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PRA PRA


plan, aux dispositions et aux idées que ce système adopte.

Le mot prairie est, dans le fait, celui que réclame l’esprit de l’art nouveau, qui prétend à l’illusion complète du ce qu’on y appelle la nature agreste.

Il entre, comme on l’a dit au mot Jardinage (voyez cet article), dans le système du jardin irrégulier, en grand surtout, que l’agréable y soit de l’utile, c’est-à-dire, que tout puisse tourner, par la culture, au profit d’une exploitation rurale. C’est pourquoi on veut que les espaces de verdure en tapis soient en toute réalité des prés, où l’on mène paître des troupeaux, et dont on récolte la fenaison, etc. Ainsi, il fallut substituer aux mots qui n’expriment qu’un détail d’agrément dans un jardin, un mot qui signifie la chose même, au lieu d’en être une légère représentation, et le gazon s’est appelé prairie.

PRATIQUE, s. f. Dans le cercle des idées didactiques de l’enseignement des arts, le mot de pratique exprime ou la connoissance ou l’emploi usuel des moyens, des instruments, des procédés que l’artiste met en œuvre dans les opérations de son art, et qui sont du ressort de l’exécution.

C’est dans ce sens que l’on oppose le mot et l’idée de pratique au mot et à l’idée de théorie. Ce dernier mot exprime, en effet, la connoissance des raisons des principes sur lesquels se fondent les règles qui doivent diriger la pratique.

Tout art a donc une pratique qui lui est particulière, puisque chacun produit ses inventions, par des moyens qui doivent être aussi distincts ou aussi divers entr’eux, que le sont les éléments de leur nature, c’est-à-dire, du modèle qu’ils imitent, les propriétés des organes et des sens auxquels s’adresse leur imitation, et les procédés par lesquels cette imitation rend ses effets sensibles.

Ainsi aux mots Art, Architecture (voyez ces mots), on a cherché à définir et à rendre clair le principe tout à la fois abstrait et matériel sur lequel repose l’architecture. Là est la théorie de cet art.

Quant à sa pratique, nous devons dire avant tout, que ce mot et son idée comprennent deux notions, c’est-à-dire, qu’en architecture, comme dans tout art, il y a deux degrés de pratique, ou deux sortes de pratique faciles à distinguer, par la division toute naturelle des objets, auxquels chacune s’applique.

En effet, toute théorie considérée, en tant qu’enseignement et connaissance spéculative, comporte plus d’un degré et embrasse deux classes de notions, dont les unes se rapportent au moral de chaque art, ou à ce que désignent les mots génie, invention, goût, raisonnement, etc., et les autres s’attachent particulièrement au matériel de l’art, à ses instruments, à ses moyens mécaniques, à son exécution.

Il en est de même de la pratique : on la divise aussi en deux, et surtout à l’égard de l’architecture. Une de ces parties est du domaine de la science ; l’autre se peut classer dans la région purement ouvrière.

Ce que j’appellerai la pratique savante de l’architecture, Vitruve nous l’a fort bien défini, comme on peut le voir à l’article Architecte (voyez ce mot). Selon lui, « la pratique consiste dans une application continuelle à l’exécution des dessins qu’on s’est proposés, et suivant lesquels on donne la forme convenable à la matière dont on fait toutes sortes d’ouvrages. » Ainsi la mise en œuvre des matériaux qui donneront un corps à l’invention de l’architecte, exige de profondes connoissances pratiques, résultat d’une science très-étendue.

Par exemple, il s’agira d’abord de bien connoître, en chaque pays, la nature des matières qui s’offrent à l’aride bâtir, les variétés toujours très-nombreuses qu’une multitude de causes locales leur impriment, les rapports que chaque matière doit avoir avec la solidité requise, avec les positions où elle se trouvera placée, avec la charge qu’elle aura à supporter, avec le genre de travail qui devra la façonner, et la dépende que ce travail comportera.

Ensuite, à ce savoir fondamental doit se joindre la pratique plus savante encore de l’emploi des matières, qui doivent obéir en quelque sorte, et se plier aux formes, aux configurations sans nombre de toutes les parties des bâtimens, dans les voûtes surtout, dans les cintres, dans les escaliers, et qui doivent se prêter à une multitude de sujétions locales, de besoins particuliers. C’est la connoissance de cette sorte de pratique, qui forme la science qu’on appelle du trait, ou de la coupe des pierres. Cette science, comme l’on sait, lorsque l’architecture appliquée à des usages fort divers, sort des éléments des lignes droites, des plans, des élévations simples, des formes rectilignes, appelle nécessairement à son secours la géométrie, la science des calculs, soit pour s’assurer des forces respectives de la poussée et de la résistance, soit pour évaluer les pesanteurs, les effets des diverses tendances des corps solides, selon les coupes des traits ou des joints qui les unissent, etc., soit pour la composition ou l’emploi des machines.

On ne fait ici qu’indiquer les sommaires de cette science pratique, dont on trouve les développements à tous les articles de construction dans ce Dictionnaire.

Vitruve, ainsi qu’on l’a pu voir au mot Architecte, comprend encore au nombre des connoissances pratiques de son artiste, plus d’une science dont nous ne rappellerons pas ici les titres, parce qu’elles n’ont qu’un rapport très-dé-