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PRÆ PRA


Ennemi déclaré du mauvais goût qui depuis un demi-siècle avoit fait intrusion dans tous les ouvrages moderne, il se donna pour tâche de le combattre, et de faire revivre les doctrines de l’antiquité. Mais ce fut surtout par ses exemples qu’il prétendit un propager les principes.

On doit dire que chacun des édifices qu’il se plut à construire, est une leçon pratique de la manière dont l’imitation de ces principes, anciens sans doute, mais anciens comme la vérité, peut être appliquée aux usages de nos sociétés modernes.

La charmante maison de campagne des comtes Trissino, dans le territoire de Vicence, a été bâtie sur les dessins du comte del Pozzo. Elle est située au sommet d’une colline que l’on a aplanie pour y tracer les jardins. L’irrégularité du sol n’a servi qu’à faire mieux briller l’intelligence de l’architecte, et l’harmonieuse symétrie qu’il fut établir dans toutes les parties, comme dans l’ensemble de son bâtiment.

Le comte del Pozzo construisit dans le marquisat de Castellaro, une grande et belle église, qui parut être quelque chose de tout-à-fait nouveau, par cela seul qu’elle ressembloit à de l’antique.

Une réunion d’amateurs, qui avoit pour objet de jouer lu comédie, lui donna l’occasion de projeter une salle de spectacle conforme au système des théâtres antiques. Le dessin et le plan de ce monument reçurent une approbation universelle. Le comte del Pozzo profita des études et des recherches que ce travail avoir exigées de lui, pour réduire en théorie l’application de la méthode des Anciens aux usages modernes, ce qu’il fit dans un ouvrage ayant pour titre : Degli teatri degli antichi, e sulla idea d’un teatro adattato all uso moderno.

Un autre ouvrage de lui est un Traité intitulé : Degli ornamenti dell’ architettura civile, seconda gli antichi ; c’est-à-dire, des ornemens de l’architecture civile selon les Anciens. L’auteur explique en premier lieu tous les noms des différents de l’architecture, et il rapporte leur étymologie. Il passe ensuite aux ornemens mêmes ; il fait connoître leur origine et l’usage qu’en faisoient les Anciens. Enfin il parle des abus qui se sont introduits dans cette partie de l’architecture moderne.

POZZOLANE. Voyez Pouzzolane.

PRÆNESTE. Ville antique, située à vingt-trois milles de Rome, dont il subsiste encore des débris assez considérables, dans la ville moderne de Palestrina, bâtie sur une partie de son aucien emplacement.

Præneste, ville grecque d’origine, selon Strabon, avoit été située sur des hauteurs qui dûrent donner l’aspect d’un amphithéàtre et en faire aussi une place très forte. Aussi joue-t-elle un assez grand rôle dans l’histoire des guerres de Rome.

Lorsqu’elle fut soumise à la république, elle dut sa célébrité à son temple de la Fortune. Ce temple, nous trouvons qu’il est appelé par les écrivains, tantôt Fanum, tantôt Delubrum, tantôt Ædes, tantôt Templum. Ceci nous prouve, ou que tous ces noms se donnoient indistinctement aux temples, ou qu’il y avoit de ces grands temples, réunion d’un grand nombre de parties, qui peut-être avoient eu, ou pouvoient avoir chacun une dénomination particulière, dans la langue de la religion, et qu’un pareil ensemble recevoit quelquefois un nom général, du l’une ou de l’autre de ses divisions particulières.

Il paroît que le temple de Præneste fut de ce genre. D’après les restes de constructions qui existent encore et très-reconnoissables aujourd’hui, il y auroit eu sur la montagne, et disposés en amphithéâtre, un grand nombre d’édifices distincts, consacrés à divers usages religieux. Cette enceinte inférieure aurait renfermé quelques ædicules, des périboles, des logements destinés ou à ceux qui desservoient le temple, ou à ceux qui venoient consulter l’oracle de la fortune.

C’est sur la terrasse supérieure qu’étoit établi, à ce qu’il paroît, ce qui constituoit plus particulièrement le véritable temple, dont on croit reconnoître l’adytum dans une partie circulaire, où se trouve aujourd’hui la célèbre mosaique appelée de Palestrine. On voit encore en avant un demi-cercle, sur lequel a été construit le palais Barberini. Cet espace forme une vaste terrasse, où des restes de fondations et de constructions donnent lieu de restituer l’ensemble d’une grande esplanade environnée de portiques, qui devoit servir aux cérémonies religieuses.

Toute cette montagne, sur laquelle étoit bâtie l’ancienne Præneste, est couverte encore d’indications de bâtimens, dans lesquels l’ou peut imaginer qu’étoit jadis le fonum, une basilique, des piscines, etc. Des eaux abondantes y étoient conduites et proveuoient des sources qui se trouvent dans la partie de la montagne qui domine la ville.

Le morceau d’antiquité le plus curieux qu’ait conservé l’ancienne Præneste, est cette mosaïque dont on a parlé plus haut, et dont on a donné une notion plus étendue à l’article Mosaique. Voyez ce mot.

PRAIRIE. (Terme de jardinage.) Le système du jardinage irrégulier, étant une imitation (on peut le dire) identique du modèle dont il prétend donner, non l’image, mais la réalité, les noms de gazon, de tapis vert, qui supposent une étendue quelconque de terrain en forme régulière, placé sous les yeux de ceux qui habitent la maison de campagne, ne pouvoient plus convenir au

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