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nom de profil au dessin pris ainsi d’angle, d’un ensemble de moulures, on l’a donné aussi aux détails ainsi représentés, et l’on a appelé profils les objets séparés qu’on trace de profil.

Nous ne croyons pas nécessaire de donner ici la nomenclature de tous les objets auxquels on donne habituellement le nom de profils, tels qu’astragale, quart-de-rond, douane, congé, etc. Chacun de ces mots a son article à part, auquel nous renvoyons le lecteur.

PROFILER, v. act. Défini sous son rapport purement technique, ce mot signifie tracer de côté et vus d’angle les membres, les parties et les moulures qui entreat dans la composition d’un entablement, d’une corniche, d’un socle, d’un soubassement, etc.

Mais profiler, en théorie, comporte une idée plus étendue. Ce mot signifie non pas seulement le petit artifice de délinéation, dont l’article précédent a défini la notion, non pas uniquement l’art de tracer de profil ou d’angle, les membres de l’architecture, mais bien l’art de les composer, de les distribuer, de les ménager, de les faire exécuter salon les convenances générales du bon goût, selon le caractère exigé par la destination des édifices, selon la grandeur de leur, masse, selon la distance d’où ils doivent être vus, et par conséquent selon l’effet qu’ils doivent produire.

Il y a, sous le rapport le plus général, et à part de toutes les convenances, un art de profiler qui puise ses règles dans un certain sentiment qu’on appelle le goût en fait de décoration. Or, les profils d’un édifice sont une partie essentielle de la décoration. Les monumens antiques, et surtout ceux des Grecs, présentent des modèles de goût en ce genre. Ce goût tient au choix des membres qu’on emploie ; il tient à leur disposition et à leur proportion. Les profils des chapiteaux, des bases de colonnes, des entablemens dans les monumens grecs, sont remarquables par une justesse de rapports, par une précision d’exécution, par une délicatesse qui communique au tout, un je ne sais quoi qui ressemble à ce qu’on appelle esprit et expression dans les statues. On ne voit point que les Grecs aient surchargé leur architecture de membres multipliés, comme trop souvent cela fut pratiqué dans les derniers âges de l’architecture romaine. Généralement ils n’employoient qu’un petit nombre de moulures, et chacune avoit son intention particulière. Ils les disposoient conformément à leur destination, car il n’est aucun membre, qui, mis à sa place, n’ait un office particulier. Il y a surtout, quant à leur proportion, quelques principes régulateurs qu’il faut connoître. Ainsi Les entablemens se composent, non de détails arbitraires, mais de parties qui, superposées les unes au-dessus des autres, sont tour à tour destinées à être soutenues et à soutenir. Il est à remarquer que, dans l’esprit de ces différentes fonctions, toujours on trouve un membre principal, auquel les autres sont subordonnés, et qui en est ou soutenu ou renforcé. Si la forme du principal membre est rectangulaire, la forme de ceux qui le soutiennent ou l’appuient, sera tracée par une ligne courbe. La bonne apparence de l’ensemble dépendra beaucoup de la saillie de chaque membre. Si cette saillie est trop petite, l’effet en sera froid et maigre ; si elle est trop forte, l’impression de lourdeur s’ensuivra. Les Anciens ont su éviter fort heureusement ces deux excès. Leur méthode, selon Vitruve, consistoit en cela, qu’ils donnoient volontiers à chaque membre, autant de saillie que de hauteur. Les meilleurs édifices qui nous sont restés de l’antiquité, confirment, à cet égard, la doctrine de Vitruve. Quelquefois aussi l’on prenoit l’ensemble de la hauteur de plusieurs membres, pour en faire la mesure de la saillie du membre le plus élevé, et qui devoit couvrir les autres membres plus petits, qui lui étoient subordonnés.

De ce peu de notions sur les principes de l’art de profiler, et le goût qui le dirige, on peut facilement conclure que les variétés dont cet art est susceptible, sont autant de moyens qui contribuent à donner à chaque genre d’édifice, le caictère que réclame sa destination. Les profils d’un édifice en constituent, si l’on peut dire, la physionomie. Il est, en effet, impossible que ce qui exprime aux yeux et par suite à l’esprit, les idées opposées ou différentes de pesanteur ou de légèreté, de force ou de délicatesse, de simplicité ou de richesse, de grandeur, de puissance, de plaisir, de finesse, de précision, de correction ou de négligence, n’influe pas sur l’opinion qu’on se formera, en général, du genre de l’édifice, c’est-à-dire, de son emploi ou des usages auxquels il est consacré. Comme on voit, dans l’ordre de la société, que la manière d’être vêtu, logé, accompagné, désigne fort clairement aux yeux, le rang, l’état, la profession, les fonctions des personnes, comme le luxe, les formes et le plus ou le moins de richesse des costumes fait juger de l’importance ou de la dignité de ceux qui les portent, de même il est impossible que la mesurè, le degré on le genre des accompagnemens ne soient pas pour un édifice une manière de le caractériser, du moins aux yeux de ceux qui ont le sentiment, sinon la connoissance des causes d’où procède en grande partie, sur nous, l’action des beaux ails. Or, le moindre sentiment de ce principe force de reconnoître que la décoration en architecture est une partie considérable du langage de cet art, et l’on a cru que l’art et le goût de profiler entroient pour beaucoup dans le domaine de la décoration.

Le moindre sentiment de l’harmonie enseigne à l’architecte et fait comprendre à tout le monde, combien il importe, que ce qu’on appelle l’ensemble des profils, dans un édifice, réponde à la