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NIC NIS


les fondations. Le sol humide et inconsistant de cette ville exigeoit des précautions qui étoient tombées en désuétude. Il remit en usage la méthode d’établir les massifs des fondemens sur pilotis et d’unir ces massifs par des arcs.

C’est de cette manière qu’il éleva l’église de S. Michele in Borgo et différens palais.

Un de ses plus ingénieux monumens fut le Campanile des Augustins à Pise. Cet édifice est extérieurement octogone et circulaire en dedans. L’intérieur renferme un escalier en limaçon, formant un vide circulaire aussi qui ressemble à un puits. De quatre marches en quatre marches s’élèvent des colonnes qui supportent des arcs rampans et vont ainsi en spirale jusqu’au sommet ; de sorte que ceux qui sont, soit en haut, soit en bas, soit au milieu, se voient tous monter ou descendre. Cet escalier, comme on l’a dit à l’article Bramante (voyez Lazzari dit Bramante), servit de modèle à cet architecte pour celui qu’il exécuta au belvédère du Vatican, et fut encore imité en d’autres lieux.

Nicolas de Pise donna, en 1240, les dessins de l’église de Saint-Jacques à Pistoia, et il y revêtit la grande niche du fond en mosaïques exécutées par des artistes toscans.

A Padoue, il éleva la grande église de Saint-Antoine, patron de cette ville, et qu’on nomme par excellence il Santo. A Venise, il bâtit l’église des Frères-Mineurs. Celle de Saint-Jean, à Sienne, fut construite sur ses dessins.

De retour à Florence, il donna les dessins de l’église de la Trinité, ceux du monastère des Dames de Faenza et ceux du couvent de Saint Dominique à Arezzo, et de Saint-Laurent à Naples, où un de ses élève, nommé Maglione, fut chargé de les exécuter.

Nicolas de Pise, après avoir fait de grandes augmentations à la cathédrale de Volterre, qu’il décora à neuf, ainsi que le couvent des Dominicains de Viterbe, fut appelé à Naples, où il éleva une église et une magnifique abbaye en mémoire de la victoire remportée sur Conradin par Charles d’Anjou. Il bàtit encore l’église de Sainte-Marie d’Orviette, et enfin il se retira dans sa pairie où il mourut. La date de sa mort est inconnue.


NICOTEAUX. Voyez Pièces de tuile.


NIGETTI (Matteo), architecte florentin, mort en 1649.

Elève de Boutalenti, il eut une grande part dans la construction du palais Strozzi à Florence. Il bâtit, dans la même ville, le cloître des religieux (degli Angeli), la nouvelle église de Saint-Michel des P. Théatins, qui fut achevée par Silvani et il fit le dessin et le modèle de l’église de Tous-les-Saints des moines de l’Observance.

Cosme, premier grand-duc de Toscane, eut l’intention de donner à l’église de Saint-Laurent une troisième sacristie, de la même grandeur qua celle qu’y fit Michel Ange, mais toute revênue de marbres et de mosaïques, pour en faire le tombeau des grands-ducs de Toscane et y rassembler leurs mausolées. Vasari en fit le dessin. Lui mort, ainsi que Cosme 1er., le grand-duc Ferdinand 1er. voulut agrandir le projet de son prédécesseur. Il communiqua son idée à Jean de Médicis, aussi habile dans l’art de la guerre que dans les arts du dessin, et lui demanda un dessin et un nouveau modèle du monument par lui projeté. Jean de Médicis répondit à son désir. Ce ne fut plus une sacristie, mais une vaste et magnifique coupole qui termine l’église de Saint-Laurent.

Ce fut Nigetti qui exécuta le dessin de Jean de Médicis. Il en commença la construction l’an 1604 ; il en ordonna, composa et acheva la magnifique décoration, toute formée de l’assemblage des marbres les plus précieux, et toujours sous la direction du prince qui en avoit donné le projet.

Nigetti fut aussi sculpteur. Il s’adonna particulierement aux travaux de pierres précieuses et de marbres rares, qui ont illustré les ateliers de Florence, et on lui doit les embellissement du merveilleux Ciborium de la susdite chapelle de Saint-Laurent. (Article traduit de Milizia.)


NILLES, s. f. pl. Petits pitons carrés de fer, qui, étant rivés aux croisillons et traverses, aussi de fer, des vitraux d’église, retiennent avec des clavettes, ou petits coins, les panneaux de leurs formes.


NILS. Voyez Euripes.


NISMES, l’une des plus anciennes villes de France, particulièrement recommandable par ses monumens antiques.

Lorsque nous offrons, dans cet ouvrage, des modèles à ceux qui cultivent l’architecture, nous allons presque toujours les chercher dans la Grèce et l’Italie, nous abandonnant à la pente naturelle de l’esprit humain qui le porte à ne puiser que les choses rares et lointaines. En effet on dédaigne celles dont l’abord est facile, et l’on aime à porter ses regards sur un obscur lointain, espérant y faire de nouvelles découvertes, souvent bien futiles, il est vrai, et qui ne doivent leur importance qu’à leur étrangeté. Il en résulte que ceux qui ne voyagent que dans les livres, n’estiment un pays qu’à raison du plus ou moins de soin qu’on a mis à le décrire, et qu’un étranger, en traversant la France avec rapidité, la connoît et l’apprécie beaucoup mieux que nous-mêmes. Néanmoins le goût des antiquités a fait de nos jours quelques progrès parmi les gens qui se piquent d’instruction ; mais pourquoi perdent-elles presque tout leur prix lorsque nous les retrouvons chez nous, et par quelle fatalité avons-nous laissé détruire peu à