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tions auxquelles les seuls magasins, bâtimens d’usine ou ateliers peuvent donner lieu.

Ainsi le port de Phalère à Athènes ne se trouvant ni assez grand, ni assez commode pour la splendeur de la ville, on fit, d’après l’avis de Thémistocle, un triple port qu’on entoura de murailles. Suivait Cornelius Nepos, il égaloit la ville en beauté et la surpassoit en dignité. C’étoit là qu’avoit été construit par Philon, ce célèbre armamentarium ou arsenal de marine, qu’on a vanté comme un des grands ouvrages d’Athènes. On y avoit bâti cinq portiques superbes et trois magnifiques temples consacrés à Jupiter, à Minerve et à Vénus. C’étoit là que se trouvoit la fameuse bibliothèque d’Apellicon, dont Diogène Laerce a donné le dénombrement. Plus d’un débris d’antique construction atteste encore aujourd’hui, les grands travaux qui embellirent jadis le port du Pirée, et c’est de la que furent enlevés par les Vénitiens, les lions de marbre qui décorent l’entrée de l’arsenal de Venise.

Vitruve nous a laissé sur la ville d’Halicarnasse en Carie quelques notions, qui peuvent nous donner une idée de ce que l’aspect de son port devoit offrir de pittoresque. Sa configuration étoit circulaire, et le terrain qui le surmontoit se déployait en forme de théâtre. Dans la partie basse qui se rapprochoit du port, Mausole avoit établi le forum ou la place publique. Des rues circulaires, comme les gradins d’un théâtre, divisoient, à ce qu’il paroît, toute la montée sur laquelle la ville étoit bâtie, et au milieu étoit pratiquée une rue semblable, mais beaucoup plus large ; et au centre de la vaste place qui s’y trouvoit, fut bâti le célèbre tombeau qu’on appela Mausolée. A la droite du château de la citadelle s’élevoit le temple de Vénus, auquel correspondoit de l’autre côté le palais du Roi. Ce peu de détails peut donner à entendre quelle fut la richesse et la variété d’aspects que présentoit le port d’Halicarnasse.

Les ports les plus célèbres de l’antiquité grecque furent ceux d’Alexandrie, de Rhodes, de Messine, et nous voyons par l’histoire que les arts se plurent à les embellir des plus dispendieux moumens, témoin le phare célèbre qui immortalisa le nom de Sostrate à Alexandrie, et le fameux colosse de bronze planté à l’entrée du port de Rhodes.

Les Romains, beaucoup moins navigateurs et commerçans que les Grecs, dûrent mettre, d’après leur politique, d’autant moins d’importance à la construction et à l’embellissement des ports, que d’une part le commerce ne constitua jamais leur richesse, et que, d’autre part, ce fut à leurs armées de terre qu’ils dûrent l’agrandissement et la continuité de leur Empire.

Rome d’ailleurs située à quatre ou cinq lieues de la mer, ne connut long-temps d’autres ports, que ceux que son approvisionnement lui avoit rendus nécessaires sur les bords du Tibre. Si l’on en croit Suétone, ce fut sous Claude que le port d’Ostie vint en quelque sorte faire de Rome une ville maritime. Cet Empereur y fit deux levées à droite & à gauche, et un môle à l’entrée. Il étoit situé a l’embouchure du Tibre et avoit deux entrées, au milieu desquelles s’élevoit une tour à l’instar du célèbre phare d’Alexandrie, pour éclairer la marche et l’entrée des vaisseaux, L’empereur Trajan restaura ce port, l’agrandit, le doubla même, en y ajoutant un pareil espace qui se trouva renfermé dans les pans d’un hexagone. Cet ensemble, qui offroit aux bâtimens un abri sûr et commode, présentoit encore aux yeux toute la grandeur, tout le luxe de l’architecture, dans la décoration des édifices dont il étoit environné, lesquels avoient des destinations différentes, et toutefois communiquoient entr’eux par de larges galeries. Ainsi, on y voyoit des greniers, des magasins, de vastes fabriques et dépôts, des hôtelleries pour les étrangers de toutes classes, et jusqu’à des palais pour y recevoir des ambassadeurs qui y abordaient pour se rendre à Rome. Les médailles de Néron représentent ce port presque rond. Il est hexagone sur une médaille de Trajan, avec l’inscription : Port. Ost.

La grande extension de la navigation chez les peuples et dans les temps modernes, l’accroissement en nombre et en dimension des vaisseaux, surtout des bâtimens de guerre, n’ont pu que multiplier les ports de mer, en augmenter l’étendue, et sans aucun doute, la marine des Anciens ne fut qu’un foible essai de celle des Modernes. On alongeroit donc considérablement cet article, quand on se borneroit à ne faire qu’une courte mention des célèbres ports de mer, qui existent chez toutes les nations de l’Europe.

D’ailleurs nous l’avons dit au commencement, nous n’avons à considérer les ports de mer, que sous le rapport de l’art de la construction et de l’architecture. Ce qui regarde la construction est commun à beaucoup d’autres travaux, dont les notions se trouvent à un grand nombre d’articles. Quant à l’art proprement dit de l’architecture qui embellit les ports, peut-être l’esprit de commerce qui a fait creuser tant de ports et construire tant de vaisseaux chez les peuples modernes, s’est-il trouvé moins favorable à ces entreprises de magnificence et de luxe, qui furent un des caractères du génie de l’antiquité.

Plus d’un port moderne offre sans doute des aspects intéressans, mais peut-être ne trouveroiton à citer comme entreprise de magnificence en fait de bâtimens, que le port de Messine, avant le dernier tremblement de terre. Son contour étoit formé, dans la longueur d’un mille, par une façade fort riche de bâtimens uniformes et symétriques, percés d’autant d’arcades qu’il y a de rues aboutissant à la mer.

PORTAIL, s. m. Nous trouvons dans quelques lexiques, que le mot portail signifie la principale