure et postérieure, avoit un prostylon.

De la notion de Vitruve et selon son système de progression, depuis le temple in antis, jusqu’à l’hypæthros, le temple prostyle occupoit le second rang. Il différoit du premier en deux points ; premièrement, parce qu’il avoit à sa façade des colonnes d’angle, au lieu de pilastres Carrés ; secondement, en ce qu’il offroit deux ouvertures, ou, si l’on veut, deux entre-colonnemens latéraux, et en retour, lorsque le premier avoit les flancs de son porche totalement murés.

Quoique le mot prostylon désigne, comme on le voit d’après Vitruve, un porche composé de quatre colonnes, à la face antérieure d’un temple, il est évident toutefois, que le mot entendu à part de toute théorie classique en fait d’architecture, signifioit simplement, à l’égard d’un temple, qu’il avoit des colonnes en avant, ou bien, qu’il n’avoit des colonnes en avant que d’un seul côté. Il ne faudroit donc pas conclure des paroles de Vitruve, qu’on n’eût pas pu user de ce mot à l’égard de tout autre temple, que celui dont le porche se seroit composé uniquement de quatre colonnes.

Rien n’auroit empêché, dans le langage ordinaire, d’appeler temple prostyle celui qui auroit présenté sur une seule de ses faces, sur un seul de ses frontispices, une rangée composée d’un plus grand nombre de colonnes. Vitruve lui-même nous en fournit la preuve (lib. 7, præfat.) dans le passage où il parle de l’augmentation faite au temple d’Eleusis par l’architecte Philon. Ictinus (dit-il) avoit fait d’une grandeur immense la cella du temple de Cérès et Proserpine, à Eleusis. Elle étoit d’ordre dorique, mais sans colonnes extérieures, propres à donner une plus grande étendue pour l’usage des sacrifices. Mais dans la suite, sous Démétrius de Phalère, l’architecte Philon ayant établi des colonnes au front de l’édifice, ante templum in fronte columnis constitutis, il en fit un prostyle : prostylon fecit.

On ne sauroit supposer que Philon se seroit contenté d’un porche à quatre colonnes. Il est évident que ce petit nombre de colonnes au front d’un temple, ne pouvoit convenir qu’à un édifice d’une fort modique dimension. Celui d’Eleusis, au contraire, fut une des plus grandes constructions de l’antiquité. Strabon nous le représente comme capable de contenir une multitude égale à celle que contenoient les théâtres : ὄχλον θεάτρου δέξασθαι δυνάμενον ; et Vitruve, en parlant de sa dimension, se sert des mots immani magnitudine. Cela se conçoit quand on sait que les temples ordinaires n’avoient point de cérémonies dans leur intérieur, qui fussent de nature à y appeler la multitude. Au contraire, dans les temples à initiation, comme celui d’Eleusis, il falloit un vaste espace capable de contenir la foule des initiés.

Si l’on vouloit ajouter foi au projet de restitution du plan de cet édifice qu’on trouve dans les Unedited antiquities of Attica, il auroit formé un vaste carré de 180 pieds à peu près en tout sens, et son prostylon n’auroit pas eu moins de douze colonnes sur une seule ligne. Voyez Temple.

PROSTYRIDE. Nom que Vignole a donné à la clef d’une arcade, faite d’un rouleau de feuilles d’eau, entre deux règles et deux filets, et couronnée d’une cymaise dorique. C’est ainsi qu’il l’a adaptée à son arcade dans l’ordre ionique. Sa figure est presque pareille à celle des modillons.

PROTHYRUM, du grec prothyron. Vitruve nous apprend qu’on appeloit ainsi les vestibules qui étoient en avant des portes dans les maisons des Grecs. A Rome, on appeloit ainsi, c’est-à-dire, prothyra, ce que les Grecs exprimoient par le mot diathyra. Ce dernier mot en grec, et le premier en latin (dit Galiani), signifiant ce qu’on Appelle cancello, ou balustrade placée devant une porte. Il se pourroit que ce ne fût autre chose qu’une double porte, ou ce qu’on appelle en français porte battante.