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d’une enceinte, en manière de balustrade ou mur d’appui bâti de porinus.

Quelques auteurs ont parlé de statues exécutées avec cette pierre, et entr’autres d’un Silène, vis-à-vis duquel Andocides plaça le trépied qu’il avoit gagné au concours du Dithyrambe.

PORPHYRE, s. m. Sorte de pierre extrêmement dure, dont le fond est communément rouge ou brun, quelquefois vert et marqué de petits points blancs. La finesse de son grain permet de lui donner le plus beau poli. Cette substance comporte toutefois des variétés de nuances assez nombreuses. On les distingue en noires, grises, vertes, rouges, brunes et violettes, Il faut mettre au rang des porphyres le serpentin, appelé jadis ophytes, à cause de la couleur de ses taches qui le font ressembler à la peau de certains serpens.

Le plus beau porphyre, celui qu’employèrent de préférence les anciens Romains, venoit d’Egypte. On ignore aujourd’hui de quelles carrières on le tiroit. On croit en avoir depuis peu retrouvé quelques indications, dans les déserte qui sont entre la Mer-Rouge et le Nil, comme aussi dans ceux qui avoisinent le mont Sinaï.

On ne sauroit dire ni à quelle époque les Egyptiens exploitèrent les carrières de porphyre, ni précisément à quels ouvrages ils l’employèrent. Très-certainement il n’entra jamais dans leurs constructions. D’abord on n’en trouve, aucun vestige parmi les ruines si nombreuses de leurs monumens, et ensuite la dureté de la matière seroit devenue le plus grand obstacle à un emploi de ce genre. C’est uniquement en sarcophages qu’on suppose assez généralement, que cette matière fut travaillée en Egypte, Beaucoup de ces monumens sont effectivement passés d’Egypte en Italie, et l’on en peut citer plusieurs d’un travail assez peu fini, qu’on a cru, à cause de cela, pouvoir atlribuer à la sculpture égyptienne. Tel est, au Musée royal, ce sarcophage de porphyre qui appartint jadis à M. de Caylus, et qu’on a jugé depuis ne pouvoir être qu’un ouvrage de temps fort postérieurs à ceux de l’antique Egypte. Il est constant d’ailleurs par la nature même de ce monument, ainsi que de quelques autres sarcophages (de ce nombre est celui du mausolée de la chapelle Corsini à Saint-Jean de Latran), que les anciens Egyptiens n’admirent point dans leurs inhumations et dans leurs usages de conserver les corps morts, la forme de sarcophage dont il s’agit ici. Ce fut sous la figure de momie qu’ils firent en matières dures les enveloppes des corps embaumés, à la ressemblance des caisses en bois peints dont l’usage étoit général.

Si l’on en croyoit cependant un passage de Pline (liv. 36, chap. l3), il y auroit eu dans le le célèbre labyrinthe de l’Egypte des colonnes de porphyre, intùs columnœ de porphyrite lapide. Malheureusement cette autorité a fort peu de


poids, si l’on considère, que d’abord tout ce qui regarde la description de ce monument repose sur les notions les plus incertaines, qu’ensuite beaucoup de colonnes jadis, comme il arrive encore aujourd’hui, purent passer pour être de porphyre, uniquement à cause de leur couleur rouge, Beaucoup de matières, telles que le granit rouge, les marbres de même couleur, ont induit en erreur un très-grand nombre de voyageurs.

On ne sauroit nier cependant que l’architecture ait exploité, surtout au temps des Romains, le porphyre en Egypte, et qu’on en ait fait des colonnes, qui furent, à des âges divers, transportées en Italie surtout, et d’Italie probablement dans d’autres pays, comme ; à Constantinople, qui s’embellit aux dépens de Rome et de beaucoup de villes de l’Asie mineure.

A en croire les relations des voyageurs, il y auroit dans Sainte-Sophie dix colonnes da porphyre, dont on porte la dimension à quarante pieds en hauteur. On croit être de la même matière la colonne triomphale de cette ville, qu’on appelle la colonne brûlée, et l’on estime que ce seroit le plus grand morceau de ce genre, s’il fut jadis d’une seule pièce. Mais il est permis d’en douter, parce que cette colonne est reliée à différentes hauteurs par des cercles de bronze.

L’église de Saint-Marc à Venise est ornée de beaucoup de colonnes de porphyre, et on en voit un grand nombre dans les églises de Rome, entr’autres celles qui supportent le baldaquin de Sainte-Marie-Majeure. Des tronçons de colonnes en porphyre servent de bornes dans plus d’un endroit de la ville.

A en juger par d’autres grands ouvrages de cette matière, c’est-à-dire par le goût de leur sculpture et par la nature des sujets, on auroit exploité le porphyre en Egypte plus particulièrement dans les bas siècles de l’Empire romain. Ainsi un des plus grands ouvrages de ce genre, ce qu’on appelle le tombeau de Bacchus à Saint-Etienne-le-Rond, et qui représente des Amours faisant vendange, ne semble pouvoir s’attribuer qu’aux temps d’un art fort dégénéré. On en doit dire autant du tombeau encore plus considérable qu’on admire au Muséum du Vatican, et qui fut restauré à très-grands frais par le Pape PIE VI.

C’est aux travaux de cette restauration, à la longueur du temps qu’elle exigea, qu’on fut à même de se convaincre, que les Anciens dûrent avoir, pour travailler le porphyre, ou une trempe d’outils, ou des procédés qui se sont perdus.

Dès que le porphyre fut connu à Rome, la dureté de la matiere, son beau poli, et sans doute aussi sa rareté et la clierté qui s’ensuit, le firent rechercher par cette classe de gens riches, qui n’aiment à posséder que ce que les autres ne sauroient se procurer. Pline nous apprend que ce fut sous le règne de Claude, qu’un certain Vitrasius Pollio, gouverneur de l’Egypte, fit voir pour