une hauteur d’environ trente coudées. Vers 1182, la hauteur totale de l’édifice étoit encore de cinquante coudées. Il existoit alors une mosquée à son sommet. Une nouvelle secousse de tremblement de terre arriva en 1303, endommagea et détruisit ce qui restoit encore du phare. Depuis cette époque il n’en reste que d’assez légers vestiges. Le phare d’Alexandrie est figuré sur plusieurs médailles, mais de la manière abréviative, dont les monétaires représentoient les monumens d’Architecture sur les monnoies. Cependant quelques monnoies d’Alexandrie nous le sont voir surmonté d’une figure colossale tenant une haste. Aux quatre coins sont des tritons sonnant de la conque. Sur quelques revers on voit Isis, surnommée Pharia, que porte un vaisseau qui entre à pleines voiles dans le port. Sostrate Cnidien avoit été l’architecte du phare d’Alexandrie. Voyez Sostrate.
Les Romains ont construit un grand nombre de phares, et quelques-uns à l’imitation de celui d’Alexandrie. Tel auroit été, selon Suétone, celui que l’empereur Claude fit bâtir à Ostie. Le même historien parle du phare de l’île de Caprée, qu’un tremblement de terre fit écrouler peu de jours avant la mort de Tibère. Pline parle des phares de Ravennes et de Pouzzol. Denis de Byzance a décrit un phare célèbre, situé a l’embouchure du fleuve Chrysorrhoas, qui débouchoit dans le Bosphore de Thrace.
Un phare célèbre, bâti par les Romains, subsistoit encore en France vers l’an 1643. C’est celui de Boulogne-sur-Mer, Bononia. On a toujours cru qu’il étoit le même que celui dont parle Suétone dans la vie de Caligula qui le fit bâtir. Cette tour élevée sur le promontoire, ou sur la falaise qui commandoit au port de la ville, étoit octogone. Chacun des côtés avoit, selon Bocherius, vingt-quatre ou vingt-cinq pieds. Son circuit étoit d’environ deux cents pieds, et son diamètre de soixante-six. Elle avoit douze entablemens, ou espèces de galeries l’une sur l’autre. Chaque entablement porté sur l’épaisseur du mur de dessous, formoit un petit promenoir d’un pied et demi, et le tout alloit en se rétrécissant de manière à produire, comme ou l’a déjà dit, une forme pyramidale.
Suivant ce qu’en a recueilli Montfaucon, les rangs de pierres et de briques y étoient diversifiés en vue de l’effet agréable de ce mélange. On voyoit d’abord trois lits d’une pierre d’un gris de fer, tirée de la côte ; ensuite deux autres d’une pierre jaune plus molle, et par-dessus deux rangs de brique très-rouge et très-ferme, épaisse de deux doigts, longue d’un peu plus d’un pied. Telle étoit la construction dans toute la hauteur.
Ce phare étoit appelé depuis plusieurs siècles Turris ordens ou Turris ordensis. Les Boulonois le nommoient Tour d’ordre. Mais on croit, et avec beaucoup de fondement, que Turris ordens n’étoit que la corruption de Turris ardens, la Tour ardente, épithète qui convenoit parfaitement à une tour où le feu paroissoit toutes les nuits. Au reste, la tour et le fort qu’on y avoit adossé s’écroulèrent en 1644. Un Boulonois en a heureusement conservé le dessin qu’on peut voir dans Montfaucon, Suppl. à l’Antiq. expl., tom. IV, pl. 50.
Plusieurs ont pensé qu’il y avoit un autre phare sur la côte opposée, et que la vieille tour qui subsiste au milieu du chateau de Douvres étoit le phare des Romains. D’autres, au contraire, en ont vu les ruines dans ce grand amas de pierres calcaires qu’on trouve au pied du château.
Des fouilles faites par ordre de l’archevêque de Cantorbery, ont fait découvrir un phare à peu près semblable à celui de Boulogne, ce qui a fait penser que celui qui est debout a été construit sur les ruines de l’ancien. L’archevêque en avoit envoyé à Montfaucon le plan, le profil et la coupe, que celui-ci fit graver, tom. IV, pl. 51, Suppl. à l’Antiq. expl. Cette tour octogone, comme celle de Boulogne, étoit bâtie de pierres plus grosses, l’intérieur en étoit carré, et les dimensions de cet intérieur étoient égales de haut en bas, quoique l’extérieur allât toujours en diminuant de bas en haut.
Le même antiquaire a publié une médaille d’Apamée, sur laquelle on voit un phare ; il donne aussi le dessin d’un autre phare tiré d’un médaillon antique.
PHENGYTES, étoit le nom d’une sorte d’albâtre gypseux, transparent, et que les Anciens mettoient au nombre des pierres spéculaires, dont chez eux l’usage remplaçoit dans bien des cas celui du verre.
Au temps de Néron, dit Pline, on trouva en Cappadoce une qualité de pierre qu’on appela phengytes à cause du son éclat et de sa transparence. Lapis duritia marmoris, candidus, atque translucens…. ex argumento phengytes appellatus.
La qualité diaphane de cette pierre devoit être extraordinaire, puisqu’elle n’avoit pas même besoin d’être réduite en dalles plus ou moins minces, pour transmettre la lumière. Néron en avoit fait bâtir un temple à la Fortune dans l’enceinte de sa maison d’or, et même les portes fermées, foribus opertis, il y régnoit de la clarté. Interdiù claritas ibi diurna erat. Toutefois, ajoute-t-il, il n’y avoit point de spéculaires, alio quam specularium modo. La lumière paroissoit y être renfermée, et ne point y arriver du dehors, tamquàm inclusâ luce non transmissâ. Ainsi sans le secours des pierres spéculaires, le temple se trouvoit éclairé par le seul effet de la transparence des pierres dont il étoit bâti.
Il est fait encore d’autres mentions de cette pierre, et elles prouvent toutes que sa propriété étoit parfaitement égale à celle du verre. Par exem-